Durant l’année

Adresses de Pissarro relevées par Ludovic Rodo Pissarro :

« 1er janvier Osny
18-janv Osny
14-janv Osny
19-janv Osny
21-janv Osny
29-janv Osny
07-févr Osny
10-févr Osny
17-févr Osny
19-févr Osny
1er mars Paris
09-mars Osny
12-mars Osny
24-mars Osny
04-avr déménagement pour Éragny (lettre du déménageur Buvelot)
05-avr quittance du déménageur
09-avr Éragny
24-avr Éragny
25-avr Éragny
19-mai Éragny
20-mai Éragny
24-mai Éragny
12-août Paris
27-août Éragny
29-août Éragny
11-nov Éragny
17-nov Éragny
11-déc Éragny »

 

Pissarro Ludovic Rodo, Curriculum vitæ, inédit ; Pontoise, musée Pissarro.

5-28 janvier

Exposition posthume d’œuvres de Manet à l’École des beaux-arts.

Exposition des œuvres de Édouard Manet. Catalogue, préface d’Émile Zola, École nationale des Beaux-arts, Paris, imprimerie de A. Quantin, janvier 1884, 72 pages, 179 numéros.

 

« Concours et expositions », La Chronique des arts et de la curiosité, supplément à la Gazette des beaux-arts, n° 1, 5 janvier 1884 ; p. 1 :

« L’exposition des œuvres de Manet a été ouverte aujourd’hui à l’École des beaux-arts. Nous reviendrons prochainement sur cette exposition, qui mérite à tous égards un examen attentif. »

Pissarro compte visiter l’exposition le 5 janvier. Il écrit à son fils Lucien :

« C’est le 5 janvier l’ouverture de l’exposition Manet. Manet, tout grand peintre qu’il était, avait un travers, il mourait d’envie d’être reconnu par les autorités constituées, il croyait à la patente, il aspirait aux honneurs ; il est mort sans y atteindre. Duret, Proust (Antonin), ont été nommés les exécuteurs de ses dernières volontés, et pour donner plus de solennité à son exposition, ils n’ont rien trouvé de mieux que de nommer les pires officiels, ses ennemis acharnés à faire partie du comité d’organisation afin de donner un cachet officiel à la cérémonie. Toute la bourgeoisie est là, tous ceux qui ont aimé, défendu ce grand artiste… shocking ! arrière ! Jusqu’à Fantin qui, paraît-il, a prétendu que Manet s’est gâté dans les derniers temps à vouloir chercher à se modifier au contact de ces quelques rapins qui font plus de bruit que d’art ! C’est roide, mais c’est bien dans l’ordre ! »

Lettre de Pissarro, Osny par Pontoise, à son fils Lucien, 25 décembre 1883 ; lettre de Pissarro, Osny par Pontoise, à son fils Lucien, 28 décembre 1883 ; Bailly-Herzberg Janine (éd.), Correspondance de Camille Pissarro, tome 1, « 1865-1885 », Paris. PUF, 1980, n° 202, et n° 203 p. 267.

4-5 février

Vente d’œuvres de Manet, à l’hôtel Drouot. L’Olympia, qui n’atteint que 10 000 francs, est repris par la famille.

Catalogue de tableaux, pastels, études, dessins, gravures par Édouard Manet, dépendant de sa succession, hôtel Drouot, salles nos 8 et 9, les lundi 4 et mardi 5 février 1884 à deux heures, commissaires-priseurs : Me P. Chevallier, 10, rue de la Grange-Batellière, Me Robert Le Sueur, 29, rue Le Peletier, experts : M. Durand-Ruel, 1, rue de la Paix, M. Georges Petit, 12, rue Godot de Mauroy, 32 pages, 169 numéros.

