R656 – Le Garçon au gilet rouge, 1888-1890 (FWN494)

Pavel Machotka

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Le Garçon au gilet rouge,
1888-1890
R656-FWN494

Des quatre portraits du modèle Michelangelo di Rosa, le plus petit, mais en aucun cas le moins significatif, est Le Garçon au gilet rouge à la pose frontale (R656-FWN494). Frontal certes, mais aussi tout à fait asymétrique. A l’inclinaison douce du corps vers la gauche, Cézanne ajoute une tête qu’il allonge fortement vers la gauche et le haut, puis, pour contenir ce déséquilibre, il fait se pencher la figure vers un rideau solidement planté ; le

résultat est si équilibré que nous sommes à peine conscients du stratagème, pourtant si dynamique qu’à aucun moment la composition ne reste paisible. La nuance vermillon est équilibrée de façon nette : elle est entourée de tons verts dans la chemise blanche. Le vert est subtilement traité afin de ne pas s’opposer au vermillon trop fortement ; au contraire, il ne ressort qu’en tant que composant d’autres tons locaux telles les touches bleues de la chemise et du fond, les marron rouge du rideau et les tons chair du visage. C’est parfaitement suffisant pour que l’ensemble des couleurs soit équilibré, et cela ne retire rien à la domination du rouge ; le rouge doit rester le centre du tableau, mais sans choquer, d’où des taches de cette couleur plus accentuées que dans la réalité sont ajoutées au visage.

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Of the four portraits Cézanne painted of the model Michelangelo di Rosa, the smallest, and by no means the least significant, is the frontally posed Le Garçon au gilet rouge (R656-FWN494). As frontal as it is, it is also quite asymmetrical. To the gentle leftward slant of the body Cézanne adds a head that he elongates sharply to the left and up, and then to contain this imbalance he has the figure lean into a solid curtain; so balanced is the result that we are barely aware of the stratagem, yet so dynamic is the composition that at no time does it become still. The vermilion hue is balanced straightforwardly: it is surrounded by green tones in the white shirt. The green is handled subtly, so as not to compete; instead, it pops up only as a component of other local colors, such as the blue touches in the shirt and the background, the dark red-browns in the curtain, and the flesh tones in the face. This is perfectly sufficient for color balance, and it does not take away from the red’s dominance; the red must remain the painting’s focus, but it also must not shock, so patches of it are added to the face.

Source: Machotka, Cézanne: the Eye and the Mind.

Voir aussi Le Garçon au gilet rouge (R657-FWN495)

Deux autres portraits à l’huile de Michelangelo di Rosa existent également :

Le Garçon au gilet rouge,
1888-1890
R658-FWN496

Le Garçon au gilet rouge,
1888-1890
R659-FWN497

Copie par Egisto Fabbri, qui a acquis l’original chez Vollard le 11 janvier 1896

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Enfin, il existe aussi deux aquarelles :

Le Garçon au gilet rouge,
1888-1890
RW375

Le Garçon au gilet rouge,
1888-1890
RW376

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A noter la mésaventure arrivée au Garçon au gilet rouge (R658-FWN496) :

 » Le Cézanne volé et retrouvé ? Un coup des Panthères roses.

La police serbe vient de mettre la main sur l’un des fugitifs les plus recherchés du monde. Pas un quelconque criminel de guerre sanguinaire. Mais un homme au regard doux et à l’apparence bien mise, le visage juvénile bien que vieux de… 124 ans. Le Garçon au gilet rouge de Paul Cézanne a été retrouvé à Belgrade lors d’une opération menée mercredi 11 avril. La toile, estimée à quelque 70 millions d’euros, avait été dérobée le 10 février 2008 à la Fondation E. G. Bührle de Zurich.

Ce matin-là, trois gangsters vêtus de noir et cagoulés avaient fait irruption dans la grande maison patricienne abritant la collection amassée avant et pendant la seconde guerre mondiale par l’industriel allemand installé en Suisse. Ils avaient dérobé quatre toiles impressionnistes, réalisant l’un des plus grands vols d’oeuvres d’art opérés en Europe.

Comme souvent en pareil cas, le monde de l’art avait plongé dans les supputations. Qui pouvait avoir pris ces chefs-d’oeuvre ? Comment les malfrats allaient-ils écouler ces pièces invendables ? Les interrogations rebondissaient une semaine plus tard, lorsque deux des tableaux, Branches de marronniers en fleur (1890), de Vincent Van Gogh, et Champ de coquelicots près de Vétheuil (vers 1879), de Claude Monet, étaient retrouvés sur le parking d’un hôpital psychiatrique voisin. Une dissension entre les trois bandits ? Une  » authentification « , préalable à une demande de rançon ?

Puis plus rien. En octobre 2011, à Belgrade, deux toiles de Picasso, dérobées dans un autre musée suisse une semaine avant le spectaculaire braquage étaient saisies dans un coffre à Belgrade. Mais du Garçonau gilet rouge et de Ludovic Lepic et ses filles (vers 1871), d’Edgar Degas, aucune trace.

En réalité, les policiers belgradois suivaient la piste des gangsters depuis deux ans, a annoncé le ministre serbe de l’intérieur, Ivica Dacic. Le procureur spécial chargé de la lutte contre le crime organisé a précisé que les enquêteurs avaient surveillé un acheteur prêt à payer 3,5 millions d’euros pour la toile. L’homme avait déjà versé 1,8 million. La police a refusé d’indiquer son profil, mais il ne fait pas partie des quatre personnes interpellées mercredi. Si bien que l’hypothèse d’un  » coup d’achat  » – la police se faisant passer pour un acheteur – circulait vendredi.

Cent braquages

Les policiers ont retrouvé le tableau derrière la tapisserie du toit d’une voiture. Dans différents véhicules, ils ont également découvert des armes, des munitions et 1,5 million d’euros en liquide. Selon le ministre serbe, l’un des interpellés aurait directement conduit l’attaque à main armée. Les trois autres auraient assuré son organisation.

C’est pourtant l’un des trois derniers qui intéresse le plus la police. Selon le journal Blic, Ivan Pekovic, 36 ans, est soupçonné d’être l’un des cerveaux des Panthères roses. Ce gang international de plusieurs dizaines de personnes aurait à son actif plus de cent braquages à Londres, Dubaï, Tokyo, Genève, Monaco ou encore Paris. La Panthère rose coincée pour le vol d’un Cézanne ? Tadam, tadam… Blake Edwards et Peter Sellers n’auraient sans doute pas rêvé mieux.

Nathaniel Herzberg »

Source : Le Monde, 15 avril 2012