R834 – Portrait de l’artiste au béret, 1898-1900 (FWN529)

Pavel Machotka

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Portrait de l’artiste au béret
1898-1900
R834 – FWN529

L’énergie dont Cézanne dota les modèles de ses quatre derniers portraits manque dans son dernier autoportrait, le Portrait de l’artiste au béret. Disparue également, la florissante confiance en soi de l’autoportrait de 1894 (Cézanne coiffé d’un chapeau mou) ; les yeux sont vides et les sourcils sont soulevés, accusant la vacuité du regard. Si dans l’autoportrait de 1877 (Portrait de l’artiste au papier peint olivâtre), il semblait fatigué et petit, au moins à ce moment, les épaules avaient une certaine épaisseur et il regardait vers nous ; ici, il paraît rapetissé et tourné vers l’intérieur. Mais Cézanne est peintre avant tout, et il transforme son aspect en une composition simple et efficace. Le béret devient le leitmotiv de la toile et sa forme réapparaît dans les sourcils, les paupières, le fauteuil rouge, et dans la courbe de son col de chemise gauche ; même l’épaule gauche est installée pour l’intégrer à cette série d’arcs. Ces formes ne se dirigent pas non plus essentiellement vers le bas ; elles poussent vers la droite avec vigueur, dans la direction du regard de l’artiste (comme dans L’Enfant au chapeau de paille vers la direction opposée). La vitalité physique qu’il donne à la plupart de ses modèles est ici placée dans des formes abstraites.

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The energy with which Cézanne endowed the sitters for his last four portraits is missing from his last self-portrait, the Portrait de l’artiste au béret of about the turn of the century. Gone, too, is the abundant self-confidence of the self-portrait of 1894 (Cézanne coiffé d’un chapeau mou); the eyes are blank and the brows are raised in a vacant stare. If in the self-portrait of 1877 (Portrait de l’artiste au papier peint olivâtre) he seemed tired and small, at least for the moment, his shoulders at least were substantial and he looked out toward us; here he appears shrunken and turned inward. But Cézanne is never anything less than a painter, and he turns his appearance into a simple and effective composition. The beret becomes the leitmotif of the canvas and its form reappears in the eyebrows, the eyelids, the red armchair, and in the curve of his left shirt collar; even the left shoulder is rounded off to take part in this series of arcs. Nor do these forms point predominantly downwards; they thrust vigorously to the right, in the direction of the artist’s gaze (as they did with L’Enfant au chapeau de paille, in the opposite direction). The physical vitality with which he endows most other sitters is here displaced onto the abstract forms.

 

Source: Machotka, Cézanne: the Eye and the Mind.