 

« Vente Manet », La Chronique des arts et de la curiosité, supplément à la Gazette des beaux-arts, n° 6, 9 février 1884, p. 41 :

« Vente Manet

Peintures : Olympia, 10.000 fr. ; le Balcon, 3.000 fr. ; la Leçon de musique, 4.400 fr. ; Argenteuil, 12.500 fr. ; Hamlet (Portrait de M. Faure), 3.500 fr. ; Chez le père Lathuille, 5.000 fr. ; un Bar aux Folies-Bergère, 5.850 fr. ; le Skating, l.670 fr. ; la Servante de brasserie, 2.500 fr. ; Nana, 3.000 fr. ; le Linge, 8.000 fr. ; la Dame aux éventails, 1.300 fr. ; la Nymphe surprise, 1.250 fr. ; l’Automne, 1.550 fr. ; Devant la glace, 700 fr. ; Chanteuse, 900 fr. ; la Promenade, 1.500 fr. ; Jeune fille assise dans un jardin, 5.000 fr. ; Claude Monet dans son atelier, 1.150 fr.
Pastels : le poète Georges Moore, 1.800 fr. ; la Femme au carlin, 900 fr. ; Sur le banc, 1.250 fr. ; l’Homme au chapeau rond, 1.050 fr.
Aquarelles : Fleurs (n° 132), 410 fr.
Dessins : de 30 à 120 fr. chacun.
Eaux-fortes et lithographies : Polichinelle, 265 fr. ; Rendez-vous de chais, 200 fr. ; Lola, 125 fr., etc.
L’ensemble (169 numéros) a produit 120.652 fr. »

7 février

Duret rend compte à Monet de la vente Manet.

« Paris 7 février 1884
Mon cher Monet
Comme je vous l’ai télégraphié, la vente Manet a produit fr 116,000. Seuls l’Olympia à fr 10,000 et l’Argenteuil à fr 12,500 sont retirés. Tout le reste est vendu.
Le Linge fr 8000 et Mme de Callias fr 1.300 à Mme Eugène Manet. Le Bar 5,850 à Chabrier ; Le père Lathuille fr 5,000 à moi ; La leçon de musique fr 4.400 à Rouart ; l’Hamlet fr 3500 à Durand-Ruel ; le Balcon fr 3000 à Caillebotte ; la Nana fr 3000 au Dr Robin ; la Servante de bocks fr 2.500 à Haviland, Monet dans son atelier en bateau fr 1.100 à M. Choquet, Deudon a acheté un des beaux pastels à fr 1.200, Bernstein a acheté les pêches 750 et un pastel, tête d’homme, 1000. Parmi les peintres Roll, […] Sargent ont acheté des études peintes. Bellio, Henri Hecht, Dollfus sont aussi parmi les acheteurs. En somme tous les amis et partisans ont donné. Pas un seul marchand, sauf Durand, ne s’est présenté. Dans le public et dans la presse, la vente est considérée comme un grand succès et les prix sont trouvés étonnants.
Considérant la crise qui sévit et la lutte terrible que nous avons eue tout le temps à soutenir, nous devons nous estimer heureux du résultat.
A vous
Théodore Duret »

Lettre de Duret, Paris, à Monet, 7 février 1884 ; vente Archives de Claude Monet, collection Cornebois, Paris, Artcurial, 11 décembre 2006, n° 88.

15 février

Caillebotte écrit à Monet.

Le premier jour il avait trouvé que cela allait très bien, le lendemain moins bien ; la famille n’est sûrement pas satisfaite, mais raisonnablement, ce n’est pas si mauvais qu’on l’a dit d’abord. « Toutes les petites toiles ou pastels se sont très bien vendus. Car enfin j’appelle bien vendu des prix de 500 à 1500 F pour des tableaux qui en somme ne représentent pas un travail long et soutenu, presque des esquisses la plupart. On finit par devenir fou à entendre parler de tableaux de 50 et 100 mille francs. De plus il faut réfléchir que Manet est mort relativement jeune, et que à l’âge où il est mort, Corot et Millet étaient à peine connus. Puis tous les critiques qui l’ont attaqué toute sa vie ne peuvent se déjuger si vite. […] Vous ne pouvez vous figurer la physionomie de cette vente. Il y avait des coins où il se faisait un bruit invraisemblable, les journaux ont été aussi bêtes et aussi grossiers que à l’apparition de l’Olympia il y a 20 ans – et en somme sans les amis et les parents il est certain que ce qu’on appelle le public, les inconnus, n’a rien acheté. La famille a repris les toiles importantes […] La conclusion c’est qu’il ne suffit pas d’être mort il faut l’être depuis longtemps »… Il nomme quelques-uns des acquéreurs : Chocquet (« votre portrait dans le bateau – j’ai le Balcon »), Duret (notamment Le Père Lathuille), Berthe Morisot, Durand-Ruel.

