Cette biographie de Cezanne est assumée par Denis Coutagne, sur la base des travaux de John Rewald dans l’ouvrage Cezanne de John Rewald (Flammarion, 2006), d’Isabelle Cahn dans le Catalogue Cezanne (RMN, 1995), de Philip Conisbee dans le catalogue Cezanne en Provence ( RMN 2006), de Maryline Assante dans le catalogue Cezanne et Paris (RMN 2011). Elle sera utilement complétée par le recours à la chronologie établie par Alain Mothe qui fournit un travail très approfondi d’examen critique des sources d’information sur la vie de Cezanne, davantage destiné aux chercheurs en histoire de l’art.
La présentation de cette biographie de Cezanne obéit à deux principes : permettre au lecteur de trouver une chronologie aussi précise que possible de la vie de Paul Cezanne, lui donner quelques schémas directeurs afin de synthétiser les grandes périodes.
S’il fallait définir très rapidement les temps provençaux et les temps parisiens de Cezanne, on arriverait à une répartition simple :
De 1861 à 1882, les temps parisiens dominent largement. Certes Cezanne effectue 14 fois le voyage entre la Provence et la Capitale. Dans les années 1865-1871, les temps sont répartis entre le Nord et le Sud, le peintre venant plus souvent en Provence en hiver dans un partage approximativement équilibré entre la Provence et la région parisienne, mais le centre de gravité est Paris, à tel point qu’entre juillet 1871 et octobre 1882, il ne fait que 4 venues en Provence pour des temps parfois très courts, une seule grosse coupure ayant lieu l’été, l’automne, l’hiver 1878.
La première grande période provençale du peintre a lieu entre octobre 1882 et le milieu de l’année 1888, période que le peintre partage entre L’Estaque, Gardanne et le Jas de Bouffan. Le seul voyage qu’il fait vers Paris en cette période date de 1885 : Cezanne cherche appui et réconfort auprès de Zola et Renoir du fait d’une passion amoureuse qui semble le submerger !
Suit une très longue période « parisienne » entre l’été 1888 et le mois de juin 1895 (entrecoupé d’un voyage en Franche-Comté et en Suisse l’été 1890).
Les années 1896-1899 se partagent entre Provence et région parisienne avec un voyage à Vichy et Annecy en 1896.
Il faut attendre l’été 1899 pour que le peintre s’enracine définitivement en Provence : il fera construire en 1901-1902 son premier et dernier atelier sur la colline des Lauves. Dés lors, s’il revient en Île de France, ce ne sont que des séjours d’été (1904 ? et 1905) sans doute programmé pour permettre au vieil homme d’échapper à la canicule aixoise qu’il redoutait du fait de son diabète. On voit bien dans sa Correspondance que l’été 1906 où il ne quitte pas Aix la chaleur est un fardeau très pesant : son bonheur est de trouver un peu de fraîcheur sur les rives de l’Arc.
Il n’y a en fait que deux très grandes périodes provençales de Cezanne. La première forme une durée de 5 années (interrompue par un seul voyage épisodique vers Paris) entre la fin 1882 et le début 1888, La seconde forme une durée de quasiment 7 années, les dernières années de la vie du peintre qui seront interrompues par au moins un voyages en région parisienne, à Fontainebleau le temps de l’été en 1905 (Un voyage à Fontainebleau, l’été 1904 est possible , mais non certain).
Ainsi nous établissons cette biographie en la divisant en six grandes sections correspondant à des périodes provençales ou parisiennes de Cezanne, périodes (la première excepté) se traduisant par des grandes unités picturales :
1839-1861 : une enfance et adolescence aixoises.
1872 – 1882 : Cezanne au temps de l’Impressionnisme.
1882-1888 : une grande période provençale.
1888 – 1899 : les années de silence et de gloire entre Aix et Paris.
1899 -1906 : les dernières années, la Provence définitive.
1839-1861 : Une enfance et adolescence aixoises
19 janvier 1839 : naissance de Paul Cezanne à Aix en Provence, 28 rue de l’Opéra.
Le père de Paul, Louis-Auguste Cezanne [demeurant 55 sur le Cours (qui deviendra Cours Mirabeau en 1876)], est alors chapelier. Sa mère, Anne Elisabeth Honorine Aubert, appartient à l’entreprise de chapellerie. Le couple n’est pas marié au moment de la naissance de Paul. Deux autres enfants naîtront ; Marie Cezanne en 1841 et Rose Honorine en 1854. Le mariage des parents de Cezanne est célébré en 1844.
Paul Cezanne appartient par ses parents et grands parents à un milieu d’artisans. Seul son père, Louis-Auguste, personnage balzacien s’il en fut à Aix, entendit gravir l’échelle sociale. Il acquerra, pour ce faire, une formation de chapelier à Paris, avant de s’approprier en 1848 la seule banque d’Aix auquel il attachera son nom : la banque Cezanne et Cabassol, installé rue Boulegon, non loin de l’appartement que Paul s’achètera à la fin de sa vie. Riche, toujours plus riche, Louis-Auguste acquiert en paiement de dettes la bastide du Jas de Bouffan, belle demeure aux portes de la ville où le gouverneur de Provence aurait au XVIIIe siècle séjourné : revanche exceptionnelle qui lui attirera de solides inimitiés dont le fils, rentier de son état, héritera en même temps que la fortune paternelle.
Louis-Auguste entend éduquer son seul fils avec le projet explicite d’en faire son « héritier » et successeur à la Banque qu’il a fondé avec Cabassol.
1848-1850 : Paul Cezanne fréquente l’école communale de son quartier où il rencontre Philippe Solari (futur sculpteur).
1850-1851 : Paul Cezanne est inscrit à l’école catholique Saint-Joseph où il fait connaissance de Henri Gasquet. Cezanne reçoit alors une solide formation, classique où le latin et le grec ont une part importante. Cezanne se montre, au collège, un bon élève : il obtient prix et accessits en histoire et géographie mais surtout en arithmétique et géométrie, en version latine et grecque, voire en versification latine et discours latin.
1852 : Paul Cezanne entre en sixième au collège Bourbon (qui deviendra le collège Mignet). C’est au collège Bourbon qu’il rencontre un certain Émile Zola d’un an son cadet, plus malingre et quelque peu rejeté. L’amitié de Cezanne et Zola est fondée le jour où Paul prend la défense d’Émile maltraité par ses camarades qui lui reprochent son accent « franciot » (Plus qu’immigré italien, ce qu’il était par son père d’origine vénitienne, chargé de construire le barrage qui dorénavant porte son nom au dessus d’Aix, Émile Zola est montré du doigt pour son accent parisien. Cezanne parlait avec l’accent provençal, ne manquant pas dans bien des circonstances de l’accentuer….) On veut que Zola, obéissant à sa mère, ait apporté une corbeille de pommes pour sceller cette amitié adolescente. Du moins cette tradition nous est rapportée par Joachim Gasquet qui fait dire à Cezanne (dans on livre Cezanne publié en 1921) : « Les pommes de Cezanne, elles viennent de loin ! ».
De cette formation classique, Cezanne gardera une solide connaissance de poètes latins, particulièrement Virgile, Suétone, Ovide qu’il lisait dans le texte. On sait qu’il émaillait parfois ses entretiens de proverbes latins… En tout cas, il fut, en latin, meilleur que son condisciple Zola, écrivant lui-même des vers en cette langue.
Paul Cezanne et Émile Zola forment avec Jean Baptistin Baille (futur polytechnicien) un trio d’amis. Zola gardera mémoire de cette adolescence partagée au pays d’Aix lorsqu’il deviendra romancier : « Nous étions trois amis, trois galopins, qui usaient encore leurs culottes sur les bancs du collège. Les jours de congé, les jours que nous pouvions voler à l’étude, nous nous échappions en des courses folles à travers la campagne, nous avions besoin de grand air, de grand soleil, de sentiers perdus au fond des ravins, dont nous prenions possession en conquérants […] L’hiver, nous adorions le froid, la terre durcie par la gelée qui sonnait gaiement, et nous allions manger des omelettes dans les villages voisins […] L’été, tous nos rendez-vous étaient au bord de la rivière, car nous étions pris alors de la possession de l’eau » (Zola, La Confession de Claude, 1865).
