R310 Le Clos des Mathurins à Pontoise (l’Hermitage) 1875 (FWN100)
Pavel Machotka
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Cézanne affronta un problème similaire à celui de Paysage – Orée d’un bois de 1876 (R276 FWN103) avec un tableau fait pendant son second séjour avec Pissarro, en 1877, sur un site que Pissarro avait déjà peint. Il ne s’agissait pas de réduire le nombre de détails trop nombreux mais de trouver la composition juste, et Cézanne y arriva en se tenant assez loin du point de vue de Pissarro jusqu’à ce que le site présente la composition dont il avait besoin. Pissarro a peint à mi-pente d’une colline, si bien que la colline et la route en bas formaient une diagonale prononcée traversant la toile (Route de Saint-Antoine à Pontoise, 1875).
Pour Cézanne, cette disposition créait un tableau instable et déséquilibré. En se déplaçant en bas de la colline et sur la gauche, et près des bâtiments, il obtenait une ligne de sol plus proche de l’horizontale, il avait donc une vue complète sur les immeubles dégringolant la pente ; et ce qui restait de la pente était à présent équilibré par les toits. Les deux peintres utilisèrent le toit rouge comme pivot et comme complément des verts, mais Cézanne s’est placé de telle sorte que le toit ferait un contrepoids naturel à la masse des arbres à droite, tandis que du point de vue de Pissarro le toit devait être fortement resserré. En tout cas c’est ce qu’il semble quand on voit le tableau de Pissarro près de celui de Cézanne ; c’est en fait un tableau dont l’intention est différente, où le portrait aimable de la vie dans ce district rural de Pontoise joue un rôle aussi grand que la structure.
Adapté de Pavel Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.