Cezanne est inscrit pendant deux années au pensionnat catholique Saint-Joseph, où il se lie avec Henri Gasquet (Aix, 11, rue des Suffrens, 4 octobre 1840 – Aix, 9 mars 1906).

Un moine espagnol aurait enseigné à Cezanne des notions de dessin.

Mack Gerstle, La Vie de Paul Cezanne, Paris, Gallimard, « nrf », collection « Les contemporains vus de près », 2e série, n° 7, 1938, 362 pages, p. 23 :

D’après une lettre de Marie Cezanne du 16 mars 1911 à son neveu, le fils de Cezanne :

« « Vers dix ans à peu près, il fut mis demi-pensionnaire au pensionnat Saint-Joseph, dirigé par un prêtre l’abbé Savournin et son frère laïque ; c’est là, je crois, à l’église de la Madeleine, que ton père fit sa première communion. Élève tranquille et docile, il travaillait, brillant plutôt par son bon sens que par des qualités remarquables. On lui reprochait sa faiblesse de caractère ; il devait probablement se laisser facilement influencer. Le pensionnat Saint-Joseph fut tôt fermé ; les directeurs, je crois, ne réussissant pas. »

On raconte qu’étant élève à Saint-Joseph, Cezanne prit des leçons de dessin avec un moine espagnol. La mère de Cezanne était convaincue qu’il deviendrait un grand peintre, pour l’excellente raison qu’il portait le même prénom que plusieurs maîtres. La lettre de Marie se poursuit ainsi :

« J’entendais maman citer les noms de Paul Rembrant [sic], de Paul Rubens faisant remarquer la similitude des prénoms des grands artistes avec celui de ton père. Elle devait être au courant des aspirations de ton père qui l’aimait beaucoup, qui la redoutait moins sans doute que notre père, qui n’était pas terrible mais qui ne comprenait guère que les gens qui travaillaient pour gagner de l’argent. »

Marie semble confondre Rembrandt avec Véronèse dans sa liste des Paul. Bien qu’ayant reçu une certaine instruction, ses connaissances et surtout sa compréhension artistique étaient très bornées. Dans un autre passage de sa lettre au fils de Cezanne, elle reconnaît cette incompétence : « Tu es beaucoup plus capable que moi d’apprécier sa nature d’artiste et son art auquel j’avoue être assez étrangère par le fait de mon ignorance. » »

voir aussi Antonini Luc, Flippe Nicolas, La Famille Cezanne, Paul et les autres, préface de Philippe Cezanne, Paris Septème-les-Vallons, 2006, 154 pages, p. 91.
Gasquet Joachim, Cezanne, Paris, Les Éditions Bernheim-Jeune, 1926 (1re édition 1921), 213 pages de texte, 200 planches, p. 15-16 :

« Paul Cezanne suivait alors les leçons du petit pensionnat Saint-Joseph. Il n’alla que plus tard au collège Bourbon, le lycée actuel. Mais déjà sa saine joie était de fuir les rues endormies de la ville et, au grand effroi de sa mère, de se glisser entre les maquignons, parmi les paysans et les bœufs, de plonger sa petite main dans la toison laineuse des brebis, de se rouler sur la paille des litières et de l’aire ― de suivre entre deux blouses bleues, devant une bouteille de vin de Palette quelque partie de cartes où, parmi les jurons et les rires, s’écroulait avec les gros sous tout le travail, le gain d’une semaine 1.

1 En juin 1899 il écrivait à mon père : «… les sentiments que ton fils a réveillés en moi, ton vieux condisciple du pensionnat Saint-Joseph, car en nous ne s’est pas endormie la vibration des sensations répercutées de ce bon soleil de Provence, nos vieux souvenirs de jeunesse, de ces horizons, de ces paysages, de ces lignes inouïes, qui laissent en nous tant d’impressions profondes… »

Vollard Ambroise, Paul Cezanne, Paris, Les Éditions Georges Crès & Cie, 1924 (1re édition, Paris, Galerie A. Vollard, 1914, 187 pages ; 2e édition 1919), 247 pages, p. 6 :

« A dix ans, Paul Cezanne entre au pensionnat Saint-Joseph, pieuse institution, où il apprit les premiers éléments de dessin, d’un moine espagnol. »

Gasquet Joachim, Cezanne, Paris, Les Éditions Bernheim-Jeune, 1926 (1re édition 1921), 213 pages de texte, 200 planches, p. 26 :

« Son père lui avait donné sa première boîte à couleurs trouvée dans un lot de vieilles ferrailles. Et le futur compagnon des impressionnistes, celui qui devait être un moment le plus farouche des coloristes, s’appliquait alors à fixer en une teinte délicate un profil de coteau, une coulée de rivière, un frisson d’arbre ou de nuage sur le ciel. J’ai vu, chez son beau-frère, une de ces premières toiles, un petit âne, d’un dessin naïf, d’une gaucherie adorable, tendre et gris, mais autour de qui flotte on ne sait quel vague panthéisme, souffle déjà, balbutie un lyrisme étonné. »