1857 : Cezanne s’inscrit à l’école gratuite de dessin d’Aix sous l’autorité du Conservateur du musée Joseph Gibert.
1858 : Émile Zola rejoint sa mère à Paris. Celle-ci devenue veuve en 1847 est revenu à Paris en 1857.
Zola n’aura de cesse que de convaincre Cezanne qu’il a une vocation de peintre et que pour cela il doit contrer la volonté de son père. les lettres se multiplient comme celle-ci du 3 mars 1860 : « Je ne sais, j’ai de mauvais pressentiments sur ton voyage, j’entends sur les dates plus ou moins prochaines de ton arrivée. T’avoir auprès de moi, babiller tous les deux, comme autrefois, la pipe aux dents et le verre à la main, me parait une chose tellement merveilleuse, tellement impossible, qu’il des moments où je me demande si je ne m’abuse pas, et si ce beau rêve doit bien se réaliser [… ] Tu as combattu deux ans pour en arriver au point où tu en es ; il me semble qu’après tant d’efforts la victoire ne peut te rester complète sans quelques nouveaux combats. Ainsi voici le sieur Gibert qui tâte tes intentions, qui te conseille de rester à Aix. D’autre part ton père parle de s’informer, de consulter le susdit Gibert, conciliabule d’où résulterait inévitablement le renvoi de ton voyage au mois d’août. Tout cela me donne des frissons, je tremble de recevoir une lettre de ta part où, avec maintes doléances, tu m’annonces un changement de date. ? Je suis tellement habitué à considérer la dernière semaine de mars comme la fin de mon ennui, qu’il me serait très pénible, n’ayant fait provision de patience que jusque là, de me trouver seul à cette époque…
1859 : Louis-Auguste Cezanne achète la propriété du Jas de Bouffan. Cette propriété restera dans la famille Cezanne jusqu’en 1899.
22 avril 1861 : Paul Cezanne arrive enfin à Paris. Zola n’en revient pas : « J’ai vu Paul !!! J’ai vu Paul , écrit-il à leu ami commun Baille, comprends-tu cela toi comprends-tu toute la mélodie de ces trois mots. Il est venu ce matin, dimanche, m’appeler à plusieurs reprises dans mon escalier … »
1861-1870 : la découverte et l’appropriation de Paris, une volonté de conquête…
En huit ans, on compte sept aller-retours de Cezanne entre Aix et Paris, le centre de gravité de la création cézannienne étant, ces années-là, Paris. En Provence, le lieu de référence s’appelle le Jas de Bouffan (propriété familiale de la famille) particulièrement le « Grand Salon ».
Les Quatre Saisons, 1860-61, (314×100 cm chaque panneau environ),
FWN561 à564, NR004 à 007, Paris, Musée de la Ville de Paris, Petit Palais.
Si le premier séjour à Paris en 1861 se solde par un échec, les séjours se suivent à partir de 1862, un peu au rythme des saisons, mais le centre de gravité est Paris. La grande amitié, commencée avec Émile Zola au collège Bourbon à Aix se développe. Jamais Zola n’aura tant aidé Cezanne à se découvrir, à s’imposer, quand bien même il commence à s’interroger sur les capacités picturales de se dernier : il se cherche.
Le repli sur l’Estaque en 1870-1871 marque la fin de cette période. Cezanne peint des paysages encore « couillards », alors qu’au Jas de Bouffan le tableau « La Tranchée avec la montagne Sainte Victoire » (FWN55-R156: Munich, Neue Pinakothek) traduit la volonté du peintre de travailler sur le motif, encouleur.
Le deuxième séjour de Cezanne à Paris (1862-1864) s’étend sur deux ans : Il faudra attendre 1868-1870 pour que se renouvelle un séjour d’aussi longue durée dans la capitale ! Il est vrai qu’après l’échec de sa venue en 1861, il lui fallait fonder de vraies amitiés, suivre les événements artistiques et prendre la mesure des nouvelles recherches picturales. Cezanne rencontre Bazille de Montpellier par l’intermédiaire de Guillemet et partage avec lui un amour pour Delacroix, Manet, Courbet. Il rencontre encore Sisley ainsi que Renoir et fréquente les habitués de son atelier, rue de la Condamine aux Batignolles. Par Pissarro, le lien s’établit aussi avec Monet et Guillaumin. Même si le jeune Cezanne n’y participe pas, l’aventure du Salon des refusés en 1863 autour du tableau de Manet Le Déjeuner sur l’herbe, mobilise ses énergies.
Aucune « rupture » ne paraît imposer un retour en Provence lors de l’été 1864, sinon le désir du peintre de retrouver ses assises provençales. Peut-être, assuré maintenant de son métier, entend-il montrer aux siens quel peintre il est devenu ! Ne dispose-t-il pas encore d’un immense atelier au rez-de-chaussée de la demeure, le « Grand Salon » ? Le peintre est ainsi en Provence près d’une année entière (trois saisons en fait) puisque qu’il ne revient à Paris qu’en mars 1865.
S’établit alors un rythme quasiment annuel : Aix-en-Provence voit Cezanne en ses murs l’hiver 1865-1866, l’automne-hiver 1866-1867, l’été 1867 (en fait de juin à octobre), l’été et l’automne 1868.
Une rupture s’instaure dans ce rythme tranquille : Paul, a rencontré Hortense Fiquet à Paris en 1869, et semble vouloir prolonger son temps parisien au delà de ses habitudes. Par amour ? Il faudra la guerre de 1870 pour l’obliger à redescendre dans le Midi.
Reprenons quelques unes de ces années. L’automne-hiver 1866-1867, Cezanne à Aix ne craint de fanfaronner sur le cours : « Depuis un grand mois me voici à Aix, […] Paul, dans ses deux lettres, vous a plutôt parlé de moi que de lui, je ferai la même chose, […] Son physique est plutôt embelli, ses cheveux sont longs, sa figure respire la santé et sa tenue elle-même fait sensation sur le Cours. Nous voilà donc tranquille sur ce côté. Son moral, quoique toujours en ébullition, lui laisse de belles embellies, et la peinture, encouragée par quelques commandes sérieuses, promet de le récompenser de ses efforts, en un mot, le « ciel de l’avenir semble par moments moins noir ». Vous verrez à son retour à Paris quelques tableaux qui vous plairont fort ; entre autres une ouverture de Tannhäuser qui pourrait être dédiée à Robert, car il s’y trouve un piano réussi ; puis un portrait de son père dans un grand fauteuil qui a bien bon air. La peinture en est blonde et l’allure très belle, le père a l’air d’un pape sur son trône, n’était le Siècle qu’il lit. En un mot, cela va, et d’ici peu nous verrons de fort belles choses, soyez-en sûr » (lettre de Guillemet à Zola, 2 novembre 1866, Baligand 1978 p. 179).
Sa notoriété lui vaut même des demandes de montrer ses toiles. Réponse du peintre : « Je vous emmerde » ! De fait, les aixois lui « agacent les nerfs ». Cette « gloire » lui vaut une rumeur de se voir prochainement confier la direction du musée. C’est le temps de « Jeune fille au piano » du portrait de son père, « Louis-Auguste Cezanne, père de l’artiste, lisant l’Événement » et du «Portrait du peintre Achille Emperaire » (NR 139). Il visite, à la demande de Gibert, la collection Bourguignon de Fabregoules, en compagnie de ses amis Baille, Marion, Valabrègue : « J’ai tout trouvé mauvais. C’ est très consolant », avoue le peintre (Cezanne à Zola, 18 octobre 1866). La collection en question correspond à un ensemble de 600 tableaux donnés au Musée d’Aix par une famille de parlementaires aixois en 1861.
«Me voici dans ma famille avec les plus sales être du monde, ceux qui composent ma famille, emmerdants pardessus tout. N’en parlons plus » (lettre de Cezanne à Camille Pissarro, 23 octobre 1866).
