François  Chédeville

Localisation de L’Aqueduc du canal du Verdon au nord d’Aix (FWN186-R520)

 (Cliquer sur les images pour les voir en vraie grandeur)

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Fig. 1. FWN186-R520 L’Aqueduc du canal de Verdon au nord d’Aix 82-83

 

 

Cette toile représente à l’arrière-plan une partie de l’ancien pont-aqueduc de Calèche[1]Site identifié par Ratcliffe selon Rewald désormais abandonné, situé dans le quartier des Platanes au nord-est d’Aix. Cet ouvrage d’art réalisé en 1876-77 faisait partie de la branche des Pinchinats de l’ancien canal d’irrigation du Verdon, dont on trouvera une description plus détaillée en Annexe I. Quand Cezanne le peint, cet ouvrage d’art est construit depuis environ cinq années.

 

I – Situation du pont-aqueduc de Calèche dans son environnement

Le pont-aqueduc de Calèche mesure 1 116 mètres pour une hauteur maximale de 9 mètres. Il comprend 146 arches en plein cintre de 6 mètres d’ouverture, et une bâche en tôle aujourd’hui démontée de 20 mètres de portée pour la traversée de la route de Sisteron. Le tracé sinueux épouse approximativement la ligne de crête de séparation des eaux entre la vallée de la Touloubre et celle du ruisseau des Pinchinats, au lieudit col de Calèche, d’où son nom.

Une reconstitution 3D permet de prendre la mesure de l’ouvrage :

Fig. 2. Vue 3D du pont-aqueduc de Calèche

Fig. 2. Vue 3D du pont-aqueduc de Calèche

 

 

 

 

 

 

Le report du pont-aqueduc sur la carte IGN permet à la fois de le situer et d’apprécier sa longueur :

Fig. 3. Position du pont-aqueduc de Calèche sur la carte IGN

Fig. 3. Position du pont-aqueduc de Calèche sur la carte IGN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

II – Les éléments du tableau à prendre en compte pour localiser Cezanne

Sur le tableau ne figure évidemment qu’une partie du pont-aqueduc. Pour la déterminer et en déduire la position de Cezanne, les éléments dont nous disposons sont :

  • au premier plan, l’inclinaison assez abrupte d’un coteau sur lequel le peintre est installé, lui conférant une position dominante par rapport à la plaine qui s’étend entre le bas du coteau – où passe un chemin rectiligne – et l’aqueduc ;
  • la ligne d’horizon des collines à l’arrière-plan, très légèrement incurvée par rapport à l’horizontale :
  • sur l’aqueduc lui-même, le passage de la route de Sisteron avec la bâche en tôle reliant les deux parties de l’ouvrage. Cet élément va nous permettre de positionner dans la suite la partie de l’aqueduc visible sur la toile ;
  • l’indication de quelques maisons dans la plaine.
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Fig. 4. Les éléments du paysage

 

 

 

 

 

 

 

 

III – Détermination du coteau sur lequel se tient Cezanne

L’élément le plus caractéristique est évidemment le coteau assez escarpé dominant la plaine. Le survol de la région montre qu’il n’y a qu’au sud-est de l’aqueduc que l’on retrouve un tel élément : le versant ouest de la colline de la Keyrié :

Fig. 5. La colline de la Keyrié

Fig. 5. La colline de la Keyrié

 

 

 

 

 

 

Un tour d’horizon effectué à partir de l’aqueduc confirme qu’il n’y a pas d’autre endroit présentant une telle déclivité par rapport à la plaine, et ceci est confirmé par l’examen des courbes de niveau sur la carte IGN si l’on reste à une distance raisonnable de l’aqueduc, distance compatible avec celle qu’on peut évaluer sur le tableau[2]Les quatre images suivantes doivent être vues en grandeur originale pour être démonstratives. La taille compatible avec ce document rend leur lisibilité faible. :

Fig. 6. Vue depuis l’aqueduc vers le sud-ouest

Fig. 6. Vue depuis l’aqueduc vers le sud-ouest

Vers le sud-ouest, les seuls reliefs possibles le sont du côté des Lauves d’Entremont, et l’angle sous lequel est vu l’aqueduc ne correspond pas à celui du tableau.

 

 

 

Fig. 7. Vue depuis l’aqueduc vers le nord-ouest

Fig. 7. Vue depuis l’aqueduc vers le nord-ouest

Vers le nord-ouest, il faut aller au-delà de Puyricard pour commencer à trouver un relief significatif, donc trop éloigné de l’aqueduc.