Lettre de Caillebotte à Monet, datée « 15 février 84 », sur papier à en-tête : « 31, Bd Haussmann » ; vente Archives de Claude Monet, collection Cornebois, Paris, Artcurial, 11 décembre 2006, n° 26.

19 février

Caillebotte écrit à Monet.

Il a reçu son mandat et paiera Fournaise. « J’ai également reçu vos canards qui sont superbes ». Il s’étonne qu’il n’y ait pas de journaux français [à Bordighera]. « Je vous fais donc un envoi de tout ce que j’ai pu trouver à la maison qui parle de la vente Manet. Voici le catalogue il n’est pas complet pour les prix mais il y en a une grande partie »… Lui-même a « une grande toile en train. Je ne sais comment je m’en tirerai ».

Lettre de Caillebotte à Monet, 19 février 1884 ; vente Archives de Claude Monet, collection Cornebois, Paris, Artcurial, 11 décembre 2006, n° 26.

23 février

Cezanne remercie Zola de l’envoi de son livre La Joie de vivre. Il séjourne toujours à l’Estaque. Le matin, il s’est rendu à Aix, d’où il écrit, pour voir Valabrègue. Il a reçu la visite de Monet et Renoir.

« Aix, 23 février 1884.
Mon cher Émile,
J’ai reçu le livre que tu as bien voulu m’adresser en dernier lieu, c’est la Joie de vivre, qui a paru dans le Gil Blas, parce que j’en avais vu quelques morceaux dans ce dit journal. En conséquence je te remercie bien de ton envoi, et de ne pas m’oublier dans l’éloignement où je me trouve. Je n’aurais rien à te dire, si ces jours derniers me trouvant à l’Estaque, je n’y avais pas reçu une lettre autographe du brave Valabrègue, Antony, m’avisant de sa présence à Aix, où je suis accouru immédiatement hier, et où j’ai eu le plaisir de lui serrer la main ce matin — samedi. Nous avons fait le tour de la ville ensemble — nous remémorant quelques-uns de ceux que nous avons connus — mais comme nous sommes distants de sensation ! J’avais la tête pleine de l’idée de ce pays, qui me semble bien extraordinaire. — D’un autre côté, j’ai vu Monet et Renoir qui étaient allés faire de la villégiature à Gênes en Italie, vers la fin du mois de décembre.
Ne m’oublie pas auprès d’Alexis mon compatriote, quoique je n’en aie pas entendu parler depuis un temps infini.
Je te présente tous mes remerciements et mes hommages à Madame Zola, espérant que votre santé est bonne.
Je te salue sincèrement,
Paul Cezanne »

Lettre de Cezanne à Zola, 23 février 1884 ; Rewald John, Paul Cezanne, correspondance, Paris, Grasset, 1978, 346 pages, p. 214-215.

[Fin février]

Caillebotte écrit à Monet. Il lui adresse la note Fournaise, acquittée, et le catalogue Manet, mais ne peut trouver les journaux.

« Il y a plus de huit jours que j’aurais dû vous envoyer tout cela. J’ai toujours une grande toile en train. Je ne sais pas si ça va ou si ça ne va pas. Il est question d’une exposition au palais de Cristal à Londres. J’ai vu un monsieur qui est venu me demander mes Parapluies. Il s’est entendu avec Durand-Ruel pour vos toiles ».

Lettre de Caillebotte à Monet, non datée [fin février 1884] ; vente Archives de Claude Monet, collection Cornebois, Paris, Artcurial, 11 décembre 2006, n°°26.

Début mars

Pissarro achète quatre « études » de Cezanne. Il écrit à son fils Lucien :

« De loin on se fait souvent une toute autre idée des choses. Mais de même, quand on est trop près, on ne voit rien, c’est comme un tableau de Cezanne que tu te fourrerais sous le nez. A propos de Cezanne, je me suis payé quatre de ses études, très curieuses. »

Lettre de Pissarro, Paris, à son fils Lucien, [début mars 1884] ; Bailly-Herzberg Janine (éd.), Correspondance de Camille Pissarro, tome 1, « 1865-1885 », Paris. PUF, 1980, n° 224, p. 294.

