R742 – Pichet et fruits sur une table, 1893-1894 (FWN851)

Pavel Machotka

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Pichet et fruits sur une table, 1893-1894
49 x 59 cm
R742 – FWN851

Dans la plupart des tableaux, on voit Cézanne peiner pour intégrer le pichet à la composition [1]. Mais il nous faut aussi considérer ce travail avec beaucoup de sympathie : si la lutte du peintre avec le pichet est héroïque, nombre de ses solutions sont très originales. Dans Pichet et fruits sur une table, elle consiste à utiliser un format très large, si bien que le pichet a amplement de place pour respirer et permettre à la composition de ne pas avoir l’air encombrée. Les couleurs qui composent l’émail gris réfléchissent la composition entière (comme dans toutes les versions) ; ici, il y a du rouge, mais moins que dans les tableaux à fruits plus rouges, et beaucoup de vert et de bleu. Le pichet, austère, s’accorde à l’humeur du tapis bleu, des verts froids des fruits et des gris du mur. Mais le pichet constitue toujours un problème ; séparé du tapis, il domine ses voisins et se tient en un splendide mais inopportun isolement, et la seule solution est de le nicher dans une masse plus grande. Pour cela, Cézanne place le compotier à pied derrière lui, en choisissant une pomme rouge vif pour le pousser en avant, saisir le côté du pot, et le réduire à des dimensions gérables. A droite, bien séparé de la masse du centre, une petite assiette de fruits très contrastés fournit le contrepoids nécessaire.

Source: Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.

[1] Dans deux des natures mortes, Pichet et assiette de poires de 1890-1893 (R737-FWN845) et Fruits et cruchon de 1893-1894 (R741-FWN850), Cézanne réduit sa taille en fonction du fruit, et agrandit son cou et son ouverture ; on dirait presque un autre pichet – un stratagème qui, je pense, témoigne de la difficulté de s’en servir.

Pichet et assiette de poires, 1890-1893
49 x 59 cm
R737-FWN845

Fruits et cruchon, 1893-1894
33 x 41 cm
R741-FWN850