 

 

Fig. 8. Vue depuis l’aqueduc vers le nord-est

Fig. 8. Vue depuis l’aqueduc vers le nord-est

Vers le nord-est, les reliefs sont trop éloignés,, et l’angle sous lequel est vu l’aqueduc ne correspond pas à celui du tableau.

 

 

Fig. 9. Vue depuis l’aqueduc vers le sud-est

Fig. 9. Vue depuis l’aqueduc vers le sud-est

Vers le sud-est, on peut vérifier que la colline de la Keyrié au-dessus de la route des Pinchinats offre un point de vue à partir duquel l’aqueduc est vu sous un angle correspondant à celui du tableau. Un autre endroit un peu plus au nord-est est également possible, bien que plus éloigné : au-dessus du chemin de la Fontaine des Tuiles à l’est de Tournon, un mamelon adossé au ravin de Cascaven mérite d’être examiné. La carte suivante localise précisément ces deux lieux :

Fig. 10. Vue aérienne des positions possibles

Fig. 10. Vue aérienne des positions possibles

 

 

 

 

 

 

Avant de chercher à préciser la position de Cezanne le long de ces routes, il convient de vérifier qu’en ces endroits l’escarpement du terrain est suffisant pour rendre compte de la hauteur à laquelle se tient le peintre par rapport à la plaine selon le tableau.

1) Hypothèse Route des Pinchinats

Une carte postale d’avant 1905 donne un aperçu de l’escarpement du coteau qui amorce le massif de la Keyrié dominant la plaine, avec sa montée en terrasses successives :

Fig. 11. Le Vallon des Pinchinats vu de l’aval vers 1905

Fig. 11. Le Vallon des Pinchinats vu de l’aval vers 1905

 

 

 

 

La photo est prise à 400 m. environ en aval de l’église Sainte Anne et montre l’escarpement où pouvait se trouver Cezanne, dominant nettement la petite butte à gauche qui ne gêne donc pas le regard vers la plaine et l’aqueduc. Cette carte postale donne une bonne idée du relief (le dénivelé étant par ailleurs confirmé par la carte IGN) :

Fig. 12. Le Vallon des Pinchinats vu de l’aval

Fig. 12. Le Vallon des Pinchinats vu de l’aval

 

 

 

 

 

 

En se plaçant sur la route des Pinchinats au droit de la position du photographe de 1905 (lui aussi monté sur le coteau, comme Cezanne), on peut constater que la pousse de la végétation a occulté toute visibilité sur le site, ce qui justifie l’usage de reconstitutions 3D vues de haut :

Fig. 13. Le Vallon des Pinchinats vu de l’aval depuis la Route des Pinchinats aujourd’hui

Fig. 13. Le Vallon des Pinchinats vu de l’aval depuis la Route des Pinchinats aujourd’hui

 

 

 

 

 

 

S’il en était besoin, une photo du vallon des Pinchinats prise depuis Les Platanes confirme le relief de la colline dominant la plaine derrière les arbres bordant la Torse :

Fig. 14. Le Vallon des Pinchinats vu du hameau des Platanes

Fig. 14. Le Vallon des Pinchinats vu du hameau des Platanes

 

 

 

 

 

 

2) Hypothèse Chemin de la Fontaine des Tuiles

Bien que pas très discernable sur la photo de la Fig. 15, la butte située au-dessus du Chemin de la Fontaine des Tuiles (au-dessus de la maison appelée Giraud-Genesy sur la cadastre napoléonien, voir carte des constructions plus bas Fg. 23) se détache bien par rapport à la plaine, ce qu’indique également nettement la carte IGN :

Fig. 15. La butte au-dessus du chemin de la Fontaine des Tuiles vue du chemin Pierre Pascalis

Fig. 15. La butte au-dessus du chemin de la Fontaine des Tuiles vue du chemin Pierre Pascalis

 

 

 

 

 

Le report sur une carte permet de mieux situer le champ de cette image, indiqué en jaune depuis le point d’où la photo a été prise :

Fig. 16. La butte au-dessus du chemin de la Fontaine des Tuiles vue du chemin Pierre Pascalis

Fig. 16. La butte au-dessus du chemin de la Fontaine des Tuiles vue du chemin Pierre Pascalis

 

 

 

 

 

 

 

Une simulation 3D de la Fig. 15 vue de haut confirme la position haute de la butte en question par rapport à la plaine (confirmée par la carte IGN) :

Fig. 17. La butte au-dessus du chemin de la Fontaine des Tuiles

Fig. 17. La butte au-dessus du chemin de la Fontaine des Tuiles

 

 

 

 

 

IV – Compatibilité des deux hypothèses avec la ligne d’horizon

1) Hypothèse Route des Pinchinats

Comme le segment de route a priori possible est long, nous allons le parcourir pour examiner si les changements de position successifs font une différence par rapport à la ligne d’horizon.

