R649 – Portrait de Paul Cézanne, fils de l’artiste, 1888-1890 (FWN486)

Pavel Machotka

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Portrait de Paul Cézanne, fils de l’artiste
1888-1890
R649-FWN486

Parmi les portraits de la fin des années 1880, il y en a un de Cézanne fils, peint dans la même lumière et devant ce qui semble être le même fond que Portrait de madame Cezanne, mais fait avec un sens bien plus sûr des avantages de ce motif du papier peint pour obtenir une composition cohérente. Ici Cézanne ne laisse subsister qu’une seule goutte d’eau – on ne sait pas bien si c’est la même forme, ou une différente faisant partie d’un motif manifestement complexe – et il lui donne la forme du visage du garçon ; par ailleurs, il s’est reposé sur la répétition des losanges, plus spécifiquement sur leur moitié inférieure pour fournir le leitmotiv de la structure. La forme est réfléchie dans le V insistant des revers de la veste du personnage et, en sens inverse, dans l’ouverture de la veste sous le dernier bouton ; et aussitôt que nous le remarquons, on note aussi comme le menton est confortablement niché dans l’ouverture de la chemise. Ce qui aurait pu être le portrait d’un adolescent en léger surpoids engoncé dans un manteau froissé devient un tableau avec des répétitions internes rythmiques[1]. La raison d’être du paravent à droite, d’ailleurs, est de donner de la stabilité à la figure ; si nous le cachons, nous la voyons pencher en arrière, et dès qu’on le rend à nouveau visible, le personnage se redresse, comme s’il s’appuyait contre lui.

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Roughly contemporary with Portrait de madame Cezanne, and painted in the same light and possibly in front of what seems to be the same background, is the Portrait de Paul Cézanne, fils de l’artiste; it is done, however, with a much firmer sense for what the wallpaper pattern could offer to a coherent composition. Here Cézanne let only one water drop survive—whether it is the same shape or a different one from an obviously complex pattern is unclear—and let it echo the form of the boy’s head; otherwise he relied on the repetitive diamonds, more specifically on their lower half, to provide the leitmotif for the structure. That is reflected in the emphatic V of the figure’s lapels and, upside down, in the opening of the coat below the lowest button; and as soon as we notice this, we also notice how comfortably the chin is nestled in the opening of the shirt. What might have been a picture of a faintly overweight adolescent in a wrinkled coat becomes a painting with inner rhythmical repetitions. The screen at the right, by the way, acts to give the figure stability; if we cover it, we see him lean backwards, and when we uncover it again, he straightens up, as if he were pushing back against it.

 

[1] Rewald date le tableau de 1888-1890, mais il est des arguments convaincants plaidant pour le situer plus tôt. Vers 1888, Cézanne fils était plus grand et plus mince, à en juger par son apparence dans le Mardi Gras de 1888, et surtout dans les esquisses détaillées qui le précèdent (C0938 et C0939), où il porte aussi une moustache naissante. Cézanne fils situa plus tard Mardi Gras en 1888, alors qu’il avait seize ans, et le présent portrait en 1885 – une date en revanche qui semble trop précoce.

Source: Machotka, Cézanne: the Eye and the Mind.