R275 La Route ; Le Mur d’enceinte, 1875-1876 (FWN102)
Pavel Machotka
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Savoir que dans les quatre ou cinq ans Cézanne allait compter sur la touche parallèle pour organiser ses paysages peut nous inciter à juger les tableaux de la période post-Pissarro dans cette perspective. Mais un tableau tel que Paysage provençal (R133 FWN 52) nous informe que c’est d’une intention claire que le tableau a besoin, pas d’une touche spécifique, et cela nous rappelle qu’il ne faut pas céder à cette tentation. Le Mur d’enceinte, vaguement contemporain de Paysage, l’affirme très nettement. Des touches verticales dans la bande du bas s’assurent que nous la voyions non comme un ruban d’eau mais comme un mur, et les larges touches arrondies du haut poussent le feuillage vers la droite, l’entrelaçant aux troncs des arbres. C’est-à-dire que toutes les touches clarifient ce qu’elles représentent, et les rondes prêtent à la composition son mouvement ; par leur contraste de lumière et de couleur, elles créent aussi la profondeur. C’est un tableau inhabituellement gai, d’une composition simple et libéré de tensions, et peut-être que la scène n’a pas imposé de lourdes exigences sur la touche de Cézanne.
Adapté de Pavel Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.