R125  La Clairière, vers 1867 (FWN41)

R126 Rochers dans la forêt (Fontainebleau ?), 1865-1868 (FWN40)

Pavel Machotka

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Vers 1867, Cézanne changea de touche plus d’une fois et utilisa le couteau pour gratter la peinture déposée sur toute la toile plutôt que la travailler à la truelle par empâtements ; il a dû voir cette technique chez Courbet et cette conception du paysage avec l’école de Barbizon[1]. C’était s’engager plus ou moins dans une impasse, à en juger par la brève utilisation de cette technique, qui pourtant ouvrirait une avenue dans l’avenir, bien que Cézanne ne s’en rendît pas compte à l’évidence sur le moment.

La Clairière, vers 1867 65 x 54 cm R125 FWN41

La Clairière, vers 1867
65 x 54 cm
R125 FWN41

Dans le premier de ces tableaux, La Clairière de 1867 environ, il tient le couteau sur le bord et entraîne avec lui de petites touches de peinture posées sur la toile, dessinant des bandes de pigment, de tailles plus ou moins équivalentes, qui ne figurent plus littéralement le feuillage et, dans un mouvement répétitif de bas en haut, créent leur propre rythme. Quelques éléments littéraux (les taches de lumière par exemple) cassent bel et bien la cadence et ils nous rappellent qu’une conception plus abstraite, portée par toute la surface du tableau, aurait été « en avance » sur son temps.

Rochers dans la forêt (Fontainebleau ?), vers 1865-1868 41 x 33 cm R126 FWN40

Rochers dans la forêt (Fontainebleau ?), vers 1865-1868
41 x 33 cm
R126 FWN40

Mais ici, l’originalité de Cézanne, certes indiscutable, est brève ; on aurait plus facilement attendu d’un jeune peintre un tableau plus proche du modèle comme Rochers dans la forêt dans lequel il décrit la surface des rochers avec des taches larges et lisses et le feuillage avec des taches petites, granuleuses (comme Courbet l’aurait fait). Le résultat est pour le moins banal.

Adapté de Pavel Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.

 

[1] Dans History of Impressionism, p. 164, Rewald reproduit un paysage de Diaz de la Pena avec un autre, similaire, de Renoir (un des partisans de Diaz à l’époque) qui sont probablement proches de ceux que Cézanne a pu voir alors qu’il oeuvrait chez Barbizon.