En positionnant Cezanne à l’endroit où le Val Saint Georges débouche sur la plaine des Platanes, un peu avant la maison Mollet (nom donné à cette bastide sur le cadastre napoléonien, voir Fig. 22) on constate que la ligne d’horizon correspond parfaitement à celle du tableau, avec sa pente légèrement descendante à gauche et son double plan.

Fig. 18. Ligne d’horizon vue du sud de la route des Pinchinats

Fig. 18. Ligne d’horizon vue du sud de la route des Pinchinats

Plaçons-nous maintenant 400 mètres plus loin au droit de la maison 330 dans le cadastre napoléonien (voir Fig. 23). On constate alors que la ligne d’horizon prend la forme d’une cuvette, ce qui ne correspond plus à celle du tableau :

Fig. 19. Ligne d’horizon vue depuis la pente sous la maison 330

Fig. 19. Ligne d’horizon vue depuis la pente sous la maison 330

 

 

 

 

 

 

 

 

Quatre cents mètres plus loin, nous parvenons à l’endroit représenté par la carte postale de la Fig. 11, près du petit pont traversant la rivière. La ligne d’horizon s’effondre à gauche, ce qui ne correspond pas non plus au tableau :

Fig. 20. Ligne d’horizon vue depuis la pente face au petit pont

Fig. 20. Ligne d’horizon vue depuis la pente face au petit pont

 

 

 

 

 

 

 

 

Encore quatre cents mètres, et nous nous retrouvons à flanc de coteau face à l’église Sainte Anne. La ligne d’horizon est irrégulière et placée trop bas par rapport à l’aqueduc. En outre, comme on s’est beaucoup rapproché de celui-ci, il semble plus proche de l’observateur que sur le tableau :

Fig. 21. Ligne d’horizon vue depuis la pente face à l’église Sainte Anne

Fig. 21. Ligne d’horizon vue depuis la pente face à l’église Sainte Anne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il apparaît donc que relativement à la ligne d’horizon, seule la première position examinée ci-dessus sur la route des Pinchinats correspond au tableau.

2) Hypothèse Chemin de la Fontaine des Tuiles

En nous positionnant sur la butte repérée plus haut – au-dessus de la maison appelée Giraud-Genesy dans le cadastre napoléonien (voir carte des constructions plus bas Fig. 23)  – et dont l’escarpement est selon la carte IGN assez proche de ce que nous connaissons déjà, on constate que l’aqueduc apparaît trop lointain et que la seconde ligne d’horizon au dernier plan présente des irrégularités, notamment un sommet trop marqué au-dessus de la coupure de l’aqueduc. Le lieu semble donc peu satisfaisant.

Fig. 22. Ligne d’horizon vue depuis la butte surplombant le Chemin de la Fontaine des Tuiles

Fig. 22. Ligne d’horizon vue depuis la butte surplombant le Chemin de la Fontaine des Tuiles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Concluons : seule la première position examinée dans l’hypothèse Route des Pinchinats correspond au tableau en ce qui concerne la ligne d’horizon.

V – Examen des constructions figurant sur le tableau

On peut dresser une carte des constructions dont on est certain qu’elles étaient présentes du temps de Cezanne, en partant du cadastre napoléonien et en lui superposant une photographie aérienne de 1947.

Pour cela, nous indiquons en vert clair les constructions figurant sur le cadastre napoléonien, et en marron clair celles figurant sur la photographie aérienne. On constate que toutes les constructions marquées au cadastre de 1828 existent encore en 1947 et qu’à cette date il n’y a finalement que très peu de constructions nouvelles. L’urbanisation (maisons en rose) se développera plus tardivement aux Platanes.

Fig. 23. Les constructions dans la plaine du pont-aqueduc de Calèche

Fig. 23. Les constructions dans la plaine du pont-aqueduc de Calèche

 

 

 

 

 

 

Faisons figurer sur cette carte le champ de vision correspondant à la position retenue pour Cezanne (angle rouge avec l’axe du tableau également en rouge). Seules les maisons inscrites dans cet angle nous intéressent et doivent se retrouver sur le tableau. Et en effet, une fois ôtée de la carte la partie invisible sur le tableau parce que cachée par les arbres de droite (hachures vertes), on peut faire correspondre de façon extrêmement vraisemblable les constructions présentes sur la carte et celles présentes sur le tableau :

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Fig. 24. Les constructions dans la plaine du pont-aqueduc de Calèche

 

 

 

 

 

 

Ceci confirme ce que nous pu observer sur telle ou telle toile peinte depuis la colline de Valcros : quand le peintre positionne une maison sur sa toile, on la retrouve toujours dans le paysage directement observé ou reconstitué à partir des cartes et photos aériennes anciennes.