Revenu à Paris en janvier 1867, Cezanne, de la même façon qu’il avait fanfaronné sur le Cours à Aix, joue au méridional : « Il écarte sa veste et « d’un mouvement de hanches très zingueur » remonte son pantalon et rajustant ostensiblement sa grosse ceinture rouge. Il serre les mains. Mais arrivé devant Manet, il se découvre et nasille : « Je ne vous donne pas la maing, monsieur Manet, je ne me suis pas lavé depuis huit jours» (Souvenirs de Monet rapportés par Marc Elder, A Giverny, chez Claude Monet.)
En mai 1867, la mère vient voir son fils à Paris et visite l’exposition universelle. Ce dernier la raccompagne en juin jusqu’à Aix. Le 11 octobre, Zola remontant à Paris, Cezanne fait le voyage avec lui après avoir vu une représentation des « Mystères de Marseille » dans la cité phocéenne.
En 1868, le Salon s’est montré très accueillant grâce à Daubigny : on enregistre 1378 numéros de plus qu’en 1867, à tel point que le critique Castagnary écrit : « Les portes ont été ouvertes à presque tous ceux qui se sont présentés» (Castagnary, Le Salon de 1868, dans Salons, vol. I.). Tous les futurs impressionnistes y sont présents… sauf Cezanne. Zola consacre ses articles sur ces peintres, sur Manet surtout. Dépité de ne pas être exposé ni même cité par son ami, Cezanne a rejoint Aix début mai 1868. Il ne veut que silence, soleil, solitude.
Même si le rythme des séjours à Aix n’obéit pas à des saisons fixes. C’est tout de même plutôt en fin d’année, quand le soleil commence à manquer en région septentrionale que Cezanne vient chercher la lumière et le vent du Midi. Parfois les déceptions parisiennes accélèrent sa décision de revenir chez les siens. Le cas le plus flagrant est celui évoqué ci-dessus en mai 1868. Il reprend alors ses promenades, cette fois solitairement. Le voilà dans le vallon des Infernets : « J’y ai couché dans une « paillère », chez les gens du moulin, bon vin, bonne hospitalité ». (lettre de Cezanne à Numa Coste, premiers jours de juillet 1868).
Fin novembre, il envisage même de faire une expédition vers le sommet de Sainte-Victoire, mais «La belle expédition que l’on devait faire à Sainte-Victoire est tombée à l’eau cet été, à cause de la trop grande chaleur, et en octobre à cause des pluies.» (lettre de Cezanne à Numa Coste, fin novembre 1868). Cela ne l’empêche pas le soir de tourner ses pas sur le Cours, espérant y croiser Valabrègue (Antony Valabrègue est né à Aix en 1845. Poète proche de Mistral, il sera portraituré à plusieurs reprises par Cezanne).
Quant à Fortuné Marion…
(Autre ami de Cezanne, Fortuné Marion deviendra Directeur du Musée d’Histoire naturelle de Marseille. Il donnera à Cezanne le goût de l’histoire géologique. Heinrich Morstatt, musicien allemand, séjourne un temps à Marseille. Il semble avoir joué un rôle dans la connaissance musicale de Cezanne)
… il écrit à Morstatt : « Cezanne travaille toujours rudement et de toutes ses forces à ordonner son tempérament, à lui imposer les règles d’une science calme. S’il arrive à son but, mon cher, nous aurons bientôt des œuvres fortes et complètes à admirer (Barr 1937) 57». Le retour à Paris a lieu vers la mi décembre 1868.
Cezanne revient en Provence en septembre 1870 et ne remonte vers la capitale qu’en juillet 1871, soit un séjour provençal de 10 à 11 mois, essentiellement à l’Estaque (sans doute pour garder confidentielle sa liaison avec Hortense). On peut penser encore qu’un tel séjour a été occasionné par la déclaration de guerre. Le climat intellectuel en Île de France n’était guère propice à la peinture. On enregistre le départ de Daubigny et Pissarro vers l’Angleterre, de Monet vers Londres avant Amsterdam. L’histoire veut que l’installation de Cezanne à l’Estaque soit également justifiée du fait qu’il a eu besoin de se cacher d’une conscription officielle : l’homme, comme la plupart des provençaux, n’ a guère manifesté d’intérêt belliciste. En tout cas, Cezanne sait disposer d’un logement dans ce port du fait d’une petite propriété (ou location) de sa mère, vraisemblablement près de l’église Saint-Antoine : le peintre se tient à l’écart avec Hortense devenue sa compagne. Très vite, il l’installe à Marseille. Lui-même ne craint rien : il met autant d’obstination à peindre que les gendarmes venus l’enrôler au Jas en mettent à le retrouver. Cet hiver là, il fait froid dans toute la France, même à l’Estaque où la neige est tombée. Bien entendu, il ne manque pas de venir régulièrement au Jas de Bouffan : « Pendant la guerre j’ai beaucoup travaillé sur le motif à l’Estaque […] Je partageais mon temps entre le paysage et l’atelier ». Ce sont les mots que Vollard (dans Cezanne, 1914, p. 37) met dans la bouche de Cezanne dans son livre de 1914.
La Commune écrasée, Cezanne regagne Paris en juillet 1871. On peut penser qu’il ne veut pas rester plus longtemps en Provence, écartelé entre le Jas qu’il aime mais que son père se met à occuper continûment , l’Estaque où il peint dans une liberté et indépendance totales et où il a retrouvé pour un temps Zola, Marseille où il a caché sa compagne enceinte depuis mai 1871. La jeune femme n’a aucune relation en Provence, et lui ne peut en aucun cas donner à sa vie « familiale » un caractère public. Pour la jeune femme, franc-comtoise de naissance, accoucher ne peut avoir lieu qu’à Paris : de fait, Paul Cezanne fils ne naît pas en Provence mais dans la Capitale en janvier 1872 !
Il n’était que Paris pour être « artiste ». Cezanne rêve de gloire en voulant forcer les portes du Salon. Il participe aux luttes de ceux qui deviendront les » impressionnistes » autour du héros de ce temps : Édouard Manet. Cezanne ne réussit pas ce « pari » là et n’intègre pas l’École des Beaux-arts. Il qualifiera plus tard la peinture de ce temps de l’adjectif « couillard ». Paris est le lieu du combat, de la découverte de la modernité , de la rencontre de sa compagne Hortense Fiquet en 1869. L’atelier Suisse permet aux jeunes peintres de travailler librement : Cezanne découvre Pissarro, Guillemet, Guillaumin. Puis le cercle s’élargit avec la rencontre de Renoir, Bazille, Monet voire Manet. (L’Atelier Suisse correspond à un académie libre, situé quai des Orfèvres, dirigé par un ancien modèle de David, monsieur Suisse, où les peintres pouvaient disposer d’un modèle homme 3 semaines par mois et femme 1 semaine par mois. Cf. ce témoignage de Cezanne dans une lettre à ses parents daté du 5 janvier 1863 :« comme par le passé (car il convient que je vous apprenne ce que je fais), je vais chez Suisse le matin de huit heures à une heure et le soir de sept à dix. Je travaille avec calme, je me nourris et dors de même ». Entre tradition (le Louvre) et modernité, Cezanne développe une peinture hors norme.
Avril-septembre 1861 : premier séjour de Cezanne à Paris.
Cezanne loge 39 rue d’Enfer, Paris 9e.
Séjour à Marcoussis, découverte du Louvre, de Versailles et du musée du Luxembourg : « Tu les sais, les Tartines que renferment ces admirables monuments, c’est épatant, esbrouffant, renversant . Ne crois pas que je devienne parisien» (Lettre à Huot 4 juin 1861). Pour la première fois Cezanne voit au Salon des toiles de Courbet, dont Le rut du printemps (combat de cerfs).
Travail à l’atelier Suisse le matin et l’après midi chez le peintre aixois Villevieille
Rencontre d’Antoine Guillemet, Francisco Oller y Cestera qui présente Cezanne à Pissarro, d’un contemporain aixois déjà présent à Paris Achille Emperaire.
Septembre 1861 – novembre 1862 : Cezanne à Aix-en-Provence
Retour à la Banque paternelle : sur les livres de compte, le jeune homme écrit des alexandrins prophétiques :
Cezanne le Banquier ne voit pas sans frémir
Derrière son comptoir naître un peintre à venir
Eté 1862 : Zola retrouve Cezanne à Aix avec Baille. Cezanne, Zola Baille, forment « les trois inséparables » du Collège Bourbon au temps de leurs études.
