R601 – Le Grand pin, 1887-1889 (FWN236)

Pavel Machotka

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Le Grand pin, 1887-1889 84 x 92 cm R601-FWN236

Le Grand pin, 1887-1889
84 x 92 cm
R601-FWN236

Chez Cézanne, une rare émotion directe, née d’une identification intime avec son sujet, se peut parfois voir dans la maturité du peintre; elle peut déborder l’impulsion architecturale. Le moment est visible, je crois, dans Le Grand Pin. Le pin se déroule en une spirale centrifuge et rien ne se tient tranquille ; aucune touche parallèle, droite, n’ordonne la surface, point de verticale pour nous ancrer dans l’espace. On se penche vers la gauche avec le sol et le tronc, puis de nouveau on est balayé vers la droite par les branches. Il est impossible que Cézanne ne fût pas conscient de la composition ; il a agrandi à deux reprises le haut de sa toile au sommet pour trouver l’équilibre nécessaire. Mais la composition n’était pas de première importance ici. Dans Grand Pin et terres rouges (Bellevue), analysé par ailleurs, on a pu remarquer le rythme des traits dessinant les branches qui s’étirent à partir du tronc, le large mouvement de la plus grande, les maisons nichées contre le tronc, le choix des coups de pinceau – toutes sortes de relations et de décisions techniques soigneusement calculées ; dans ce tableau cependant, il est probable que nous pensions au peintre et à la signification du tableau pour lui. Le pin est haut, adulte, agité par le vent, seul parmi ses voisins mais plus grand qu’eux ; il y a forcément de ça dans ce qui sous-tend ce tableau et motiva l’impulsion première pour le peindre.

 

Source: Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.

Voir l’étude critique de localisation de ce tableau ici.