R897 – Femme nue debout, 1898-1899 (FWN694)

RW387 Femme nue debout, 1898-1899

Pavel Machotka

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Femme nue debout
1898-1899
R897 – FWN694

Un tableau, Femme nue debout, fait à peu près en même temps que le Portrait de M. Ambroise Vollard est une étude d’après nature qui montre que Cézanne, au moins à cette occasion, a peint un nu féminin d’après nature. Le modèle s’appelait Marie-Louise et le tableau fut réalisé dans le même atelier que le tableau de Vollard[1]. Ce n’est pas tant un portrait ou l’étude d’un individu qu’une exploration d’une certaine catégorie de tableau ; mais l’aspect du nu représenté et le but poursuivi ne sont pas très clairs. C’est une pose assez séduisante, mais l’exécution, elle, l’est moins. On peut confirmer cette impression en regardant une étude à l’aquarelle préparatoire, qui comme nous nous y attendions, est plus réaliste, et qui en fait montre des seins ronds, un ventre plus sensuel, plus ferme et plus proportionné.

Femme nue debout
1898-1899
RW387

Cette étude est de grande taille—à peine 3 ou 4 cm de moins que l’huile – et elle est réalisée sur trois feuillets de papier collés ensemble, ce qui montre que la préparation de Cézanne était faite avec le plus grand sérieux. Le tableau est certainement fondé en partie sur l’observation ; mais il reflète aussi la transposition d’une aquarelle en une huile : le visage est stylisé, la rondeur du ventre atténuée, et la zone pubienne fondue avec l’ombre projetée par le ventre. Tout cela – et les jambes également, qui s’affinent subitement puis se terminent par des pieds trop grands – semble moins charnu, moins féminin[2]. Mais même avec cette preuve de la préparation soigneuse de Cézanne, nous ne sommes pas plus avancés pour comprendre le retrait de la toile par rapport aux promesses de sensualité de l’aquarelle, ni le propos ultime de l’image finale.

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One figure painting done at about the time of the Portrait de M. Ambroise Vollard is a life study that shows that Cézanne could, at least on one occasion, paint the female nude from life. The model was named Marie-Louise and the painting was done in the same studio as the painting of Vollard[3]. It is not quite a portrait nor a study of an individual, but rather a venture into a category of painting; but it is not clear what aspect of the nude is being represented and for what purpose. It is a seductive enough pose, but a less seductive execution. We can confirm this by looking at a preparatory watercolor study, which as we would expect is more realistic, and which in fact shows us rounder breasts, a more sensuous belly, a more lifelike head, and legs that are shorter, firmer, and more proportionate. The study is large—a mere 3 cm or so shorter than the oil—and is done on three sheets of paper glued together, so Cézanne’s preparation is of the utmost seriousness. The painting was certainly based in part on direct observation; but it also reflects a translation from watercolor to oil: the face is stylized, the belly understated, and the pubic area fused with the shadow cast by the belly. All of this—and the legs, too, which taper precipitously and then end in outsized feet—seems less fleshy, less feminine. But even with this evidence of Cézanne’s careful preparation, we are no closer to understanding the retreat from his sensuous beginnings in the watercolor, nor the ultimate purpose of the final image.

[1] Pour retrouver ces remarques et d’autres sur le modèle, voir Rewald’s PPC, vol. 1, p. 527.

[2] Je n’ai jamais pu m’expliquer pourquoi parfois jambes et pieds donnent du fil à retordre à Cézanne ; à part l’amincissement du tibia et la taille des pieds, on voit souvent des genoux croisés maladroitement. Parmi les tableaux reproduits ici, on peut voir des problèmes dans R150-FWN601 (Une lecture de Paul Alexis chez Zola), R235-FWN620 (La conversation), R291-FWN647 (L’après-midi à Naples [avec servante noire]), R370-FWN914 (Baigneur aux bras écartés), Mardi gras, et R855-FWN919 (Les grandes baigneuses). En revanche, le pied du grand baigneur est exact et expressif.

[3] For these and the other observations about the model see Rewald’s PPC, vol. 1, p. 527.

Source: Machotka, Cézanne: the Eye and the Mind.