R581 – Portrait de madame Cézanne, 1888-1890 (FWN488)
R607 – Portrait de madame Cezanne, vers 1888 (FWN487)
R650 – Portrait de madame Cézanne, 1888-1890 (FWN489)

Pavel Machotka

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Portrait de madame Cezanne
1888-1890
R581 FWN488

Portrait de madame Cezanne
1888-1890
R650 FWN489

Portrait de madame Cezanne
vers 1888
R607-FWN487

Dans trois portraits attribués à la fin des années 1880, Cézanne peint sa femme dans un décor également quotidien, mal fagotée dans une blouse bleue. Pas moins ordinaires que le bleu pâle de la blouse, dans les trois tableaux, ses cheveux sont à peine coiffés et ramenés en arrière, et son visage n’a aucune expression. En tant que portraits des effets sur un être de la routine quotidienne, si là était leur intention, ce sont des réussites, presque impitoyables, et je sens que ma réaction affective rend difficile l’analyse de leur qualités formelles. Des trois, le Portrait de Madame Cézanne (R607-FWN487est le plus ambitieux ; Cézanne a choisi un motif de goutte d’eau gris bleu du papier peint et l’a accordé à la couleur de la robe ; il a roulé un tissu derrière son épaule droite pour enfermer son dos. En tant que composition de couleur le tableau fonctionne très bien – il a deux séries de complémentaires, par exemple, une orange et bleu gris, et l’autre carmin et vert – mais le coup de pinceau dans la blouse de travail est tâtillon et animé et l’équilibre des formes est imparfaitement réalisé.

Si le portrait fut fait en 1888, comme le suggère Rewald[1], il n’a pas l’assurance des paysages contemporains de Chantilly. Non que sa touche soit différente, parce que les portraits ont des exigences différentes, mais elle n’a pas d’énergie ; comme molle dans les deux autres portraits en blouse de travail, ce qui n’est pourtant pas le cas dans d’autres portraits de l’époque. Il faut en reconnaître l’humeur de ces trois poses (n’ayant pas d’autre grain à moudre), et noter que Cézanne, en renonçant à une touche claire, a réussi à l’adapter à l’expression du modèle et à créer une ambiance cohérente ; que cela fût un sacrifice ou pas, c’est difficile à dire.

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In three portraits ascribed to the end of the 1880s Cézanne paints his wife in an everyday setting, wearing a frumpy, blue housecoat. No less plain than the pale blue of the coat, in each of them, is her hair, which is merely brushed down and back, and her face, which is without expression. As portraits of the effects of daily routine, if that was their intent, they are successful, almost too mercilessly so, and I find that my emotional response to them makes it difficult to see their formal qualities. Of the three, the Portrait de Madame Cézanne (R607-FWN487) is the most ambitious; Cézanne has picked out a blue-grey water drop pattern from the wallpaper and matched it in color to the dress, and furled a fabric behind her right shoulder to enclose her back. As a color composition the painting works very well—it has two sets of complementaries, for example, an orange and grey-blue one, and a crimson and green one—but the brushstroke in the house coat is fussy and busy and the balance of forms is imperfectly resolved.

If the portrait was done in 1888, as Rewald suggests[1], it does not have the self-assurance of the contemporary Chantilly landscapes. It is not that its touch is different, because portraits have different requirements, but that it lacks the portraits’ typical self-assurance; it is equally uncertain of its purpose in the other two housecoat paintings, but not in other portraits of the time. We may credit the mood of the three sittings (having little else to go by), and note that Cézanne, in renouncing a clear touch, has suceeded in making the touch he uses fit the sitter’s expression and creating a consistent ambiance; whether this was a sacrifice or not is difficult to decide.

[1] PPC, vol. 1, p. 403.

Source: Machotka, Cézanne: the Eye and the Mind.

François Chédeville : on connaît l’admiration éperdue de Matisse pour Cézanne… Il est ici dans son appartement de Nice en 1932 (photo Albert-Eugène Gallatin). Au mur, deux magnifiques Cezanne, dont le portrait d’Hortense (R581-FWN488) juste au-dessus de sa tête [1] il y a aussi Rochers près des grottes au-dessus du Château Noir, c.1904 (R909-FWN338) :

Henri Matisse dans son appartement à Nice, 1932. Photo Albert-Eugène Gallatin (1881-1952)
Philadelphia Museum of Art, A.E. Gallatin collection, 1952 (1952-61-130)

C’est pourquoi il ne peut s’empêcher d’adresser un clin d’oeil à ce portrait quand il dessine ce Nu assis :

Henri Matisse Nu assis et Portrait de Madame Cézanne (D.-M. 133) etching, 1929, on Chine appliqué, signed in pencil, numbered 9/25

 

 

 

Références

Références
1 il y a aussi Rochers près des grottes au-dessus du Château Noir, c.1904 (R909-FWN338)