R655 – Madame Cezanne au fauteuil jaune, 1888-1890 (FWN493)

et

R651 – Madame Cezanne au fauteuil jaune, 1888-1890 (FWN490)
R652 – Portrait de madame Cezanne en rouge, 1888-1890 (FWN491)
R653 – Madame Cezanne au fauteuil jaune, 1888-1890 (FWN492)

Pavel Machotka

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Madame Cezanne au fauteuil jaune
1888-1890
R651-FWN490

Portrait de madame Cezanne en rouge
1888-1890
R652-FWN491

Madame Cezanne au fauteuil jaune
1888-1890
R653-FWN492

Madame Cezanne au fauteuil jaune
1888-1890
R655-FWN493

Dans les quatre portraits de Madame Cézanne en robe rouge, la composition ferme et sûre n’est pas moins significative que les harmonies de couleurs ; même le simple lambris présent derrière la chaise jaune dans l’une des versions plus modeste (R653-FWN492) permet à Cézanne de réaliser un équilibre dynamique[1].

Dans Madame Cézanne au fauteuil jaune (R655-FWN493), le plus complexe et ambitieux des quatre portraits à la fois pour la couleur et la composition, une quatrième couleur a été ajoutée, un bleu-vert complexe, et un certain nombre d’objets : le rideau présent dans Mardi Gras et une cheminée avec un miroir et des pinces. Paradoxalement, la quatrième couleur simplifie la tâche, parce qu’elle apporte deux paires de complémentaires (bleu/jaune et vert/rouge), mais le tableau reste complexe et imposant ; sa géométrie demande une attention soutenue. On peut considérer la composition comme une interaction entre des rectangles verticaux et des formes organiques inclinées, ou comme une série de formes de plus en plus inclinées qui commencent par se tenir debout à gauche, pour s’ouvrir peu à peu vers la droite, jusqu’à être arrêtées par le rideau massif – là où tout l’arrière-plan est également incliné. Dans ce déploiement, le personnage de madame Cézanne occupe un point médian ; elle se penche et se tient droite en même temps ; elle est aussi au centre de la scène, et sa forme ample, l’ovale simple de ses bras, et le rouge de sa robe s’imposent. Elle est habillée pour poser une nouvelle fois, comme dans les autres versions, et sa tête allongée lui rend l’élégance dont elle avait été privée dans la série où elle figurant en blouse de travail bleue.

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In four late portraits of Mme Cézanne in a red dress, no less significant than the bold color harmonies are their firm, unerring compositions; even the simple wainscotting behind the yellow chair in one of the simpler versions (R653,-FWN492) serves Cézanne to achieve a dynamic balance[2]. In Madame Cézanne au fauteuil jaune (R655-FWN493), the most complex and ambitious of the four both in color and composition, a fourth color has been added, a complex green-blue, and a number of objects: the curtain that we have seen in Mardi gras and a fireplace with mirror and tongs. Paradoxically, the fourth color simplifies matters, because it gives us two pairs of complementaries (yellow/blue and red/green), but the painting remains intricate and imposing; the geometry calls for sustained attention. We can look at the composition as an interplay between upright rectangles and inclined organic forms, or we can see it as a series of increasing inclined shapes which start vertical at the left and fan out step by step toward the right, until they are stopped by the massive curtain—at which point the whole background is inclined as well. In this array, the figure of Madame Cézanne occupies a halfway point; she both leans and sits upright; she is also center stage, dominant by her large form, the simple oval of her arms, and the red of her dress. She is dressed for posing once again—in the other versions, too—and her elongated head restores to her the elegance she was deprived of in the housecoat series.

[1] Voir par exemple, la discussion de Rudolf Arnheim sur l’équilibre dans R563, dans son Art and visual perception, 2nd edition, Berkeley: University of California Press, 1974, chapitre sur l’équilibre.

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[2] See, for example, Rudolf Arnheim’s discussion of the balance in R653, in his Art and visual perception, 2nd edition, Berkeley: University of California Press, 1974, chapter on balance.

Source: Machotka, Cézanne: the Eye and the Mind.

NB. Pour son édition de 1914, Vollard avait préparé une héliogravure de R655-FWN493 en 26 x 20 cm (pleine page avec marges : 32,5 x 24,5 cm), planche qu’il n’a finalement pas utilisée.

Pour mémoire : le rideau utilisé dans Mardi Gras et dans Madame Cezanne au fauteuil jaune :

Le Rideau
1888-1890
R654-FWN817