R677 – Nature morte, vers 1890 (FWN802)

Pavel Machotka

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Nature morte, vers 1890
28 x 40.5 cm
R677 – FWN802

Dans la petite Nature morte R677, Cézanne affronte un problème curieux : le haut de la poire verte allait être si proche du bord de la table que notre regard, probablement, allait être coincé dans l’espace vide qui les sépare, sans savoir s’ils se touchaient ou non. Le peintre coupe simplement le nœud gordien et, en interrompant la continuité de la table, il fusionne les deux contours et les sépare en même temps.

Ceci, certes, est une remarque technique, la nature morte a d’autres droits à réclamer notre intérêt. Sa touche est très libre, posée avec une peinture liquide et sans aucun système évident, et la palette est simple et magnifiquement équilibrée. On peut y penser comme une progression le long du spectre du bleu au vert, puis vers le jaune et un orange rouge, ou bien comme présentant deux paires simples complémentaires, bleu et jaune, et vert et orange rouge. Ces deux manières de voir la couleur sont aussi justes et dépendent de ce que l’on regarde : si on étudie le fond, par exemple, alors c’est la présence complémentaire de trois taches de vert au-dessus des oranges qui sautera aux yeux. Puis, bien entendu, la seule couleur froide, le bleu, est chargée de dynamiser le tableau, l’assiette et la poire toutes deux très inclinée, l’une se penchant vers les oranges, tandis que l’autre – la poire – s’en écartant.

Source: Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.