« J’approuve complètement ton idée de venir travailler à Paris et de te retirer ensuite en Provence ».(Zola à Cezanne 2à janvier 1862).
Novembre 1862 – juillet 1864 : Paris
Cezanne loge Impasse Saint Dominique Paris 5e, chez madame Zola (aujourd’hui rue Royer-Collard)
Retrouvaille de Pissarro et Guillemet, lequel lui présente Frédérique Bazille et Auguste Renoir. (de l’atelier de Gleyre), Oller (qui habite Saint-Germain où va parfois Cezanne)
Sortie avec Zola, à Fontenay -aux-roses (en train), marche vers le bois de Verrières, mare « pleine de joncs, aux eaux moussues « (« la mare verte » que Cezanne s’essaie à peindre).
Académie Suisse : « Comme par le passé (car il convient que je vous apprenne ce que je fais), je vais chez Suisse le matin de huit heures à une heure et le soir de sept à dix. Je travaille avec calme, je me nourris et dors de même » (lettre de Cezanne à ses parents, Paris, 5 janvier 63). Cezanne fait des copies au Louvre (cf. registre des cartes d’élèves sous l’égide de maître Chesneau) : il copie de La Barque de Dante et Virgile de Delacroix.
Cezanne fait front avec ses amis aixois (Baille, Chaillan, Zola, bientôt Valabrègue), et parisiens (Guillemet, Pissarro) avec une volonté conquérir Paris.
15 mai 1863 : ouverture du Salon des Refusés (300 artistes, 600 toiles) : Manet au cœur de la polémique avec Le Déjeuner sur l’herbe.
Renoir rentre en 1862 à l’École des Beaux Arts. Monet revient d’Alger en novembre 1862 et travaille chez Gleyre.
13 août 1863 : Delacroix meurt à Paris. Son nom réunit Courbet, Corot, Daubigny, Manet dans une même ferveur.
Zola fait, chaque jeudi soir, table ouverte au 7 rue des Feuillantines.
Juillet 1864 – mars 1865 : Cezanne à Aix-en-Provence
Mars 1865 – automne 1865 : Cezanne à Paris
Cezanne loge, 22 rue Beautreillis (aux confins du Marais) dans un vieil hôtel du XVIIe, l’hôtel de Charny (4eme étage escalier sur cour, sous les toits). La maîtresse de Baudelaire avait habité là.
Zola habite 278 rue Saint Jacques (Paris 6e).
Cezanne envoie au Salon de toiles « qui feront rougir l’Institut de rage et de désespoir » (Cezanne à Pissarro 15 mars 1865). Refus du Salon. Cette année là Renoir, Pissarro, Monet, Guillemet, Manet (avec ecce homo, Olympia) sont reçus. Le peintre passe quelques jours à Saint Germain-en-Laye. Il continue sa fréquentation de l’ Académie Suisse
Automne 1865 –février 1866 : Aix-en-Provence
Cezanne travaille au Jas de Bouffan. Sans doute fait-il un premier séjour à l’Estaque. Sa mère semble avoir disposé là d’un cabanon.
Février –mi-août 1866 : Paris
Cezanne loge toujours 22 rue Beautreillis.
- Avril 1866 : envoi au Salon (Portrait de Valabrègue) ; malgré l’intervention de Daubigny, Cezanne est refusé en même temps que Manet, Renoir, Guillemet, Solari. Sont acceptés Monet, Sisley, Pissarro.
« Toute l’école réaliste a été refusée… en réalité nous triomphons, et ce refus en masse, cet exil immense est une victoire. Il ne reste plus qu’à exposer nous-mêmes et faire une concurrence mortelle à tous ces vieux idiots borgnes » (lettre de Zola à Numa Coste, 14 juin 1866).
Envoi de deux lettres à Nieuwerkerke, surintendant des Beaux-Arts..(une lettre est perdue, l’autre date du 19 avril 1866) pour exiger la tenue d’un nouveau Salon des refusés.
- « Je ne puis accepter le jugement illégitime de confrères auxquels je n’ai pas donné moi-même mission de m’apprécier » (lettre de Cezanne à A M. De Nieuwerkerke, surintendants des Beaux-Arts, 19 avril 1866).
- Première quinzaine d’avril 1866 : visite à Manet, lequel a vu ses natures mortes chez Guillemet.
- Eté 1866 : séjour à Bennencourt en face de Bonnières avec Zola, Gabrielle Melay, Chaillan, Baille, Guillemet, Valabrègue, Solari (auberge tenu par le père Dumont). Cezanne dit peindre des toiles de 4 à 5 mètres.
Guillemet (ami de Pissarro et de Courbet, élève de Corot et Daubigny qui lui-même venait parfois peindre à Bennecourt), aurait recommandé cette villégiature. « Je pars sur le champs à la campagne, où je vais retrouver Paul. Baille part avec moi… Paul a été refusé comme de juste ainsi que Solari et tous ceux que vous connaissez. Ils se sont remis au travail » (lettre de Zola à Numa Coste , Paris le 14 juin,)
« Il y a trois jours j’étais encore à Bennecourt avec Cezanne et Valabrègue. Ils y sont restés tous deux et ne reviendront qu’au commencement du mois prochain… Cezanne travaille ; il s’affirme de plus en plus dans la voie originale où sa nature l’a poussé. J’espère beaucoup en lui ! D’ailleurs nous comptons qu’il sera refusé pendant 10 ans. Il cherche en ce moment à faire des ouvres de grandes œuvres, des toiles de quatre à cinq mètres… » (lettre de Zola à Numa Coste), 26 juillet.
avril-mai 1866 : Zola prend la défense des refusés par une série d’articles dans l’Événement. Ces articles donneront lieu à une publication sous le titre Mon Salon, dédicacé à Cezanne : « J’éprouve une joie profonde, mon ami, à m’entretenir seul avec toi… »
Automne 1866 – février 1867 : Cezanne à Aix-en-Provence
Cezanne se promène dans la campagne aixoise en compagnie de Marion et d’Antoine Valabrègue. Il projette d’aller rendre visite au musicien Morstatt à Marseille. Le peintre Antoine Guillemet arrive à Aix où il passe plusieurs jours chez Cezanne avant d louer un appartement au 43 cours Sainte-Anne. Cezanne travaille à un portrait de sa sœur Rose. Il écrit une lettre à Zola : « « Je crois bien que tous les tableaux des anciens maîtres et représentant des choses en plein air n’aient été faits de chic, car ça ne me semble pas avoir l’aspect vrai et surtout original que fournit la nature » (lettre de Cezanne à Zola, 19 octobre 1866). Cezanne peint dix fois en atelier son oncle Dominique Aubert (cf. NR 102 à 111)
Il peint son père lisant L’Evénement, journal dans lequel Zola publie cette année là plusieurs articles défendant les nouveaux peintres dits naturalistes qui deviendront, pour plusieurs d’entre eux les « impressionnistes » en 1874. A remarquer que Cezanne n’est pas cité par Zola. Cezanne n’en dit pas moins à propos de sa famille(lettre du 23 octobre) : « les plus sales êtres du monde[…] emmerdants par dessus-tout« . Guillemet donne de Cezanne une description physique élogieuse : « Son physique est plutôt embelli, ses cheveux sont longs, sa figure respire la santé et sa tenue elle-même fait sensation sur le Cours ».
Cezanne visite, dans la chapelle des Pénitents blancs, la collection dite Bourguignon de Fabregoules ( 600 tableaux dont un autoportrait de Rembrandt) acquise par le Musée d’Aix : « Le père Gibert du musée, m’ayant invité à visiter le Musée Bourguignon, j’y suis allé avec Baille, Marion, Valabrègue. J’ai tout trouvé mauvais. C’est très consolant. Je m’ennuie assez, seul le travail occupe un peu » mettre à Zola du 19 octobre).
