R276 Paysage – Orée d’un bois 1876 (FWN103)

Pavel Machotka

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Paysage - Orée d'un bois 1876 60 x 50 cm R276, FWN103

Paysage – Orée d’un bois 1876
60 x 50 cm
R276, FWN103

Guillaumin - Paysage d'Ile-de-France

Guillaumin – Paysage d’Ile-de-France

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On peut identifier le style de Paysage—orée d’un bois comme le style de 1877– c’est-à-dire un style de blocs – mais il est bien plus important de noter que, loin d’être une écriture, c’est un moyen utilisé pour des buts précis. Pour illustrer clairement que les blocs peuvent servir (par exemple) à ordonner le tableau d’un paysage complexe et plein de menus accidents, on trouve une aide dans deux versions du même paysage, dont une peinte par Armand Guillaumin, qui est plus détaillée et probablement plus proche de la réalité du site. Paysage – orée d’un bois de Cézanne est un tableau plus simple que Paysage en Île-de-France : il réduit les nombreux accidents du site – branches, barrières, bosquets – à une matrice de verticales, qui représentent aussi des formes réellement dans le paysage, et d’horizontales qui ne sont que des touches de peinture, ne figurant rien de particulier. Seulement quelques accidents peints par Guillaumin subsistent dans le tableau de Cézanne : il a gardé les branches nues qui font les diagonales droites, et quelques-unes des branches du bosquet, mais ignora tout le reste. Ce qui subsiste, ce sont quelques formes dynamiques qui jouent contre la matrice stable, verticale et horizontale. Sa touche, en d’autres termes, fait de l’ordre à partir du désordre – et si le travail de simplification va plus loin ici que d’habitude, c’est certainement parce qu’il s’agissait d’un paysage de Guillaumin, pas le sien[1].

Adapté de Pavel Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.

 

[1] Il y a quatre paysages peints presque du même point de vue par Cézanne et Guillaumin, et deux d’entre eux, celui-ci et Village derrière les arbres, Île-de-France (R403 FWN136), semblent avoir été peints côte à côte. En faisant Paysage, à en juger aux légers changements dans les espaces entre les arbres, Cézanne s’est probablement tenu un peu sur la gauche de Guillaumin. Aucun des paysages ne ressemble aux sites typiques de Cézanne, et ceux-ci, qui représentent des maisons à distance vues à travers des arbres, subissent tous deux les mêmes simplifications. Une cinquième paire est une copie libre par Cézanne d’un original de Guillaumin (La Seine à Bercy, d’après Guillaumin, R293-FWN104, 1876-78).

 

NB. Le thème de maisons vues à travers les arbres est assez courant chez Cezanne et beaucoup d’autres peintres, avec des variantes comme par exemple :

Camille Corot
A Woman Gathering Faggots at Ville-d’Avray 1871–1874