29 mars

Guillemet apprend à Zola que le tableau que Cezanne lui avait demandé de recommander au jury du Salon, « une tête », est refusé.

« J’ai reçu un mot de Cezanne me recommandant une tête qu’il avait envoyée au Salon. Hélas, cette tête a été refusée. »

Lettre de Guillemet à Zola, 29 mars 1884 ; Bakker B. H. (éd.), Émile Zola, correspondance, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal et Paris, éd. du CNRS, tome V (1884-1886), 1985, p. 90, note 1.

Début avril

Lettre de Gauguin à Pissarro, non datée (VM 45).

« Mon cher Pissarro-
Je partirai pour Paris le 7 au soir ; naturellement je voudrais bien vous voir le 8 afin de vous faire voir ce que j’ai fait avant que mes toiles soient à gauche et à droite. Probablement vous serez en déménagement, enfin au petit bonheur. Ecrivez-moi un mot 11 rue Darcet chez le Marsouin (Mr Favre) où je descendrai ; j’écris pareillement à Guillaumin afin de le voir aussi, si nous pouvions déjeuner tous les trois ?
Je suis en ce moment beaucoup plus content de mon travail, je commence à être en train et suis plus habitué à la nature d’ici ; est-ce l’effet du printemps mais je suis beaucoup plus en forces.
Je vous remercie de m’avoir envoyé l’Evénement, je vois que Raffaeli continue à faire des siennes, toujours de la même façon, il est vrai. Il s’appuie sur Degas afin d’hériter d’un petit morceau de sa notoriété et il se sert de l’opposition des impressionistes qui sont connus. Vous connaissez tous le chocolat Ménier ce mauvais chocolat, ne le prenez pas et servez-vous du chocolat Tartanpion, le seul qui est consciencieusement fait ; la forme en est soignée, aussi notre siècle consacrera une médaille de Penseur au célèbre Rafaeli.
Voir la sculpture, quel dentiste ; et on me fera avaler que l’homme assez ridicule pour penser tout cela puisse avoir des idées artistiques, allons donc, ce doit être curieux comme le musée Grévin –
Et ce pauvre journaliste qui ne sait même pas le français ; comme la méchanceté perce et avec quels moyens. Guillaumin vidangeur ! Ce règne de reporters.
Nous causerons de tout celà
à bientôt
P. Gauguin »

De fin juin à octobre

Épidémie de choléra à Marseille.

Dr Giraud Fernand, Le Choléra à l’hôpital du Pharo pendant l’épidémie de 1884 à Marseille, Marseille, typographie et lithographie Barlatier-Feissat, 1885, 80 pages, p. 5.

« 1884 sera longtemps pour Marseille un bien triste souvenir.
Ce fut dans les derniers jours du mois de juin que la terrible nouvelle de l’apparition du choléra à Toulon vint porter l’alarme dans notre ville. Aussitôt tout fut préparé pour faire face au danger. M. Cazelles, Préfet des Bouches-du-Rhône, d’accord avec l’administration municipale, prit toutes les mesures nécessaires pour la ville. La Commission administrative des Hôpitaux, dont M. Métaxas était président, se réunit aussi ; elle demanda à la municipalité et obtint sans peine, l’ancienne résidence impériale du Pharo pour la transformer en hôpital d’isolement destiné aux cholériques. On évitait ainsi l’accumulation dans les deux hôpitaux généraux et la contagion qui avait été si redoutable en 1866.
Un des membres de la Commission administrative, M. Clauzel, fut désigné par ses collègues pour s’occuper spécialement de l’organisation de l’hôpital du Pharo. Pendant les quatre mois qu’a duré l’épidémie il fut toujours pour ses administrés, d’une amabilitéet d’une complaisance sans pareilles. »

Selon Jean de Beucken, Hortense Fiquet et son fils se seraient réfugiés à Serres, dans les Hautes-Alpes, mais aucune preuve n’est connue.

« Hortense et l’enfant sont aussi revenus dans le Midi. Ils vont s’installer à Gardanne, mais comme le choléra terrorise Marseille, ils se réfugient à Serres, dans les Hautes-Alpes, pendant la période dangereuse. »

de Beucken Jean, Un portrait de Cezanne, Paris, « nrf », Gallimard, 1955, 341 pages, p. 203.

11 juin

Fondation de la Société des artistes indépendants, pour l’organisation de salons sans jury ni récompense.

