R024 – La Tour de César, vers 1862 (FWN3)

Pavel Machotka

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En évoluant tout au long de la décennie 1860-70, les paysages de Cézanne (par contraste avec les tableaux narratifs) vont montrer une compréhension toujours plus forte des forces opposées qui sont à l’œuvre dans une composition ferme. Ils démontreront également la maîtrise de plusieurs styles cohérents, expressifs et vigoureux. Mais ses débuts dans le genre n’offrent pas tant de promesses : ses deux premiers paysages sont sentimentaux et en fait de simples copies d’un trivial « paysage avec moulin ». Seulement quelques années plus tard, entre 1862-1864, Cézanne dépassera-t-il les limites de la sentimentalité d’un seul bond, en peignant deux très grands paysages détaillés et imaginaires à même le mur du Jas de Bouffan (Le Baigneur au rocher et Paysage romantique aux pêcheurs).

Le Baigneur au rocher, 1862-1864 R028 à R031, FWN5 FWN900

Le Baigneur au rocher, 1862-1864
R028 à R031, FWN5 FWN900

Paysage romantique aux pêcheurs 1862-1864 R034 à R041 FWN 8 à 12, 581 à 583

Paysage romantique aux pêcheurs 1862-1864
R034 à R041 FWN 8 à 12, 581 à 583

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ces derniers n’existent aujourd’hui qu’en parties extraites de l’ensemble mais à l’époque ils mesuraient environ trois mètres cinquante de haut. L’un était doux et romantique, l’autre, bucolique, qui comportait un personnage masculin nu massif, envahissant, ajouté plus tard. Si l’on ne doit déduire qu’une seule chose de ces rares exemples, c’est que la sentimentalité n’était jamais loin tant qu’il vivait chez ses parents et qu’un paysage d’imagination ne pouvait élever de barrière assez ferme pour empêcher l’intrusion d’un récit plus brut, plus personnel.

La Tour de César, vers 1862 19 x 30 cm R024 -FWN 3

La Tour de César, vers 1862
19 x 30 cm
R024 -FWN 3

Néanmoins, une telle intrusion ne pouvait avoir lieu dans des paysages peints d’après nature. En 1862, Cézanne peignit son premier paysage dans le vrai sens du terme (La Tour de César). Il travailla bien évidemment in situ et ce tableau a dû être important pour son évolution, avec le calme qui s’en dégage, les objets clairement reconnaissables et pas fignolés, ainsi que la lumière uniforme qui enveloppe la scène. C’était à l’évidence observé de très près. Ni sentimentalité ni émoi ni grandiloquence n’ont de place ici. Le tableau est conventionnel, cela n’est pas surprenant, mais il semble la rencontre heureuse du travail apaisant de plein air et de l’ordre discret des compositions du maître provençal Granet. Ce tableau est décisif : pour la première fois, on y voit l’effet du travail d’après nature sur les tableaux de Cézanne et il donne un premier aperçu de son importance pour le futur.

Adapté de Pavel Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.

La Tour de César Photographe non identifié

La Tour de César
Photographe non identifié

Un dessin d'inspiration proche : Gaspard DUGHET (Rome 1615-Rome 1675)-Paysage d'Italie

Un dessin d’inspiration proche :
Gaspard DUGHET (Rome 1615-Rome 1675)-Paysage d’Italie