R083 – Crâne et chandelier, vers 1866 (FWN707)

Pavel Machotka

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Crâne et chandelier, vers 1866
47.5 x 62.5 cm
R083-FWN707

Que la vie émotionnelle de Cézanne ait été complexe, cela ne fait aucun doute, et il est évident que pendant sa jeunesse, des pensées de mort, souvent liées au sexe, n’étaient jamais très loin ; on en a la preuve dans sa poésie. Quant à l’unique nature morte avec crâne peinte autour de ses vingt ans, elle pouvait être le fruit des mêmes pensées, ou non. Crâne et chandelier à certains égards est trop conventionnel – la chandelle brûlée, les fleurs fanées, le livre ouvert de la vie – et trop lourd. La composition ne trouve jamais son unité, et il est impossible de dire si c’est le résultat d’une pensée conventionnelle ou si le problème vient de ce que le motif est peint sur une autre composition. Mais la touche du couteau à palette est forte et les couleurs sont très vives. Le couteau pose parfois la peinture en touches, d’autres fois par épaisses traînées, et cela donne un tableau plus près de l’objet que de l’image. Les couleurs surtout ont la sûreté et le sens de l’équilibre propres à Cézanne : pas tant les complémentaires rouge-vert, auxquels nous sommes accoutumés, que le blanc crème du crâne contre le fond gris froid.

 

Source: Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.

 

That Cézanne’s emotional life was complex is beyond doubt, of course, and that thoughts of death, often connected with sex, were close to him as a young man, is obvious; we have the evidence of his poetry. The one still life with a skull that he painted in his twenties, however, may or may not be the product of the same thoughts. Crâne et chandelier is in some ways too conventional—the burnt candle, spent flowers, open book of life—and too heavy. The composition never comes together, and it is impossible to say whether that is the result of his

conventional thinking or the problem of painting over another composition. But the palette knife touch is compelling and the colors are very much alive. The knife is sometimes set down in touches, at other times dragged in thick paste, and the result is a painting that is more a firm object than it is an image. The colors, above all, have Cézanne’s sense of sureness and balance: not especially the red-green complementary, to which we are becoming accustomed, but the cream-white skull against the cool grey ground.

 

Source : Machotka, Cézanne : The Eye and the Mind.