16 juin

Duret écrit à Monet.

Il a vu de lui chez Durand-Ruel « deux ou trois vues de Bordighera. Je les ai trouvée très neuves et très réussies. Durand m’a dit que vous aviez repris le plus grand nombre de vos toiles de la Méditerranée pour leur donner le dernier coup. J’ai regretté vivement de ne pouvoir les voir » ; ce sera à l’automne. Durand n’en vendra pas beaucoup : « Les affaires en tableaux sont absolument mortes, et naturellement, vous et votre école souffrez particulièrement du malaise »… Il est triste de voir que « tous les efforts ne servent de rien pour hâter l’avènement des transformations du goût et de l’opinion. Il y faut du temps, beaucoup de temps. Je n’ose presque plus parler ou écrire, craignant de nuire à mes amis plutôt que de leur être utile. Depuis l’exposition et la vente Manet, mon nom est devenu plus que jamais compromettant », et aucun journal ne veut « de ma prose sur une question d’art » ; son « article sur l’art japonais que personne n’a voulu accepter et qui a paru monstrueux », a été refusé partout.

Lettre de Duret, Cognac, à Monet, 16 juin 1884 ; vente Archives de Claude Monet, collection Cornebois, Paris, Artcurial, 11 décembre 2006, n° 89.

Avant le 30 juin

Durand-Ruel achète un tableau de Cezanne, Paysage, 50 francs, qu’il revendra à madame Lafon le 10 décembre 1884, 200 francs. Peut-être s’agit-il du tableau qu’il a acheté à Tanguy le 26 octobre 1882.

Archives Durand-Ruel, Paris, Paysage.

Juillet

Des tableaux de la collection de Murer sont exposés sur les murs de son hôtel à Rouen : un Cezanne, neuf Pissarro, quatre Sisley, un Gauguin, un ou plusieurs Guillaumin.

Lettre d’Alfred Issacson à Lucien Pissarro, 6 septembre 1884, Oxford, Ashmolean Museum, Bailly-Herzberg Janine (éd.), Correspondance de Camille Pissarro, tome 1, « 1865-1885 », Paris, PUF, 1980, p. 32 ; lettre de Pissarro à Guillemet, 3 septembre 1872 ; Bailly-Herzberg Janine (éd.), Correspondance de Camille Pissarro, tome 1, « 1865-1885 », Paris, PUF, 1980, p. 309, note 2.

Gauguin à Pissarro, vers le 10 juillet 1884 ; il remarque chez Tanguy

« quatre Césanne [sic] très travaillés de Pontoise : voilà des merveilles d’un art essentiellement pur et qu’on ne se lasse pas de regarder ».

« J’ai vu les Claude Monet d’Italie [exposition chez Durand-Ruel] ; ils sont d’une exécution étonnante et c’est en partie ce qui fait leur défaut ; j’avoue qu’ils me déplaisent totalement surtout comme voie. Il y a incontestablement dedans des qualités supérieures propres à cet artiste mais c’est bien dangereux. Sorti de là j’ai vu chez Tanguy quatre Césanne très travaillés de Pontoise ; voilà des merveilles d’un art essentiellement pur et qu’on ne se lasse pas de regarder — »

Lettre de Gauguin à Pissarro, [vers le 10 juillet 1884] ;  Merlhès Victor (éd.), Correspondance de Paul Gauguin, Paris, fondation Singer-Polignac, 1984, 561 pages, n° 49, p. 65 et 396, note 141.
Copie à Pontoise, musée Pissarro.

 27 novembre

Cezanne est toujours à Aix. Il remercie Zola de l’envoi de ses deux nouveaux livres.

« [Aix] 27 novembre 1884.
Mon cher Émile,
Je viens de recevoir deux nouveaux volumes que tu as bien voulu m’expédier. — Je te remercie, et je te dirai que je n’ai pas grand-chose à t’apprendre sur la bonne ville où j’ai reçu le jour. Seulement (mais sans doute ceci ne doit pas beaucoup t’affecter) l’art se transforme terriblement comme aspect extérieur et revêt trop une petite forme très mesquine, en même temps que l’inconscience de l’harmonie se révèle de plus en plus par la discordance des colorations mêmes, ce qui est plus malheureux encore, par l’aphonie des tons.
Après avoir gémi, crions vive le soleil, qui nous donne une si belle lumière.
Je ne saurais que répéter, je suis tout à toi, sans oublier que je présente mes respects à Madame Zola,
Paul Cezanne »

Lettre de Cezanne à Zola, 27 novembre 1884 ; Rewald John, Paul Cezanne, correspondance, Paris, Grasset, 1978, 346 pages, p. 215.

