R273 Paysage provençal au toit rouge 1875-1876 (FWN95)
Pavel Machotka
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Dans Paysage provençal au toit rouge la tâche de Cézanne n’est pas tant de révéler les rythmes naturels, sous-jacents, que de concentrer notre regard. Ici il donne à la touche plusieurs formes différentes qui centrent la composition où il le faut tout en permettant à la surface de rester entièrement plate. D’ici quatre ans la touche sera parallèle, son intention plus évidente, mais ici elle n’est pas moins réfléchie : au centre les touches sont verticales et forment une sorte d’entonnoir qui nous attire vers le bas et à l’intérieur et maintient le centre en place contre les champs et les bosquets striés en diagonales. Le nœud central a besoin d’être indépendant, pour ainsi dire, d’éloigner notre attention d’un point qui serait visuellement de moindre intérêt : l’intersection de la maison – le seul endroit de rouge et blanc – avec le tronc d’arbre. C’est le point de plus grand contraste et le plus profond saut dans l’espace, mais Cézanne résiste à utiliser l’effet repoussoir et il pousse la maison et l’arbre ensemble, les mettant sur le même plan, tout en s’assurant que l’arbre reste à l’intérieur de l’espace de la scène.
Adapté de Pavel Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.