Les Presses de l’université Paris-Sorbonne ont le plaisir d’annoncer la parution dans la collection« ART’HIST » du livre événement : 

CEZANNE. JOINDRE LES MAINS ERRANTES DE LA NATURE

par Jean Colrat

parution le 28 octobre 2013

Format : 22 x 22 cm
520 pages
ISBN : 978-2-84050-913-4 Prix : 39 euros

La Vieille au Chapelet, 1895-96, 85x65cm, NR808, LOndres National Gallery

La Vieille au Chapelet, 1895-96, 85x65cm, FWN515-R808, LOndres National Gallery

Pourquoi des images peintes ? Pour « joindre les mains errantes de la nature » répond Cezanne, nouant ses mains l’une à l’autre, les doigts entrelacés. Cette intention donne sa perspective à cette étude essentiellement consacrée à l’œuvre peint de Cezanne. Elle désigne l’image comme lieu de reprise picturale du visible. La nature erre et se disperse, désirant une synthèse qu’elle ne connaîtra qu’à devenir corps de peinture. Elle reste inférieure à sa pleine réalité aussi longtemps qu’elle reste naturelle, aussi longtemps que les mains du peintre ne l’ont pas reprise pour lui donner une apparence colorée, nouvelle mais qui se révèle pourtant au final réellement la sienne. C’est pourquoi Cezanne redit souvent cette étrange conception de son métier : peindre n’est pas réaliser des tableaux mais réaliser la nature. Le monde désire devenir image, et ce désir a donné à Cezanne sa ligne de conduite comme un impératif catégorique. Alors à quoi ressemble sa peinture quand elle est regardée comme une réponse à un tel impératif ? Inversement, que dit-elle de cet impératif singulier, presque halluciné ?

Madame Cézanne dans la serre, 1891-1892, 81x64,8cm, NR703, New York Metropolitan museum of art

Madame Cezanne dans la serre, 1891-1892, 81×64,8cm, FWN509-R703, New York Metropolitan museum of art

L’enquête va et vient ici entre ces deux questions. Elle précise d’abord le sens et la légitimité de cette perspective d’interprétation, en même temps qu’elle en montre la nouveauté grâce à une présentation raisonnée de l’histoire de la critique cézannienne depuis plus d’un siècle. Elle cherche ensuite, dans une seconde partie qui a l’ambition d’une monographie non chronologique, à faire voir l’œuvre de Cezanne dans son projet de reprise picturale, par un parcours qui fait droit égal aux commencements et aux grandes toiles finales, aux images les plus connues et à celles qui le sont peu. Mais si l’intention d’une œuvre peut bien être un fil conducteur pour la regarder, elle n’en est jamais la vérité. L’intention qui animait l’entreprise de Cezanne demande interprétation. La question finale, celle qui anime vraiment cet essai et qui constitue sa troisième partie, est donc celle d’un étrange impératif catégorique cézannien, d’une conscience morale-picturale : comment l’image peut-elle s’imaginer devoir donner au monde sa réalité ?

L’auteur a aussi souhaité proposer une bibliographie aussi complète qu’il lui a été possible. Il a particulièrement insisté sur toutes les parutions postérieures au catalogue raisonné établi en 1996 par John Rewald, JayneWarman et Walter Feilchenfeldt. La nouvelle bibliographie s’en trouve ainsi doublée, et intègre en particulier une présentation chronologique des thèses soutenues sur Cezanne depuis 1936.

Jean Colrat  est docteur en histoire de l’art et agrégé de philosophie. Il est membre du centre Victor Basch  (université de Paris Sorbonne), où il anime un séminaire de recherches. Il a publié Des lieux incertains (Le Crestet/Actes Sud, 2001) ainsi que plusieurs articles consacrés à la peinture du XIXeme siècle et à l’esthétique scientifique.