Fin novembre-début décembre

Gauguin, qui étudie la graphologie, demande à Pissarro une lettre de Cezanne :

« Avez-vous une lettre de Césanne — »

Lettre de Gauguin à Pissarro, [Copenhague, fin novembre – début décembre 1884] ; Merlhès Victor (éd.), Correspondance de Paul Gauguin, Paris, fondation Singer-Polignac, 1984, 561 pages, n° 57, p. 77.

Paul Signac achète chez Tanguy un paysage de Cezanne, La Vallée de l’Oise (FWN147-R434), pour 200 francs.

Ratcliffe Robert William, « Cezanne’s Working Methods and their Theorical Background », thèse de doctorat, Londres, University of London, Courtauld Institute of Art, 1960, 448 pages, p. 16 ; cité par Rewald John, The Paintings of Paul Cezanne : A Catalogue raisonné, New York, Harry N. Abrams, 1996, n° 434.
« Avoir à M. Cezanne », sur papier à en-tête de Tanguy, 14, rue Clauzel, non daté [31 août 1885] ; Andersen Wayne V., « Cezanne, Tanguy, Choquet », Art Bulletin, juin 1967, p. 137.

 

Cachin Françoise, Paul Signac, Paris, Bibliothèque des arts, 1971, 142 pages, p. 11 :

« Cette même année [1883], Signac fréquente pour quelques mois la seule académie où il alla jamais, celle de Bin, ancien pris de Rome ; le principal bénéfice qu’il semble en avoir tiré est celui d’y avoir rencontré le père Tanguy, qui venait vendre ses couleurs aux jeunes gens, et par lui, découvert la peinture de Cezanne. Très impressionné par le paysage de celui-ci, il en choisit trois et tente de convaincre sa mère de les acheter ; celle-ci transige sur un, Le Paysage d’Auvers [FWN159-R484], que Signac conserva précieusement toute sa vie. Sa mère racontait comment plus tard, sa famille ayant à faire des placements, le collégien conseillait, péremptoire et pourtant perspicace, d’acheter Monet, Degas et Cezanne « au nom de la gloire et de l’or ». Conseil qu’on s’empresse, on le pense, de ne pas suivre, pour acheter plutôt des « Panamas » quelques années avant le scandale qui allait ruiner tant de ces fortunes de rentiers cossus. »

[Mi-décembre]

Renoir écrit à Monet.

Au sujet du banquet Manet [5 janvier 1885, chez le père Lathuille, à l’initiative d’Antonin Proust, pour célébrer l’anniversaire de l’exposition Manet à l’École des Beaux-Arts ; Pissarro se désolidarisera de ses compagnons.]

« J’ai toujours l’intention de ne pas aller au banquet mais je suis comme toi plein d’hésitations aussi vais-je écrire de suite à Sisley Pissarro et Caillebotte. Je vais aussi consulter de Bellio, et je te rendrai réponse aussitôt. Je veux bien n’y pas aller mais je ne veux entraîner personne dans cette voie. J’avais l’intention de faire le mort et de laisser passer le 25 sans écrire, et de voir après. En tous cas attends au dernier moment pour répondre. […] c’est fort embarrassant ».

Lettre de Renoir à Monet, non datée ; vente Archives de Claude Monet, collection Cornebois, Paris, Artcurial, 11 décembre 2006, n° 235.

[Mi-décembre]

Renoir écrit à Monet.

« Je t’écris juste à temps pour envoyer ton adhésion au banquet. Caillebotte l’a envoyée aujourd’hui, De Bellio, Degas, Rouart y vont. Je crois que nous ferons bien de faire comme les autres. […] J’enverrai demain mon adhésion au petit Leenhof »…

Lettre de Renoir à Monet, non datée ; vente Archives de Claude Monet, collection Cornebois, Paris, Artcurial, 11 décembre 2006, n° 235.