Cezanne écrit à Pissarro le 23 octobre : « Vous avez parfaitement raison de parler du gris, cela seul règne dans la nature, mais c’est d’un dur effrayant à attraper. Le paysage est très beau ici, beaucoup d’allure […] Le soleil nous donner, je pense, encore de beaux jours. Je suis très fâché qu’Oller ne puisse, ainsi que Guillemet me l’a appris, revenir à Paris, car il pourrait s’ennuyer beaucoup à Porto-Rico... » Guillemet complète la lettre : « Cezanne a fait des peintures très belles. Il refait blond »
Février-juin 1867 : Paris
« rêve de peintures immenses »
Deux toiles de Cezanne refusées au Salon : Le Grog au vin et Ivresse en même temps que celles de Guillemet, Sisley, Bazille, Renoir.
1er avril 1867 : ouverture de l’exposition universelle
Janvier -16 mai 1868 : Paris
- Aux concerts Pasdeloup, écoute du Vaisseau fantôme de Wagner.
- Copies au Louvre. Sous la rubrique « maître », Cezanne inscrit « Chesneau »(carte d’étudiant accordé pour des visites gratuites au Louvre 13 février 1868, n° 278).
- Refus au Salon Cezanne ne pourra pas de longtemps s’étaler à l’exposition des œuvres officielles et patronnées. Son nom est trop connu déjà…. » (lettre de Marion à Morstatt, 27 avril 1868).
- Rendez-vous donné par Cezanne à Numa Coste pour le jeudi 14 mai à 5 heures 2 minutes et demi au Pont Royal.
De mai à mi-décembre 1868 : Aix-en-Provence
Hiver 1868 – 1869 : Paris
vers le 15 décembre 1868, Cezanne est de retour à Paris
Cezanne rencontre Hortense Fiquet en 1869 ou début 1870. Elle est née le 22 avril 1850 à Saligney dans le Jura, non loin de Besançon. Cette dernière travaille avec son père dans un atelier de brochage tout près de Saint Germain des Prés.
Avril 1869 – jusqu’à été 1869 : Provence
En avril 1869 Cezanne est à L’Estaque. Il peint une aquarelle dont il fera don Madame Zola…
Été-automne 1869 : Ile de France
Paris : séjours probables à Bénnencourt et Gloton (Zola loue la maison Pernelle au bord de la Seine)
« Il y a trois jours j’étais encore à Bennecourt avec Cezanne et Valabrègue. Il s y sont restés tous deux et ne reviendront qu’aux commencements du mois prochain… Cezanne travaille ; il s’affirme de plus en plus dans la voie originale où sa nature l’a poussé. J’espère beaucoup en lui ? D’ailleurs nous comptons qu’il sera refusé pendant 10 ans. Il cherche en ce moment à faire des ouvres de grandes œuvres, des toiles de quatre à cinq mètres… » (lettre de Zola à Coste, 26 juillet 1869).
Septembre 1869- mars 1870 : L’Estaque
Cezanne est à l’Estaque avec Hortense Fiquet. De l’Estaque, il se rend régulièrement à Aix.
Mars 1870 – été 1870 : Paris
Cezanne habite 53 rue Notre Dame des Champs
Refus au Salon du Portrait d’Emperaire et Femme nue allongée. (caricature Stock) : « Oui mon cher Stock, je peins comme je vois, comme je sens –et j’ai les sensations très fortes-, eux aussi [Courbet, Manet, Monet] ils sentent et voient mais ils n’osent pas…ils font de la peinture de salon… mois j’ose, monsieur Stock, j’ose… j’ai le courage de mes opinions… et rira bien qui rira le dernier». « j’ai donc été refusé comme par le passé, mais je m’en porte pas plus mal… ». Zola refuse de donner l’adresse de Cezanne à Duret qui veut l’adresse de ce dernier : « Attendez qu’il se soit trouvé… »
31 mai 1870 : mariage de Zola et Alexandrine Meley. Cezanne est témoin.
19 juillet 1870 : déclaration de la guerre par la France à la Prusse
2 septembre 1870 : défaite de Sedan
4 septembre 1870 : proclamation de la République.
Septembre 1870 – juillet 1871 : Provence
Habite à l’Estaque avec Hortense Fiquet ; y reçoit le couple Zola.
A Paris, mai 1871 : écrasement de la Commune. Semaine sanglante (21-28 mai)
Juillet 1871 : Paris
Cezanne est de retour à Paris, avec Hortense enceinte.
Cezanne habite rue de Chevreuse Paris 6°
- Cezanne revoit Zola et ses amis Aixois, Valabrègue, Roux et Alexis.
- Refus au Salon. Lettre de pétition signée par Manet, Jongkind, Fantin-Latour…
Mai 1871 : traité de Paix de Francfort
Bazille est mort, tué à Beaune-la-Rolande le 28 novembre 1870.
Courbet a été arrêté, emprisonné à Versailles et condamné, transféré à la prison de Saint-Pélagie. Il achèvera sa peine dans une maison de santé à Neuilly, avant de rejoindre sa Franche-Comté natale et de s’exiler en Suisse où il meurt le 31 décembre 1877. Manet est à Paris, Renoir y est revenu, Monet rejoint Argenteuil.
Pissarro revient à Louveciennes où il retrouve sa maison saccagée.
Fin 1871 : Paul et Hortense s’installent 45 rue Jussieu (Paris 5°), tout près de la Halle aux vins.
1872 – 1882 : Cezanne au temps de l’Impressionnisme.
Entre 1872 et 1882, on compte deux longs séjours de Cezanne à Auvers/Pontoise Le premier dure plus d’une année (de milieu 1872 à début 1874). Le peintre habite à Auvers une maison non loin du docteur Gachet, 66 rue Rémy. Ce qui ne l’empêche pas d’aller à pied à Pontoise distant de 3 kilomètres sinon tous les jours, en tout cas très fréquemment pour travailler auprès de Pissarro. Le deuxième dure environ six mois (de mai à octobre 1881). Il concerne essentiellement Pontoise, et à Pontoise le quartier de Valhermeil. Entre ces deux périodes d’une durée certaine, les séjours de Cezanne à Pontoise (au nombre de 4 semble-t-il) sont de relative courte durée. Il y séjourne une fois encore en 1882. Si l’on sait Cezanne revenir à Auvers après 1874, il n’apparaît pas qu’il y séjourne, ni qu’il y peint : « Auvers » n’aura concerné vraiment que l’année 1873 ! En tout cas Cezanne ne revient plus à Auvers-Pontoise après 1882. On doit encore remarquer qu’au cours de cette décennie essentiellement « francilienne », Cezanne revient en Provence à cinq reprises : l’un de ces séjours est de longue durée puisqu’il dure une année entière de mars 1878 à mars 1879. La durée des autres séjours est de l’ordre 4 à 5 mois, sauf pour un hypothétique séjour fin 1875 qui pourrait avoir été beaucoup plus bref. Est-il nécessaire de relever que Cezanne éprouve le besoin de quitter Paris après les expositions « impressionnistes » auxquelles il participe (celle de 1874, celle de 1877). Dans le premier cas il a connu un certain succès avec la vente de la Maison du Pendu, et peut se vanter auprès de son ancien professeur Gibert des « attentats » qu’il fait en peinture. Dans le deuxième cas, la critique a été particulièrement féroce à son endroit : on peut penser que peintre fait un certain repli sur lui-même. A noter qu’à son retour en région parisienne, il s’installe une année à Melun soit à 50 km de Paris, loin de ses amis « parisiens ». Le seul pour lequel il quitte Melun est Zola.
Une vérité paraît aussitôt s’imposer : les années dites « impressionnistes » de Cezanne ne sont pas homogènes entre 1872 et 1882. Et, si le travail auprès de Pissarro a un impact déterminant sur lui en 1872-1874 et 1875, une distance se manifeste dés 1876 quand Cezanne, allant à L’Estaque, peint des petits paysages pour Victor Chocquet. D’autres influences ne doivent pas non plus être négligées dans ces années là, particulièrement celles de Guillaumin qu’il rejoint à Issy-les-Moulineaux à plusieurs reprises. A remarquer encore que la relation d’amitié avec Zola reste forte (on relève au total 6 séjours de Cezanne à Médan) : de Melun il se rend une première fois chez Zola à Médan (le séjour ne dure que quelques jours..) pour découvrir la nouvelle propriété de son ami. A la fin de son dernier séjour à Pontoise en 1882, il restera cinq semaines chez son ami.
