R570 Gardanne (vue verticale), vers 1886 (FWN222)

Pavel Machotka

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gardanne (vue verticale) 1886 80 x 64.2 cm R570 FWN222

gardanne (vue verticale) 1886
80 x 64.2 cm
R570 FWN222

La stabilité que selon moi recherchait Cézanne lui fut offerte, sans plus de modifications, par la ville de Gardanne en haut d’une colline, où il peignit après son retour en août 1885 et presque tout 1886. Il peignit là deux vues verticales et une horizontale (dont seule l’horizontale est achevée), et grâce aux photographies des panoramas verticaux, point de doute possible, les arrangements qu’il a peints sont ceux qu’il a vus[1]. Les deux tableaux verticaux sont subtils autant que d’une stabilité qui rassure. Les couleurs des tableaux diffèrent considérablement, du fait des saisons où ils ont été peints. Pour Gardanne (vue verticale), la saison est tardive et le soleil tout à fait bas même au début de l’après-midi, ce qui réduit l’éclat de la lumière, et Cézanne a aussi pris la décision esthétique de simplifier les couleurs : il a peint toutes les ombres du même gris cobalt que le ciel. Avec les rouges et les jaunes très proches les uns des autres, cela réduit l’harmonie à trois groupes de couleur, et le résultat est unifié et doux Je pense que c’est la lumière plate qui le fait aller dans cette voie : nulle part le tableau n’a le rythme incisif de touches posées parallèlement, ni aucun contour ou modelé net qui créent un espace profond – pas même dans le feuillage, où nous le trouvons dans l’autre version verticale. Le tableau qui en résulte ressemble plus à un rouleau vertical de la dynastie Sung qu’à un autre paysage peint par lui, parce qu’il grimpe plus qu’il ne recule dans l’espace, et dans le contexte de cette autre œuvre, il est essentiellement décoratif.

Source: Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.

[1] Voir Erle Loran, Cézanne’s composition, University of California Press, 1985, p. 123, pour la photographie du site de ce tableau, et mon Cézanne: Landscape into Art, p. 68, pour la photographie du site de l’autre. En Provence, faudrait-il ajouter, les flèches sont faites en général en fer forgé, pour offrir moins de résistance au mistral saisonnier, et elles apparaissent transparentes, comme ici.

Site photographié par John Rewald vers 1935

Site photographié par John Rewald vers 1935

Photo prise en contrebas de la précédente

Photo prise en contrebas de la précédente

Carte postale ancienne, vers 1900

Carte postale ancienne, vers 1900