R561 – Nature morte au plat de cerises, 1885-1887 (FWN806)

Pavel Machotka

(Cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Nature morte au plat de cerises, 1885-1887
50.4 x 61 cm
R561 – FWN806

Cézanne est à la recherche de quelque chose d’entièrement différent, aussi original, dans Nature morte au plat de cerises. Avec une composition apparemment guindée, ses contrastes de couleurs sont riches, et le risque pris avec les deux grandes assiettes de cerises identiques intéressant. Ayant toujours vu Cézanne faire de son mieux pour éviter d’une répétition mécanique, on est en droit d’être surpris par cette masse homogène ; mais Cézanne connaissait le précédent de Chardin, qui avait peint une pyramide délicieuse de framboises, et travaillait sur la foi de ses propres sens : la masse rouge pouvait être équilibrée par les verts vifs du pot à olives et de la nappe. Ce choix fait, il prend deux verts et deux rouges, à chaque fois un plus chaud et un plus froid, les deux tons extrêmement saturés, pour réussir immédiatement une harmonie étourdissante. Il ne négligea pas pour autant la composition ; elle n’est ni frontale ni symétrique, mais arrangée de telle sorte que notre regard soit conduit autour des exigeantes cerises – le pied de la table au fond nous mène vers le haut à droite, et le pli du tissu qui tombe (ainsi que la légère élongation de l’ouverture du pot et l’assiette de cerises) nous mène vers un point situé à droite du pot à olives où l’espace semble s’enrouler sur lui-même.

 

Source: Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.