Cezanne et Pissarro s’étaient rencontrés à l’atelier Suisse dés 1861. Pissarro, de neuf ans et demi l’aîné de Paul, devait jouer un rôle de grand frère, du fait de l’âge plus avancé certes (il avait une expression patriarcale avec sa barbe grise), du fait d’un caractère attentif et toujours affable, plein d’une humanité forte. Pissarro, qui avait participé aux Salons de 1859, 1864, 1865, 1866, 1869 et 1870) grâce à des paysages devait « porter »continûment l’aventure impressionniste de 1874 à 1886 : on le voit présent aux huit expositions impressionnistes (dont sept entre 1874 et 1882) soutenant Cezanne pour sa présence dans deux d’entre elles (la première exposition en 1874, la troisième en 1877). Après 1882, Cezanne ne devait plus guère porter attention à Pissarro : il faudra attendre la mort de ce dernier pour que les lettres de Cezanne fassent référence au grand ami des années 1870 ( cf la formule de Cezanne si souvent reprise : « l’humble et colossal Pissarro »)…
La Maison du pendu, 1873, 55x66cm, FWN82-R202, Paris, Musée d’ Orsay
4 janvier 1872 : naissance de Paul Cezanne ( dit Paul Cezanne-fils) , fils du peintre et d’Hortense Fiquet.
19 février : Accueil d’Achille Emperaire qui, arrivé d’Aix, loge un temps chez lui : « Paul est assez mal établi.- En outre un vacarme à réveiller les morts ». (lettre d’Emperaire, cité par John Rewald, 17 mars 1872)
9 avril 1872 le docteur Gachet, ami de Pissarro et de Cezanne achète une maison à Auvers, rue Rémy.
Avril 1872 : Cezanne refusé au Salon. Signature d’une pétition pour demander l’ouverture d’une salle au sein de l’exposition du Palais de l’Industrie ( une quarantaine de signataires dont Jongkind, Fantin-Latour, Renoir, Pissarro)
Eté 1872 – mai 1874 : Cezanne à Auvers/Pontoise.
Août 1872 : Pissarro s’installe à Pontoise, 16 rue Malebranche (actuel 18 rue Revert), où Cezanne le rejoint. Cezanne s’établit hôtel du Grand Cerf, 59 rue Basse, à Saint-Ouen-l’Aumône (tout près de Pontoise) avant de s’installer à Auvers, non loin du docteur Gachet, 66 rue Saint Rémy.
« Guillaumin vient passer quelques jours chez nous ; il travaille le jour à la peinture et le soir à ses fosse ( cf service des Ponts et Chaussées) quel courage ! Notre Cezanne nous donne des espérances et j’ai vu et j’ai chez moi une peinture d’une vigueur, d’une force remarquable. Si, comme je l’espère, il reste quelque temps à Auvers où il va demeurer, il étonnera bien des artistes qui se sont hâtés trop tôt de le condamner » (lettre de Pissarro à Guillemet, 3 septembre 1872).
Octobre 1872 : Pissarro emménage 26 rue de l’Hermitage à Pontoise
De la fin 1872 à début 1874 : Cezanne travaille à Pontoise auprès de Pissarro. Il se rend d’Auvers à Pontoise par train ou à pied (environ 3 km de marche).
Cezanne, Pissarro, Guillaumin pratiquent l’eau forte chez le docteur Gachet Gachet.
« Dés le moment que vous cherchez des moutons à cinq pattes, je crois que Cezanne pourra vous satisfaire car il a des études étranges et vues d’une façon unique » (lettre de Pissarro à Duret, 8 décembre 1873).
Un paysan d’Auvers sur Oise à ce mot : « Monsieur, j’ai vu bien souvent les tableaux de MM Cezanne et Pissarro. M. Pissarro, en travaillant, piquait ( et mon paysan fait le geste) et M. Cezanne plaquait (autre geste) ».
1874
Début 1874 : Cezanne s’installe à Paris 120 rue de Vaugirard.
15 avril-15 mai 1874 : Première exposition impressionniste chez Nadar : trois tableaux de Cezanne sont visibles : La Maison du pendu, la Moderne Olympia, Paysage d’Auvers. Le tableau La Maison du pendu est acheté par le comte Doria.
Fin mai – septembre 1874 : Cezanne à Aix-en-Provence.
« J’ai vu ces jours derniers le directeur du Musée d’Aix. Mais sur mes affirmations qu’en voyant mes produits il n’aurait pas une idée bien juste des progrès du mal et qu’il fallait voir les travaux des grands criminels de Paris, il m’a dit : »Je saurai bien me faire une idée des dangers qeu court la Peinture, en voyant vos attentats » (lettre de Cezanne à Pissarro, Aix 24 juin 1874).
Septembre 1874 – avril 1876 : Cezanne à Paris et Ile de France.
Septembre 1874 :Cezanne est de retour à Paris, rue de Vaugirard.
Décembre 1874 : liquidation de la Société anonyme coopérative des artistes.
1875
1875 : année essentiellement parisienne avec passage à Pontoise au cours de l’été ; Renoir fait découvrir à Cezanne Victor Chocquet, inspecteur des douanes. Une passion commune les anime, la passion de Delacroix. Cocquet , entre octobre et décembre, achète chez Tanguy 3 « Cezanne » (21 octobre, 1er novembre et 30 décembre 1875). Il aura à sa mort une collection riche de 31 « Cezanne, 5 « Courbet »… Pendant près de vingt ans, il faudra aller chez Victor Chocquet pour voir des « Cezanne ».
18 aout 1875 : Cezanne apporte sa signature pour la création par Alfred Meyer d’une nouvelle association d’artistes (Statuts de l’Union, Société anonyme à personnel et capital variables des artistes, peintres, sculpteurs, graveurs, architectes, lithographes, céramistes). Elle comprend 19 adhérents dont Pissarro habitant à Pontoise, Edouard Béliard à Pontoise, Paul Cezanne. Pissarro et Cezanne démissionneront de cette Société le 24 février 1877).
Décembre 1875 – Janvier 1876 : voyage éclair de Cezanne à Aix ?
Ce voyage semble attesté du fait d’un échange de lettres entre Pissarro et son ami Piette.
1876
Février 1876 : Au début du mois, on sait Cezanne à Paris. Cezanne et Chocquet vont à Argenteuil chez Monet
Avril – août 1876 : dans le Midi
Avril 1876 : départ pour le Midi.
Avril 1876 : présence de Cezanne à Aix puis à l’Estaque en juin-juillet.
Cezanne exécute deux marines pour Chocquet (cf. lettre de Cezanne à Pissarro 2 juillet 1876) : « Il faut que je vous dise que votre lettre m’est venue surprendre à l’Estaque, au bord de la mer. Je ne suis plus à Aix depuis un mois. J’ai commencé deux petits motifs où il y a la mer, pour monsieur Chocquet, qui m’en avait parlé.- C’est comme une carte à jouer. Des toits rouges sur la mer bleue. »
Avril 1876 : deuxième exposition impressionniste à laquelle Cezanne ne participe pas, tentant en vain sa chance au Salon.
Fin août 1876 – début 1878 : Cezanne à Paris, Pontoise, Auvers…
fin août 1876 : Cezanne est de retour à Paris.
A Paris, Cezanne habite 67 rue de l’Ouest, Paris 14e.
Guillaumin à Gachet : « Cezanne est de retour depuis 3 ou 4 jours, je lui ai fait part de vos désirs à son égard. Il ira vous voir… »( lettre de Guillaumin à Gachet 2 septembre 1876).
