R692 – Pigeonnier de Bellevue, 1889-1890 (FWN270)

Pavel Machotka

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Pigeonnier de Bellevue, 1889-1890 64 x 80 cm R692-FWN270

Pigeonnier de Bellevue, 1889-1890
64 x 80 cm
R692-FWN270

La vue matinale et gaie du pigeonnier de la ferme de Bellevue elle aussi aurait pu sembler prévisible; le tableau d’abord ne nous trouble aucunement ni n’exige de nous de particulière compétence pour le comprendre. Il présente la vue comme elle apparaît, ses élaborations subtiles ne nous étant pas immédiatement visibles. Pourtant elles produisent un tableau qui est plus imposant, plus unifié, et plus satisfaisant que le panorama lui-même.

Photo Pavel Machotka

Photo Pavel Machotka

La situation de la tour, par exemple, est destinée à créer de la tension : elle fut placée à droite du centre, et ensuite légèrement inclinée vers la gauche, pour indiquer le hors-cadre plutôt que l’intérieur ; elle semble pousser vers l’avant comme s’elle voulait bouger. Son toit est allongé vers le haut, ce qui lui donne une apparence imposante. A ces tensions est opposé un équilibre soigneusement réalisé de formes et de couleurs. Pour stabiliser les formes, le bord droit de la tour est situé fermement au centre, et la pente prononcée du toit est équilibrée par les touches bleues dans le ciel, opposées et à peine perceptibles ; le résultat, c’est que les tensions entre les formes, alors qu’elles demeurent palpables, sont maintenues à l’intérieur d’un cadre stabilisant. Les couleurs sont faites pour s’équilibrer mieux sur la toile : les bleus et les brun orange, des complémentaires naturelles, sont disposées pour l’essentiel comme elles sont vues, mais les verts, qui sont plus jaunes dans le paysage, sont peints avec un viridien plus froid.

Le peintre ne souhaiterait pas que son tableau soit compris seulement après qu’on l’eût comparé avec le site ; il devrait fonctionner comme tel, sans aucune exégèse, et je ne veux certainement pas faire penser que ce tableau, ou tout autre paysage, en a besoin. Il suffit de savoir qu’on trouve le tableau gai, dynamique et équilibré. Mais la comparaison confirme bien ce que l’on ressent visuellement et aide bien à comprendre quelques-uns des savoir-faire du peintre, et en nous orientant vers sa technique peut-être nous aide-t-elle à rester conscient de la fertilité de la fin de la décennie 1880.

Source: Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.

Renoir a également représenté le pigeonnier en se situant légèrement plus à gauche que Cezanne et selon un angle de vision un peu plus large :

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John Rewald l’a également photographié en 1935 :

Photo John Rewald 1935

Photo John Rewald, vers 1935

Photo John Rewald, vers 1935

Photo John Rewald, vers 1935