R699 – Sous-bois, vers 1890-1892 (FWN266)

Pavel Machotka

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Sous-bois, 1890-1892 73 x 92 cm R699 FWN266

Sous-bois, 1890-1892
73 x 92 cm
R699 FWN266

Le motif du Sous-bois est empli de fureur. Dans ce tableau, on est fortement troublé par un tourbillon violent de la branche tordue que par la profusion des couleurs et la clarté de la lumière qui pénètre la voûte des arbres. Pour parler technique, les touches ici ne sont systématiques que là où il faut traduire le mouvement de recul du sol de la forêt ; elles sont disposées en de longues taches horizontales qui représentent le motif de la lumière et de l’ombre. Dans la cime des arbres, aucun système ; la seule exigence pour les touches est qu’elles restent assez indépendantes pour laisser vibrer les couleurs l’une contre l’autre comme dans une mosaïque. Les couleurs le font admirablement ; la prédominance des vert bleu et des bleus froids est allégée et équilibrée par les jaunes et les roses chauds des taches de lumière.

Le sens extraordinaire de Cézanne pour la couleur est intimement liée à sa sensibilité aux nuances de la lumière ; en suivant la lumière avec laquelle il travaillait, il pouvait se perdre dans un déploiement passionné de tons saturés – ou au contraire, avec des teintes plus pâles et plus grises, adopter une attitude plus détachée, analytique. Ce n’était pas un peintre de la couleur en tant que tel, mais il a bien décrit son caractère sans ambiguïté ; c’est la lumière d’une saison donnée et d’un moment de la journée, ou la lumière du nord ou de son sud natal. Mais pendant la décennie 1890, quand il est dans le nord, l’heure et le lieu sont souvent plus incertains ; se révèle un détachement émotionnel vis-à-vis du paysage qu’on ne constate pas dans le sud, une moindre sensualité, une posture plus analytique. Pourtant, c’est bien loin d’être le cas dans ce tableau: la couleur du ciel et la lumière pénétrant les branches ont le charactère passionné du Midi.

Source: Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.