R853 – Portrait de femme, vers 1898 (FWN533)

Pavel Machotka

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Portrait de femme
vers 1898
R853 – FWN533

Le seul portrait contemporain et comparable à la solidité de L’Homme aux bras croisés est celui d’une femme. Bien qu’il soit aussi très physique – presque cruellement – il est davantage conçu en termes de couleur. Son harmonie risquée de rouge et de bleu noir est celle que Cézanne a déjà étudiée dans Mardi gras et Arlequin ; ici il la pousse plus loin, en donnant à la robe rouge une ampleur plus impportante qu’il n’était possible avec le mince costume  d’Arlequin. Cézanne confère à la robe le même équilibre de couleur interne et la même relation au fond ; mais il y a plus de vert dans le fond que dans les tableaux avec Arlequin : il est posé simplement en taches larges, informes, presque ajoutées après-coup. Le modèle certes s’éloigne du spectateur, et avec son expression et sa pose rigides, l’accent est mis sur les volumes et les couleurs, et non sur son identité ; Rishel a sans doute raison en imaginant que c’était probablement une femme de ménage[1] ; ceci expliquerait les traits sévères, la pose inconfortable, presque soumise, et la position improbable du livre non lu dans ses mains. Cela ressemble plus à une étude du physique et du rôle que du caractère ; toutefois la composition est toujours implacable, l’équilibre réalisé ici en entassant des ustensiles pour la cheminée en bas à gauche, et la stabilité est garantie par un tisonnier à droite.

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The only comparably solid portrait of a woman is roughly contemporary with the man with crossed arms (R851), and it is equally large. Although it is also very physical—almost unsparingly so—it is conceived much more in terms of color. Its risky harmony of red and blue-black is the one that Cézanne first studied in Mardi gras and Arlequin  and here he pushes it further, by giving the red dress a greater mass than was possible with the harlequin’s slim costume. Cézanne gives the dress the same color balance internally and the same relation to the background; but there is more green in the background than in the harlequin pictures, and it is simply laid down in large, formless spots, almost as an afterthought. With the sitter turned as far away from the viewer as she is, and with her rigid expression and pose, the emphasis is on the volumes and the colors, not on her identity, and one must agree with Rishel that she was probably a household servant[2]; this would help explain the stern features, the uncomfortable, almost obedient pose, and the unlikely position of the unread book in her hands. It seems more a study of physique and role than of character; yet the composition is always exacting, with balance achieved here by massing fireplace implements in the lower left, and with stability guaranteed by a vertical poker on the right.

[1] Dans Great French Paintings from The Barnes Foundation, p. 138.

[2] In Great French Paintings from The Barnes Foundation, p. 138.

Source: Machotka, Cézanne: the Eye and the Mind.