R478 – Fleurs dans un vase rouge, 1880-1881 (FWN791)

Pavel Machotka

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Fleurs dans un vase rouge, 1880-1881
47 x 55.2 cm
R478 – FWN791

La deuxième nature morte Fleurs dans un vase rouge est constituée essentiellement du même bouquet[1] que la première Fleurs dans un vase rouge, légèrement réarrangé, et de la même taille. Ici, le bouquet fait un avec le papier de l’appartement. Cette nature morte est aussi une construction originale, même si initialement le tableau fut sans doute le résultat visuel d’un placement intéressant du vase devant le motif. Le papier peint était probablement brun olive clair, à en juger par d’autres natures mortes comme Pommes, serviette et boîte à lait (R479-FWN795) ou Assiette avec fruits et pot de conserves (R480-FWN794), par exemple ; la couleur et la forme en losange étaient toutes deux reflétées dans les couleurs et les formes du bouquet. Si l’harmonie du bouquet et du mur était une sorte de donnée, la transformation par Cézanne du motif du papier peint était radicale. Le peintre l’a utilisé pour étendre, remplir et équilibrer le vase de fleurs. Cézanne en a retenu une forme en V aigu (continue, bien sûr), et il nous fait voir les fleurs comme s’évasant vers le haut tout en attirant l’attention sur le col du vase et ses encoches ; il a utilisé la forme en croix pour remplir le vide à gauche ; il a équilibré la lourdeur du côté gauche avec deux formes en croix à droite. Pour réaliser tout cela il fallait simplifier le papier peint – supprimer des traits, rendre le motif à fleur de lis abstrait – mais rien je pense n’avait été inventé. Le nœud prometteur de correspondances entre le bouquet et son contexte était progressivement affiné et clarifié dans le tableau. A propos, ici on remarque à peine la touche parallèle, qui apparaît plus comme une habitude que comme une force structurale.

 

Source: Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.

[1] Rewald doit avoir raison quand il note que les fleurs sont probablement en papier ; on ne peut imaginer des fleurs réelles capables de durer le temps qu’il a fallu à Cézanne pour peindre deux tableaux pensés avec autant de soin.