R896 – Fillette à la poupée, 1902-1904 (FWN538)

Pavel Machotka

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Fillette à la poupée
1902-1904
R896 – FWN538

Dans Fillette à la poupée, le chapeau, en plein soleil, projette le visage dans une ombre profonde, et on peut noter que Cézanne évite de rendre avec du bleu parce que les vêtements, la poupée, et une grande partie du fond sont déjà bleus. Le style de la végétation dans l’arrière-plan est le même que celui de ses derniers paysages, ce qui suggère de dater cette toile d’après 1900, et réalité si nous supposons que le tableau a été fait sur la terrasse de l’atelier des Lauves, alors il a été peint après 1902. Le style du personnage est lui aussi tardif, avec des changements forts dans les plans, comme aux genoux de la fillette, des changements abrupts de couleur, comme dans son visage, et des ruptures inattendues de contours, comme dans son chapeau. La touche dans les contours est ferme et liquide, et posée de façon à simplifier les formes aux dépens de la représentation. Comme nous l’avons vu dans les paysages, toutes ces nouvelles techniques, incisives, attirent l’attention sur la forme et la couleur plutôt que sur les objets. Ici Cézanne a en effet soudé les mains de la fille en une forme unique, et avec le chapeau orange et les mains complémentant la robe bleue, il a réalisé un tableau qui n’est pas seulement formellement équilibré, mais aussi plein de tendresse grâce aux relations entre les couleurs.

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In Fillette à la poupée the model’s hat, in full sun, casts the face into deep shadow, and it may be noted that Cézanne avoided the color blue for the shadow because the clothes, the doll, and much of the background were blue already. The style of the vegetation in the background is the style of his late landscapes, which suggests a date after 1900, and in fact if we assume that the painting was done on the terrace of the Lauves studio, then it was painted after 1902. The style of the figure, too, is a late style: sharp changes in planes, as at the girl’s knees, abrupt changes in color, as in her face, and unexpected breaks in outline, as in her hat. The touch in the outlines is firm and liquid, and set down so as to simplify the shapes at the expense of representation. As we have seen in landscapes, all these new, incisive devices call attention to form and color rather than to the objects. Here Cézanne has in effect welded the girl’s hands into a single form, and with the orange hat and the hands complementing the blue dress, he has created a painting that is not only formally balanced, but through its color relationships deeply tender as well.

 

Source: Machotka, Cézanne: the Eye and the Mind.