R875 – Bouquet de pivoines dans un pot vert, vers 1898 (FWN868)

Pavel Machotka

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Bouquet de pivoines dans un pot vert, vers 1898
66 x 82 cm
R875 – FWN868

Nous ne sommes pas plus préparés à la première ébauche rapide, assurée de Bouquet de pivoines dans un pot vert, que nous ne le sommes à l’interaction soigneuse de masse et de décoration de la Nature morte aux oignons de 1896-1898 (R803-FWN866). Le tableau est une explosion radiale de feuilles minces et de tiges hors d’un vase trapu, contenue, comme ses extrêmes, par les élégantes masses de fleurs de pivoines. Dans les natures mortes précédentes de Cézanne, presque rien n’annonce l’esquisse gracieuse des feuilles et leur placement assuré, aéré. Il est aussi remarquable que Cézanne ait déjà décidé de la combinaison de couleurs, ayant travaillé un arrière-plan violet et ocre pour accueillir les verts du feuillage et du vase ; avec les éclaboussures de rouge orange nous trouvons les couleurs déjà équilibrées entre les teintes chaudes et froides. Comment aurait-il fini la partie la plus sculptée de la masse de feuilles dans le centre n’est pas facile à imaginer, parce qu’il n’a laissé aucune indication à ce propos ; l’asymétrie du bouquet aurait été probablement accentuée en étirant les feuilles vers le haut à gauche ; et l’endroit vierge, incertain, sur la gauche, une fois que Cézanne en aurait trouvé la teinte précise, aurait probablement tiré le regard vers le bas.

Avec un centre de gravité léger, le tableau est exubérant, heureux. Avec sa composition assurée, il est aussi réussi que le seraient des natures mortes plus solennelles avec une base plus lourde et une placement plus étudié de fruits et de rideaux. Toutefois celles-ci ont une gravité indiscutable, et par leur simple dimension et densité, elles semblent destinées à accomplir ce que nous voyons en elles : des contributions durables. On devrait résister au mot « monumental », parce qu’il est imprécis et galvaudé ; mais ces œuvres sont certainement un splendide témoignage, complexe et extraordinairement bien unifié, d’une capacité à créer physiquement les résonances riches que, en d’autres circonstances, le peintre aurait eu à trouver déjà là.

 

Source: Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.