Le catalogue raisonné de Léo Marchutz est lancé

En  1919, Léo Marchutz, alors âgé de 16 ans, vend son premier tableau,  l’Ascension (huile sur toile, 100 x 177 cm.). L’œuvre, haute en couleur, dont la seule trace iconographique est une photo en noir et blanc, est acquise par Max Reinhardt (metteur en scène et réalisateur austro-américain).  Cette première vente et la lettre de félicitations envoyée par le réalisateur au jeune peintre1, seront déterminantes pour la vocation de l’artiste en herbe.  Aujourd’hui, 100 ans après,la toile qui a lancé la carrière de Léo Marchutz sera la première œuvre recensée par le Catalogue Raisonné qui lui est dédié.

Février 2019.Le travail du catalogue raisonné de Léo Marchutz est lancé. Ce projet ambitieux sera la première initiative pour synchroniser la collecte des informations et assurer le catalogage numérique de l’œuvre du peintre.

La première phase du projet portera sur Les Tableaux de Leo Marchutz. Elle comprendra environ 300 œuvres d’art, en commençant par les premières toiles de l’artiste (1919-1939), suivies par les tableaux dits « de grand format » (1963-1975). L’œuvre lithographique de Léo Marchutz (1945-1963) fera l’objet d’une deuxième phase de travail.

Un projet collaboratif

A l’instigation de Ben Haggard (Directeur de recherches)  et Denise Lemoine (Chef de projet), tous deux américains, le catalogue raisonné bénéficiera de la participation active d’Antony Marschutz, dont la recherche importante sur l’artiste, menée de longue date, sera mise à large contribution. Le projet accueillera également le soutien des collectionneurs des œuvres de Marchutz, des dirigeants et élèves de l’Ecole Léo Marchutz, ainsi que tous ceux qui militent pour une plus large reconnaissance de l’œuvre de l’artiste.

« La récente découverte de la présence de nombreuses œuvres de Marchutz dans les collections du Metropolitan Museum et du MOMA à New York, a été déterminante. Elle nous a incités à lancer ce projet sans plus tarder »,  souligne Ben Haggard.

Les  outils de catalogage

La plateforme numérique et le logiciel de catalogageutilisés pour le projet, ont été créés par panOpticon, société basée à New York, spécialisée dans la gestion de données adaptée aux spécifications des catalogues raisonnés.  Fondée en 2006, panOpticon héberge les catalogues raisonnés de plus de 50 artistes, dont Paul Cézanne, Mary Cassatt, Roy Lichtenstein, Sam Francis et John Singer Sargent.  

Le choix du numérique

« Le choix d’utiliser une plateforme numérique pour le catalogue raisonné de Léo Marchutz, s’est vite imposé », précise Denise Lemoine.   « D’abord pour ses capacités de sauvegarde et de mise à jour instantanées des informations.  Elle permettra, à terme, de présenter l’ensemble de l’œuvre de l’artiste auprès d’un large public et de souligner, entre  autres, les résonances avec  Cézanne, qui a été au centre de la réflexion artistique de Léo Marchutz, tout au long de sa vie ».

Pour plus d’infos sur le projet du Catalogue Raisonné de Léo Marchutz :www.leomarchutz.org

Voir également :  Le cadeau d’anniversaire de Cézanne

Lien —  https://www.marchutz-legacy.org/soyez-inspires-!/

1Lettre de Max Reinhardt à Léo Marchutz (traduite de l’allemand)

Berlin, le 27 juin 1919

Monsieur Léo Marschutz

Nuremberg, Frauentorgraben, 37

Monsieur Marschutz,

Accroché chez nous dans un cadre doré pas trop large, votre beau tableau nous procure beaucoup de joie.

 Il me fascine particulièrement par la difficile question, apparemment résolue avec facilité, de la composition. Au-delà de l’émotion poétique que cette peinture exprime, c’est avec l’assurance du génie qu’elle agence un nombre impressionnant de figures pour constituer une impressionnante nouvelle unité. Et quoique chaque corps en particulier, notamment les deux figures du milieu en bas, chacune travaillée harmonieusement selon des préceptes propres, semble parfait en soi, l’agrément principal du tableau réside dans l’heureuse simplification et la corrélation des figures entre elles. Il en va de même pour la dense partie inférieure du tableau aux figures nombreuses opposée à la partie supérieure constituée d’un unique personnage sans pesanteur. Cette suspension  est parfaitement réussie.

La gamme de couleurs de ce tableau m’enchante également. La tonalité d’une divine et très ravissante gaieté me semble être rendue par les deux groupes aux couleurs irisées ainsi que par le bleu, cru et lumineux, de la colombe qui darde ses rayons comme autant de griffes. Après tout, cette colombe, par l’intensité de sa position, de son dessin et de ses couleurs, constitue en quelque sorte l’âme du tableau.

Peut-être avez-vous également ressenti cela ?

Concernant maintenant la réparation du tableau, je pense qu’il vaut mieux le laisser provisoirement ici. Actuellement il peut difficilement être transporté à Salzbourg. Ce n’est qu’à contrecœur que je laisserais une main étrangère s’y essayer. Je préfère attendre – et vous en aurez peut-être bientôt l’occasion – votre prochain séjour à Berlin.

Je me réjouirai alors de faire votre connaissance. Dans l’attente je vous salue cordialement.

 Max Reinhardt