R537 Grand Pin et terres rouges (Bellevue), vers 1885 (FWN221)
Pavel Machotka
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Grand Pin et terres rouges (Bellevue), parfaitement bien conçu, semble néanmoins être inachevé dans sa surface. Peut-être que Cézanne n’en était pas satisfait; mais le problème principal est que le tableau fut altéré par un de ses propriétaires, le peintre Emile Schuffenecker, qui a ajouté de la peinture dans des zones en haut et sur les côtés. Mais d’abord la touche de Cézanne contredisait ce qui à mon avis l’avait intéressé : l’intersection du troncs et des branches, l’explosion centrifuge des branches, et leur relation aux champs et aux maisons en dessous. Il réussit à rendre la complexité de l’arbre dans trois études à l’aquarelle (Etude d’arbre, RW 285-287), où il définit avec force au crayon les branches linéaires et donna de la vie à l’espace entre elles de façon magistrale. Mais ce tableau, il ne l’a pas porté au même point, c’est-à-dire à nous donner la sensation nette d’une alternance entre accentuation et relâchement ; notre attention est dispersée. Dix ans plus tard, dans une version brillante de ce site utilisant ses touches dernière manière (Grand pin et terres rouges), celles groupées en taches, il a pourtant résolu tous ces problèmes, ayant créé une densité naturelle partout et une interaction intime entre toutes les parties du tableau.
Source: Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.