Annexe III – Le Pont de Créteil

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Une brève histoire du pont de Créteil.

« En 1831, un programme royal préconisant le remplacement des bacs par des ponts, la commune de Créteil demande un pont à la place du vieux bac de Port-Créteil. Accordé par or- donnance de Louis-Philippe fin 1836, le pont, en charpente de bois sur piles de pierre, ouvre en 1841. Un péage permettait au constructeur d’amortir ses frais : 5 centimes par piéton, 10 par cavalier, etc. Il était gratuit pour la rentrée des récoltes, les troupeaux allant au pâturage, les fonctionnaires et les militaires. »

« Septembre 1870, c’est l’arrivée des Prussiens et le début du siège de Paris. Comme pour tous les ponts, le Génie fait sauter une arche du pont de Créteil et l’incendie détruit le reste. On le remplace par un pont de bateaux, des planches sur de grosses barques, facile à démonter.

Fig. 406. Un pont de bateaux (P. Gillon).

Il est emporté une fois par une crue de la Marne, une autre par des blocs de glace, la Marne ayant gelé puis dégelé. Un mobile stationné à Port-Créteil raconte qu’une batterie était établie près du port. Toutes les maisons ont été mises à sac par des pillards ou des soldats français qui se saoûlent et vandalisent plus qu’ils ne volent. Ils ont abandonné des objets partout dans les rues désertes. Portes et fenêtres ont servi à chauffer (…). Le pont est reconstruit en 1872[1]P. Gillon , op. cit.. »

En 1962, un nouveau pont le remplacera dans un paysage désormais totalement urbanisé et industrialisé.

Fig. 407. Reconstruction du pont, réalisé par Henri Joret, rival d’Eiffel (P. Gillon).

Localiser Cezanne peignant le nouveau pont

Ceci ne pose guère de problèmes, grâce aux très nombreuses cartes postales représentant le pont de Créteil et ses environs.

Fig. 408. Le pont vu de l’aval depuis la passerelle de Créteil – Saint-Maur.

Cette photo est postérieure à 1902, date où a été inauguré le barrage que l’on discerne en aval du pont.

Rappel : le paysage vu du pont vers l’aval en 1865 :

Fig. 409. Vue de l’aval depuis le pont (Ildefonse Rousset).

La carte du Tour de Marne (Fig. 3) indique la présence d’une île collée pratiquement à la rive juste en amont du pont sur la rive droite : un haut fond apparu en période de basses eaux, comme l’île supplémentaire présente à la pointe de l’île Brise-Pain ?. Cette île était déjà signalée sur les cartes antérieures mais elle disparaît sur la carte de 1896 :

Fig. 410. Les cartes.

 Il est donc normal que cette île ne figure pas sur le tableau de Cezanne (Fig. 413).

Les cartes ne mentionnent pas la présence de constructions rive droite en amont du pont, alors que les cartes postales entre 1900 et 1910 environ témoignent de leur présence, mais aussi de leurs modifications, avant que la photo aérienne de 1921 ne montre leur disparition.

Fig. 411. Les constructions rive droite, vues de l’île Brise-Pain en aval et en amont du pont.

Leur présence sur le tableau de Cezanne Fig. 413 est donc justifiée. Cette partie de la rive est particulièrement animée les dimanches et jours de fêtes :

Fig. 412. Le dimanche au pont de Créteil (rive droite).

Fuyant la circulation du chemin de halage rive droite, Cezanne décide de se situer sur la rive opposée, sur l’île Brise-Pain qu’il a pu rejoindre en traversant le pont, lieu nettement moins fréquenté. Il s’éloigne même suffisamment du pont et de l’escalier permettant de descendre sur l’île pour qu’un bouquet d’arbres puisse lui cacher la moitié de l’arche touchant l’île.

Fig. 413. Le Pont sur la Marne à Créteil, 1892-1894, huile sur toile, 41 x 90 cm, Musée Pouchkine, Moscou (FWN 288 – R729).

Sur la photo aérienne de 1921, on peut définir ainsi son angle de vision, sachant que l’axe du tableau passe exactement à l’endroit de la première pile du pont rive droite :

Fig. 414. Position de Cezanne

 Une carte postale de 1901 nous permet d’imaginer où se situe cette position, peut-être un peu plus à gauche hors champ de l’image :

Fig. 415. Cezanne sur l’île Brise-Pain

Fig. 416. Albert Capaul, Port et île de Créteil, 1880. La vue est prise du quai du port au Fouarre côté Saint-Maur à droite, l’île Brise-Pain à gauche.

La position est sensiblement la même pour l’aquarelle :

Fig. 417. Les Reflets du pont de Créteil, 1892-1894, mine de plomb et aquarelle sur papier, 32 x 44 cm, Ulmer Museum, Ulm (FWN 1344).

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Références

Références
1 P. Gillon , op. cit.