En outre et pour confirmer cette localisation du peintre, le deuxième plan du tableau esquisse la butte appelée « centre équestre » sur la carte IGN (les maisons présentes aujourd’hui sur cette butte sont récentes et ne figurent donc pas sur le tableau), avec en contrebas une maison que la cadastre napoléonien nomme Mollet.

Pour ne pas alourdir cette étude, nous ne montrerons pas les reconstitutions tentées depuis les autres points de vue étudiés : aucun ne présente le même de gré de correspondance – et il s’en faut de beaucoup – que celui qu’il convient finalement de retenir.

Conclusion

On peut donc considérer que Cezanne a peint le pont-aqueduc de Calèche depuis le versant de la colline de la Keyrié située à la sortie du Val Saint Georges vers Les Platanes, en surplomb de la route des Pinchinats, tout près de la maison Billot.

Le titre proposé par Rewald, sans être erroné, peut donc être davantage précisé sans entrer dans le détail de la localisation, par exemple sous la forme :

 R520 L’aqueduc de Calèche vu de la route des Pinchinats à Aix.

ANNEXE  – Le canal du Verdon et le pont-aqueduc de Calèche

L’histoire du canal

Depuis l’époque gallo-romaine, la ville d’Aix est alimentée en eau potable par un réseau d’ouvrages d’art dont subsistent de nombreux vestiges, comme l’aqueduc des Premières Eaux situé Traverse Malakoff et peint par Cezanne (R044). Les besoins croissants de la ville et de la campagne conduisent à décider le 25 février 1857 la construction du canal du Verdon, un des principaux affluents de la Durance.

Concédé à la ville d’Aix par décret du 90 mai 1863, il est commencé par la compagnie anglaise French Irrigation Company, et terminé par la Compagnie générale de canaux et travaux publics. L’ensemble des travaux a été conçu et réalisé sous la supervision de M. de Tournadre, Ingénieur des Ponts et Chaussées. Plus de 500 ouvriers ont participé aux aménagements, tous des bagnards condamnés aux travaux forcés.

Le barrage de prise d’eau, commencé dans le courant de 1866 à Quinson, a été achevé dans les trois premiers mois de 1869, après trois campagnes laborieuses. Le 15 août 1875, les eaux du Verdon arrivent à Aix-en-Provence, à la grande fontaine de la Rotonde, spécialement construite à cet effet. Au total, les travaux s’étalent sur une vingtaine d’années et s’achèvent vers 1878, l’eau du Verdon pouvant alimenter les communes d’Aix-en-Provence, Venelles, Rognes, Saint-Cannat et Lambesc : près de 3 000 hectares ont pu ainsi être irrigués, grâce aux techniques traditionnelles dites « à la raie» et «au tour d’arrosage».

Dans la période précédant la deuxième guerre mondiale, les concessionnaires successifs du canal du Verdon n’ayant pu assurer sa saine gestion, ses ouvrages se trouvaient dans un état de dégradation avancé, menaçant l’approvisionnement de la Ville d’Aix. En 1927, la concession de cet ouvrage fut alors reprise par le département des Bouches-du-Rhône. Quelques travaux d’extension et de rénovation furent entrepris après la guerre, mais au fil du temps, les besoins sans cesse plus grands de la population et la dégradation de l’ouvrage ne permirent plus son exploitation. Il est alors progressivement remplacé par le canal de Provence entre 1969 et 1980.

Composition du canal

 L’exploit technique que constitue la construction du canal est reconnue à l’Exposition Universelle de 1878. Qu’on en juge :

