R898 – Portrait de femme, 1902-1906 (FWN539)

RW543 – Femme assise, 1902-1904

Pavel Machotka

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Portrait de femme
1902-1906
R898-FWN

Femme assise
1902-1904
RW543

Il y a une certaine logique dans la transposition d’un portrait de l’aquarelle à l’huile ; sur la toile les couleurs sont plus saturées et les relations entre couleurs plus abstraites. Cela ne signifie pourtant pas que les études visent à résoudre le même problème dans chacun des portraits. Une étude peut enregistrer les formes de la figure uniquement pour les voir transposées, sur la toile,  selon les rythmes de l’arrière-plan; une autre étude peut élaborer le fond et ignorer la personne dès le début, même avant la transposition en huile. Femme assise illustre le premier cas. L’aquarelle est une étude des volumes ondulant de la forme de la femme et des courbes de la table qui leur sont reliées ; elle est entièrement faite de touches duveteuses, depuis le haut de la tête, puis les manches, le corsage, jusqu’à la jupe volumineuse. Rien dans l’aquarelle ne nous prépare à la toile où les formes gonflées ont été déplacées dans le fond et lui donnent son rythme dominant, et où la figure a été laissée dépourvue de caractère. En réalité, le portrait a été traité non selon des lignes reconnaissables mais uniquement avec des taches abstraites, beaucoup plus comme Cezanne le fait dans ses paysages les plus abstraits comme Le Jardin des Lauves, R926-FWN379, avec un certain degré d’intégration nécessaire pour comprendre ce qui est représenté (un peu comme dans Homme assis, R952-FWN546, une toile contemporaine traitée de façon assez grossière). Que Cezanne se soit posé la question du degré de cohésion que permettait ce début d’exécution, ou qu’il  ait simplement été interrompue portrait nous offre un exemple rare de son exigence ultime et extrême dans sa façon de concevoir la peinture.

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There is a certain logic in the transposition of a portrait from watercolor to oil: the canvas’s colors are more saturated and the relations of colors are more abstract. That is not to say, however, that the studies were designed to address the same questions in each portrait. A study might record the forms of the figure, only to have them displaced into the rhythms of the background in the oil; another study might elaborate the background and ignore the person from the start, even before translation into oil. Femme assise is an example of the first. The watercolor is a study of the billowing volumes of the woman’s form and the related curves of the table; she is all puffs from the top of her head through the sleeves, bodice, and voluminous skirt. Nothing in the watercolor prepares us for the canvas, however, where the swelling forms have been displaced into the background and become its dominant rhythm, and where the figure has been left characterless. The portrait has in fact been sketched not in recognizable outlines but in abstract patches, very much as his most abstract landscape (Le Jardin des Lauves, R926-FWN379), with some degree of integration expected to follow (possibly as in the roughly contemporary Homme assis, R952-FWN546). Whether Cézanne had doubts about the degree of cohesion his beginning would allow, or whether he was simply interrupted, this portrait is a rare instance of his last and most demanding conception of painting.

 

Source: Machotka, Cézanne: the Eye and the Mind.