En septembre et octobre 1876 : travail avec Guillaumin à Issy-les-Moulineaux, passage à Auvers où il rencontre le docteur Gachet. « Mon cher Docteur, Je souffre en ce moment d’un mal de tête assez violent, qui ne permet pas de pouvoir répondre à votre invitation… Guillaumin que vous verrez ce soir, et avec qui je me trouvais hier mercredi à Issy, pourra vous parler de mon atteinte. … » ( lettre de Cezanne à Gachet le 5 octobre 1876)
1877
Fréquentation de la nouvelle Athènes : « Cezanne est apparu il y a peu de temps, au petit café de la place Pigalle dans un de ses costumes d’autrefois : cote bleue, veste de toile blanche toute couverte de coups de pinceaux et autres instruments, vieux chapeau défoncé. Il a eu un succès ! Mais ce sont des démonstrations dangereuses » (lettre de Duranty à Zola)
Introduction de Cezanne par Cabaner ou Paul Alexis aux soirées de Nina de Villard rue des Moines. Cezanne rencontre Léon Dierx, Paul Alexis, Fran-Lamy, Marast, Ernest d’Hervilly, L’Isle Adam, Manet, Mallarmé, Verlaine, Edmond de Goncourt….
2-30 avril 1877 : troisième exposition impressionniste, rue Lepeletier : Cezanne expose 16 œuvres.
Début du printemps 1877 : travail auprès de Pissarro à Pontoise, ce que démontre deux groupes de paysages où les deux peintres œuvrent ensemble. Si les « Cezanne » ne sont pas datés, les Pissarro le sont : La Côte Saint Denis à Pontoise (FWN108-R312 et PDRS 488) ; Le Jardin de Maubuisson, Pontoise (FWN110-R311 et PDRS 494). Il est fort probable que Cezanne est hébergé chez Pissarro ,18 rue de l’Hermitage.
Août 1877 : travail presque tous les jours dans le parc d’Issy-les-Moulineaux.
« Hier soir en allant rue Clauzel chez mon marchand de couleurs, j’ai trouvé le cher Emperaire » ( lettre de Cezanne à Zola, 28 août 1877). Cezanne pense aller à Marseille en décembre 1877. Il semble qu’il renonce à ce projet.
Mars 1878-mars 1879 : Cezanne dans le Midi
Mars 1878 : départ vers le midi.
1878-1879 : Cezanne est dans le Midi, essentiellement à l’Estaque.
« Je suis à l’Estaque depuis une huitaine de jours » (lettre de Cezanne à Zola, 16 juillet 1878).Il donne comme adresse d’Hortense à Marseille, Vieux chemin de Rome, 12.
« Je n’ai encore pu trouver de logement à Marseille, parce que je le voudrai pas cher. Je compte y passer tout l’hiver si mon père consent à me donner de l’argent. Je pourrai ainsi poursuivre quelques études que je fais à l’Estaque, d’où je ne m »éloignerai que le plus tard possible« . (lettre de Cezanne à Zola, 27 août 1878). » Je serai à l’Estaque tout l’hiver durant, j’y travaille.-Maman est partie depuis huit jours pour les vendanges, la confiture et le déménagement d’Aix... »(lettre de Cezanne à Zola, 24 septembre 1878).
Zola intervient fréquemment pour aider financièrement Cezanne, obligé de se tenir à l’écart du Jas de Bouffan car il veut cacher à son propre père l’existence du petit Paul. A Zola il donne comme adresse à Marseille rue Ferrari 32. Le 23 mars 1878, Cezanne écrit à Zola depuis L’Estaque : « La situation se tend fortement entre mon père et moi, et je suis menacé de perdre toute ma pension. Une lettre que monsieur Chocquet m’a écrite et dans laquelle il me parlait de madame Cezanne et du petit Paul a révélé définitivement ma position à mon père, lequel d’ailleurs était aux aguets, pleins de soupçons, et qui n’a eu rien de plus empressé que de décacheter et lire le premier la lettre qui m’était adressée…Je t’écris de L’Estaque, mais je retourne ce soir à Aix». Autre lettre : « Je vais tacher d’aller à Marseille, je me suis esquivé mardi, il y a 8 jours pour aller [voir]le petit, il va mieux et j’ai été obligé de m’en revenir à pied à Aix, vu que le train du chemin de fer porté sur mon indicateur était faux, et il fallait que je fusse présent pour le dîner- j’ai été une heure en retard » ( lettre à Zola 4 avril 1878.)
en novembre-décembre 1878, Hortense remonte seule à Pari , laissant le petit Paul à la garde du peintre à Marseille.« Hortense est revenue : elle a eu une petit aventure à Paris…Je crois rester encore quelques mois ici et partir pour Paris vers le commencement de mars » (lettre de Cezanne à Zola 19 décembre 1878).
Entre 1879-1881 : Cezanne à Paris et Ile de France (Melun, Médan, Pontoise…)
mars 1879 : Cezanne est de retour à Paris, rue de l’Ouest.
Avril 1879 : Cezanne refusé au Salon. Ne participe pa s à l’exposition impressionniste.
Avril 1879- avril 1880 : Melun sauf bref voyage et séjour à Paris, ou Médan
Malgré l’appui de Guillemet, Cezanne échoue au Salon en 1879, 1880, 1881
Début avril 1879 : Installation à Melun, 2 place de la Préfecture (2eme étage) (lettre à Pissarro 1er avril 1879).
« je quitte Paris dans quelques jours » (lettre de Cezanne à Pissarro, 1er avril 1879)
Vers le 10 mai 1879, bref passage à Paris pour voir Zola (absent) et Guillemet en vue du Salon (en vain).
9 juin 1879 : rencontre de Zola à Paris (Cezanne vient de Melun).
En juin 1879 : séjour d’une douzaine de jours à Médan chez Zola : « Je m’ingénie toujours à trouver ma voie picturale. La nature m’offre les plus grandes difficultés » (lettre de Cezanne à Zola, le 24 septembre 1879). J’accepte trés volontiers ton invitation pour Médan. Surtout pour cette époque où la campagne est vraiment étonnante »( lettre de Cezanne à Zola, 27 septembre 1878).
En octobre 1879 : Cezanne se rend à Paris pour assister à l’Assommoir d’après Zola : « Je suis allé voir l’Assommoir, ce dont je suis trés content. J’étais on ne peut mieux placé, et je n’ai pas dormi du tout, quoique d’habitude je me couche un peu après huit heures. L’intérêt ne languit pas du tout » lettre du 9 octobre 1879)
Hiver 1879-1880 : grand froid à Melun :
« Mercredi il a fait ici jusqu’à 25 degrés ( en dessous de zéro). Et ce qui moins drôle encore, c’est que je ne peux me procurer de combustible. Probablement samedi je n’aurai plus d charbon, et je serai obligé de me réfugier à Paris » (lettre de Cezanne à Zola, 18 décembre 1879).
1er avril 1880 : fin du séjour à Melun. Retour à Paris Installation 32 rue de l’Ouest.
Avril 1880 : Espérant être exposé au Salon, Cezanne ne participe pas à la quatrième exposition Impressionniste. Transmission est faite à Zola du double d’une lettre que Renoir et Monet envoient au ministre des beaux-arts : « Monsieur le Ministre deux artistes connus sous le nom d’impressionnistes s’adressent à vous avec confiance pour obtenir d’être exposés l’année prochaine au Plais des Champs Elysées dans des conditions convenables ».
18-22 juin 1880 : publication par Zola d’une série d’articles dans le Voltaire : « Le naturalisme au Salon » : « M. Paul Cezanne un tempérament de grand peintre qui se débat encore dan ses recherches de facture, reste plus près de Courbet, de Delacroix »
19 juin 1880 : demande est faite à Zola de pouvoir venir chez lui et d’y faire « une petite toile ».
En août 1880 : Cezanne séjourne à Médan. Il y fait la connaissance de Huysmans, Céard et probablement Duret.
1881
De mai à octobre 1881, Cezanne est pour l’essentiel du côté de Pontoise.
Le 5 mai 1881 : Cezanne s’installe à Pontoise 31 quai de Ponthuis (il voit Pissarro qui demeure 18 bis rue de l’Hermitage (puis vers juillet quai de Ponthuis). « Il y a deux jours que je suis à Pontoise… Je demeure actuellement Quai du Pothuis 31 à Pontoise » (lettre de Cezanne à Zola 7 mai 1881)
En mai 1881 : marche à pied pour aller chez Zola de Pontoise à Médan (15 km). « Bien sûr que, comme tu le dis, mon séjour à Pontoise ne m’empêchera pas d’aller te voir, au contraire, j’ai comploté d’aller à Médan par voie de terre et aux frais de mes jambes… » (lettre de Cezanne à Zola 20 mai 1881)
Fin mai 1881, Rose et Marie, les sœurs du peintre, sont à Paris : grandes eaux à Versailles.
