François Chédeville
Les « Montagne Sainte-Victoire » du plateau de Valcros et les collines de l’est d’Aix-en-Provence – III (FWN258-R631)
(Cliquer sur les images pour les voir en vraie grandeur)
Localisation de La Montagne Sainte-Victoire vue de Bellevue (FWN258-R631)
Compte tenu des localisations acquises et du principe selon lequel le point P nous permet de nous situer sur un itinéraire du peintre de plus en plus orienté vers le nord à mesure que ce point se déplace vers la droite sur la toile, notre champ de recherche se limite à la zone suivante :
En effet, pour les œuvres situées sous le trait rouge du bas, la verticale du point P se situait à gauche de la Croix de Provence, alors que pour les 4 œuvres à identifier cette verticale se situe à sa droite, donc au nord. Il en est de même, pour FWN127-R398 situé au-dessus du trait rouge du haut, mais cette œuvre présente l’écart maximum entre la verticale du point P et la Croix de Provence : c’est donc celle où Cezanne s’est situé le plus au nord de Valcros.
En outre, comme la distance D de FWN258-R631 analysée ici est la plus faible des quatre œuvres à étudier (voir Fig. 10 et 11), c’est donc celle qui se situe le plus au sud de celles-ci.
Si l’on trace l’axe du tableau (qui passe par Le Signal) et la droite joignant la Croix de Provence au point P, on constate que ces deux droites sont concourantes au lieu de la position du peintre :
En reportant la droite qui joint la Croix de Provence au point P sur une carte IGN, on obtient l’axe sur lequel se situe Cezanne :
L’agrandissement de l’axe de recherche sur Valcros aboutit à Bellevue :
Le tableau indique que Cezanne est en position élevée par rapport au reste du plateau, et nous savons par ailleurs que Renoir ayant peint près de lui, ils se situent dans un champ d’oliviers. Or les photos aériennes anciennes montrent que les éventuels autres champs d’oliviers que celui qui entoure Bellevue sont tous situés en contrebas de la Constance, donc pas assez élevés pour rendre compte de la configuration du tableau. En outre, aucun bâtiment, à part la Constance, ne se trouve assez près de l’axe de recherche sur sa gauche pour pouvoir figurer sur le tableau tout près du peintre juste sous le bord en surplomb du champ d’oliviers.
Nous faisons donc l’hypothèse que Cezanne se situe près du bord du champ d’oliviers qui surplombe le niveau inférieur où se situe la Constance. Près du bord, parce que par rapport au tableau de Renoir, il n’y a qu’un olivier proche de la limite du champ à gauche dans le tableau de Cezanne :
En positionnant l’axe de recherche, l’axe du tableau et les deux axes joignant la position possible de Cezanne aux deux extrémités de la ligne d’horizon du tableau (début des Costes Chaudes à gauche, début du Cengle à droite, cf. Fig. 30), on obtient sur une carte satellite la configuration suivante :
On constate que, comme sur le tableau, la maison figurant au cadastre napoléonien sous le n° de parcelle 1222 (cf l’étude sur FWN128-R399) se situe exactement sur l’axe de recherche, comme sur le tableau, et qu’elle est bien positionnée en position haute sur la colline formant le rebord du plateau de Valcros qui surplombe la voie ferrée Aix-Rognac.
Ne disposant pas de photographie prise exactement depuis la position que nous avons déterminée, on recourt à des reconstitutions 3D pour la valider :
Dans les deux cas on voit bien la maison 1222 au sommet de sa colline et précédée d’un grand champ (ici ocre, et que l’on retrouvera sur R608 et R901) aperçu dans la trouée de verdure chez Cezanne comme chez Renoir. Il faut simplement supposer que le massif de verdure derrière lequel se trouve le point de localisation de Cezanne n’existait pas avec une telle abondance dans les années 1880 et 1890, ce que confirment les photos aériennes anciennes (rappelons que les études déjà publiées ont montré que la presque totalité de la végétation actuelle était absente encore dans les années 1940).
Une tentative au plus près du sol (on ne peut guère descendre plus avec Google earth sans qu’il passe automatiquement à l’option « vue au niveau du sol », qui ne permet pas de voir quoi que ce soit puisqu’au premier plan on trouve uniquement le bosquet derrière lequel on a placé le point où devait se tenir Cezanne) permet elle aussi de bien voir au loin dans la trouée végétale la maison 1222 au-dessus de son champ :
On peut donc « lire » les éléments du tableau depuis cette position de la façon suivante :
(La bastide de Baylon était visible à l’époque de Cezanne à l’emplacement indiqué sur la figure 38, au-delà de la limite de Valcros dans la trouée qui séparait la colline Vasarely de la colline 1222.)
Cette lecture est parfaitement cohérente avec les éléments réels observables ou reconstitués en 3D.
On peut donc considérer que la localisation est valide.
Pour la conforter, on peut ici aussi vérifier l’exactitude du dessin des collines de l’arrière fond, en les comparant à la reconstitution 3D rapprochée (située sur l’axe du tableau) suivante :
(Bien entendu, comme on s’est beaucoup rapproché de ces collines, le point P se trouve ici décalé vers la gauche par rapport à sa position perçue depuis le lieu où se tenait Cezanne.)