R810 – Portrait d’Henri Gasquet, 1986 (FWN522)

Pavel Machotka

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Portrait d’Henri Gasquet
1986
R810-FWN522

Le portrait du camarade de classe de Cézanne, Henri Gasquet – demeuré son ami – , est manifestement physique et psychologique. L’homme a prospéré et, selon Rewald, avait un visage et des manières empreintes de dignité semblables à celles du notaire d’une petite ville[1]. Il semble très présent ici, dominant la composition par son air satisfait, sa tête penchée, le chapeau incliné avec désinvolture et le cigare non allumé. Bien que je considère les tableaux d’un point de vue formel, certes, il m’est impossible de ne pas prendre du plaisir ici à l’assurance de Gasquet, et de ne pas me réjouir de ce que j’interprète comme la propre confiance en lui de Cézanne, exprimée dans ses touches droites, définitives, sans repentir. Et cependant les plaisirs formels qui nous sont procurés sont considérables également : le bord du chapeau, le cigare, l’épaule, l’un des revers, tous ces éléments sont formés d’un simple mouvement, tandis que l’autre épaule, le second revers, et la coupe du manteau les contrebalancent naturellement (mais comme l’équilibre n’est que partiel et que la tête penche du côté gauche, Cézanne le contient subtilement dans un rectangle qui s’incline à droite). L’équilibre des diagonales n’est pas forcé, comme pour le Portrait d’Antoine-Fortuné Marion ; il semble porter l’expression naturelle de la dignité d’un homme.

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Henri Gasquet had been Cézanne’s schoomate and remained his friend, and his portrait is understandably physical and psychological. The man had grown prosperous and, according to Rewald, had a dignified face and manner, looking like a small-town notary[2]. He seems very present here, dominating the composition by his contented air, inclined head, rakishly tilted hat, and unlit cigar. As formally as I look at paintings, I find it impossible not to take pleasure from Gasquet’s self-assurance here, and not to enjoy what I take to be Cézanne’s own self-confidence, expressed in his straight, definitive, uncorrected touches. And the formal pleasures are considerable as well: the hat brim, the cigar, the shoulder, one of the lapels, all make for one simple movement, while the other shoulder and lapel, and the cut of the coat, create a natural counterbalance. (But since the balance is only partial and the head leans strongly to the left, Cézanne contains it subtly in a rectangle that leans to the right.) The balance of diagonals is not forced, as it had been with the Portrait d’Antoine-Fortuné Marion ; it seems a natural expression of the man’s dignity.

 

[1] Voir sa préface à Joachim Gasquet’s Cézanne, p. 9.

[2] See his preface to Joachim Gasquet’s Cézanne, p. 9.

Source: Machotka, Cézanne: the Eye and the Mind.