  • la branche mère du canal est longue de 82 km. La partie la plus remarquable est la traversée des gorges du Verdon, sur 8 kilomètres. Le canal, tantôt en souterrain, tantôt soutenu par des murs contre des rochers à pic, n’est accessible qu’au moyen d’un sentier creusé dans le rocher. Les souterrains, au nombre de 61, y atteignent ensemble une longueur de 3 km. En dehors des gorges, le canal du Verdon a exigé en outre 20 souterrains ayant ensemble une longueur de 16 km, 3 ponts-aqueducs de 32 m, 89 m, et 121 m de long et 14 m, 16 m et 21 m de haut, 4 grands siphons, 66 aqueducs, 13 ponts par-dessous, 95 passages par-dessus, et 6 km de murs de berges.
  • Les branches de dérivation sont au nombre de huit. Les principaux ouvrages dont elles ont nécessité l’exécution sont le pont-aqueduc de Calèche, d’une longueur de 1 116 mètres, et le siphon de l’Arc sur la branche des Milles. Le nombre des ouvrages d’art d’importance moindre dépasse 800.
  • La longueur des rigoles de distribution des eaux dépasse les 300 km ; le nombre des ouvrages d’art (ponts, siphons, chutes, etc.) est de 2 900 environ.
Fig. 25. Plan du canal du Verdon dressé par M. de Tournadre

Fig. 25. Plan du canal du Verdon dressé par M. de Tournadre

 

 

 

 

 

 

 

Le pont-aqueduc de Calèche

Le 10 février 1875 est approuvé le « projet de construction d’un pont-aqueduc à la traversée du col de Calèche sur la dérivation de la rive gauche de la Touloubre ».

Fig. 26. Enquête parcellaire du 17 février 1875 préalable aux expropriations

Fig. 26. Enquête parcellaire du 17 février 1875 préalable aux expropriations

 

 

 

 

 

 

 

 

 

M. Bricka, ingénieur des Ponts et Chaussés, termine le canal du Verdon et construit alors l’aqueduc de Calèche, achevé vers 1877-78. Il est présenté comme ouvrage remarquable à l’Exposition Universelle de 1878.

Fig. 27. Vue générale vers le sud (cliché Gondran, vers 1878).

Fig. 27. Vue générale vers le sud (cliché Gondran, vers 1878).

 

Le pont-aqueduc de Calèche se développe sur une longueur de 1 115 m et présente une hauteur maximum de 9 m. Il comprend 146 arches en plein cintre de 6 mètres d’ouverture et une bâche en tôle de 20 mètres de portée pour la traversée de la route de Sisteron. Neuf piles-culées munies de contreforts divisent l’ouvrage en douze sections composées de quatorze arches pour la partie du pont-aqueduc située en amont de la route départementale, et de treize arches pour la partie située en aval. La largeur de la cuvette est de 66 cm et sa profondeur de 90 cm. La pente du terrain étant très douce, les culées ont une assez grande longueur et sont évidées; celle d’amont présente cinq arceaux d’évidement, celle d’aval en offre huit.

Le tracé, en plan, n’est pas rectiligne; on l’a dirigé suivant la ligne de crête du faîte à franchir, de manière à diminuer la hauteur des plus hautes piles et à traverser la route de Sisteron sous un angle de 50°.

Le pont a été entièrement construit en maçonnerie ordinaire ; les parements des piles et des voûtes sont en moellons disposés par assises, ceux des tympans sont à joints incertains.

Fig. 28. Branche nord du pont-aqueduc de Calèche (cliché Gondran)

Fig. 28. Branche nord du pont-aqueduc de Calèche (cliché Gondran)

Fig. 29. Branche nord du pont-aqueduc de Calèche (cliché Gondran)

Fig. 29. Branche nord du pont-aqueduc de Calèche (cliché Gondran)

Fig. 30. Le pont-aqueduc de Calèche aujourd’hui

Fig. 30. Le pont-aqueduc de Calèche aujourd’hui

Fig. 31. Une pile-culée au croisement de la route de Sisteron

Fig. 31. Une pile-culée au croisement de la route de Sisteron

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au XIXe, la construction de l’aqueduc suscite la curiosité des Aixois allant le dimanche en promenade aux vallons de Pinchinats à la recherche d’un peu de fraîcheur.

Fig. 32. Le pont-aqueduc de calèche, lieu de promenade en 1908

Fig. 32. Le pont-aqueduc de calèche, lieu de promenade en 1908

 

On peut imaginer Cezanne découvrant ainsi l’aqueduc, situé au cœur d’un « site cézanien (sic) à préserver»[3]Selon un document provisoire de la Direction de la Planification Urbaine : « Diagnostic, enjeux et orientations… secteur des Platanes », décembre 2012., dans le futur hameau des Platanes qui n’existe pas encore et ne se constituera comme tel qu’à partir des années 1980.

 

 

 

Références

Références
1 Site identifié par Ratcliffe selon Rewald
2 Les quatre images suivantes doivent être vues en grandeur originale pour être démonstratives. La taille compatible avec ce document rend leur lisibilité faible.
3 Selon un document provisoire de la Direction de la Planification Urbaine : « Diagnostic, enjeux et orientations… secteur des Platanes », décembre 2012.