R631 – La Montagne Sainte-Victoire, 1888-1889 (FWN258)
Pavel Machotka
(Cliquer sur les images pour les agrandir)
Un site nouveau d’où voir clairement la Sainte-Victoire, choisi par Renoir pour la peindre lors de sa visite de 1889, produit chez Cézanne une composition atypique; elle est bien passionnée et équilibée dans ces couleurs, mais elle est molle, cherchant toujours son centre et ses résonances entre ses différentes parties. Elle laisse supposer que Cézanne s’est laissé influencer par Renoir, par cette sensualité molle qui servait ce peintre si bien dans les figurations féminines, mais qui, dans ses paysages, le conduisait à accepter chaque objet avec trop d’affection et de mettre en valeur chaque couleur avec trop d’équité. Nous ne savons pas si les peintres ont travaillé l’un près de l’autre ; un tableau a des oliviers au premier plan alors que l’autre n’en a pas, mais comme d’autres aspects des compositions sont remarquablement semblables (à l’exception de l’angle de vue plus étroit de Cézanne), il faut supposer quelque influence (voir à ce sujet l’étude de localisation précise ici). Sur un aspect cependant, Cézanne est resté pleinement indépendant : sur l’équilibre tranchant de sa couleur. Les verts, les rouge-oranges, les bleu, et un rose-violet de la montagne, restent distinctes et harmonieuses; on en reçoit un sens de raison, de modération — et de force du peintre.
Source: Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.
Voici le tableau peint par Renoir, le peintre étant un peu plus proche de Bellevue que Cezanne :
Ce tableau a appartenu à la collection Pellerin et figurait dans son salon au-dessus du piano à la droite du Festin (L’Orgie) :