Juillet 1881: Cezanne est à Auvers. Alexis est blessé en duel fin juillet : passage à Paris visite à Alexis.
Fin octobre 1881 : une semaine à Médan avant un départ pour Aix. « Le temps approche où je dois partir pour Aix. … Si tu n’y vois pas de difficulté, j’irai te voir vers le 24 ou 25 de ce mois. » (Lettre de Cezanne à Zola)
Automne-Hiver 1881-1882 : présence de Cezanne à Aix-en-Provence.
En Provence (fin 1881-début 1882), le peintre va à l’Estaque pour une durée de quatre mois, furieux de ce que son père ait ouvert un paquet qui lui était adressé (Cf. Lettre de Cezanne écrite de l’Estaque à Paul Alexis qui venait de publier, Emile Zola, Notes d’un ami. « Je dois être bien en retard pour te remercier de l’envoi de ton volume biographique, car je me trouve à L’Estaque, patrie des Oursins. L’exemplaire que tu as bien voulu m’adresser est tombé à Aix, entre les mains des impurs de mes alliés. Ils se sont bien gardés de m’en donner l’avis. Ils l’on dépouillé de son enveloppe, coupé, parcouru en tous sens et moi j’attendais sous le pin harmonieux ».) Renoir, de retour d’Italie, peint auprès de Cezanne. Tombé malade, le voyageur est soigné avec beaucoup d’attention par son ami.
26 février 1882 : Cezanne assiste au mariage de sa sœur Rose à Maxime Conil, avocat. Renoir lui rend visite à l’Estaque. Ce dernier atteint de pneumonie est soigné par Cezanne et sa mère.
Mars à octobre 1882 : Cezanne à Paris (Pontoise, Hattenville, Médan)
Cezanne Habite toujours 32 rue de l’Ouest
Début mars 1882 : Cezanne est de retour à Paris. Il ne participe pas à la septième exposition impressionniste.
Mai 1882 : une œuvre de Cezanne est accrochée au Salon (Portrait de M.L.A…). Cezanne est nommé élève de Guillemet, qui obtient par « charité » cette reconnaissance. Mal accrochée l’œuvre (un portrait), l’œuvre passe inaperçue. Ce sera la seule fois où une oeuvre de Cezanne est accrochée au Salon.
Eté 1882 : de passage à Pontoise, Cezanne visite chez Chocquet à Hattenville.
Septembre 1882 : Cezanne passe plusieurs semaines chez Zola à Médan.
Octobre 1882 : départ pour Aix.
Octobre 1882-été 1888 : grande période de Cezanne en Provence
D’octobre 1882 à l’été 1888, Cezanne appartient à la Provence qu’il ne quitte que pour une courte escapade en 1885, au cours de laquelle il chercher à rencontrer Renoi à la Roche –Guyon et Zola à Médan pour trouver réconfort et appui du fait d’une crise sentimentale qui le bouscule.
Au cours de ces années essentiellement provençales (avec comme lieu de référence L’Estaque, Bellevue, Gardanne, Aix) , il faut enregistrer le 28 avril 1886 le mariage de Paul Cezanne et d’Hortense Fiquet à Aix, la mort de Louis-Auguste Cezanne le 23 octobre de la même année.
Cette période reste indéniablement l’une des plus fécondes de la vie du peintre. Comme ébauché préalablement, le paysage provençal donne lieu à des toiles magistrales, qu’il s’agisse de toiles exécutées à L’Estaque, Gardanne, Le Jas de Bouffan, voire Bellevue. Ces lieux deviennent en effet les références de l’artiste en ces années de Provence. Trois grands moments apparaissent :
* L’Estaque paraît retenir le peintre de ,. Ce temps où Cezanne privilégie L’Estaque correspond à plusieurs séjours en fait qui se suivent de près et forment à nos yeux une réelle continuité : on peut même penser que Cezanne laissait ses tableaux en cours là-bas, les retrouvant et en poursuivant la « réalisation » après quelques jours d’absences !.
* Gardanne semble vraiment le lieu de référence d’août 1885 jusqu’à l’automne 1886.
* Pour les mois qui suivent, aucune indication ne nous permet de situer Cezanne ailleurs qu’au Jas de Bouffan où son père vient de mourir le 23 octobre 1886. Il semble y demeurer jusqu’en 1888.
Sur le plan de sa vie privée, Cezanne doit continuer le jeu de cache-cache avec son père concernant l’existence d’Hortense Fiquet et de son fils Paul. Aussi les longs séjours accomplis à l’Estaque ou Gardanne s’expliquent en partie par la volonté du peintre d’être indépendant. Un autre événement important marque la vie de Cezanne : il éprouve une passion, susceptible de déstabiliser, pour une certaine Fanny, qui selon Jean de Beucken aurait été une femme de service au Jas. Cette passion, semble-t-il vaine, oblige le peintre à se réfugier auprès de Zola et Renoir vers Medan et La Roche Guyon l’été 1885. De fait Cezanne revient vers Aix et s’installe une année entière à Gardanne, petit village minier à une dizaine de kilomètres d’Aix avec femme et enfant. Faut-il voir dans le mariage officiel de Paul et Hortense le 28 avril 1886 une régularisation qui met un terme à cette aventure amoureuse ? En tout cas, nulle trace explicite d’une « Fanny » n’apparaît dans les portraits ou les tableaux. Tout au plus peut-on penser que le thème de Bethsabée prend un développement certain à partir de ces années en référence à cette femme dont le corps aurait hanté le peintre des années durant ! On sait encore qu’en ces années, le peintre rédige un testament comme si l’idée de la mort s’inscrivait en lui inéluctablement. De fait, la mort de son père survenue le 23 octobre 1886 marque un tournant « existentiel » dans la vie du peintre. Ne serait-ce qu’en raison de cette donnée : matériellement il dispose complètement de sa part d’héritage et se voit à l’abri de tout besoin. Mais Cezanne ne changera pas profondément son mode de vie, sinon qu’il n’a plus à quémander de l’argent à Zola comme en 1878, à se tenir à distance du Jas.
Un troisième événement marque la vie de Cezanne, toujours cette année 1886 : la parution du roman de Zola intitulé L’Œuvre : la parution de ce livre marque la distance définitive entre les artistes. Dans le même temps, les amis aixois se sont éloignés eux aussi.
mai 1882-fin 1884 : Cezanne séjourne à l’Estaque, puis rejoint le Jas de Bouffan.
Juin-juillet 1885 : Paris, La Roche-Guyon, Médan
En 1885, Cezanne est déstabilisé par une passion amoureuse aussi fulgurante que brève. La femme aimée reste inconnue [Fanny, une servante du Jas de Bouffan, avance Jean de Beucken dans sa biographie de Cezanne (Un Portrait de Cezanne) parue en 1955 chez Gallimard]. Cezanne sollicite Émile Zola de l’accueillir alors qu’il est au cœur de cette tourmente amoureuse… Paul Cezanne fait alors une escapade en région parisienne. Cette aventure n’a pas de suite connue. Cette brève escapade « parisienne » fait apparaître le calendrier suivant : 14 juin 1885 : soirée chez Zola à Paris. Juin-Juillet 1885 : séjour chez Renoir à la Roche-Guyon avec Hortense Fiquet et son fils. Mi juillet 1885 : hôtel de Paris à Vernon. 24 juillet 1885 : arrivée à Médan pour quelques jours
Août 1885 – De retour à Aix, Cezanne s’installe une année à Gardanne
1886
Année 1885-1886
Cezanne travaille essentiellement à Gardanne où il installe femme et enfant.
4 avril 1886 : Cezanne écrit ce qui a été pratiquemetn toujours consiédéré comme la dernière lettre de Cezanne à Zola. Cette lettre correspond à la parution du roman de Zola L’Œuvre (parution du roman de Zola le 31 mars 1886). Paul Cezanne accuse réception du livre le 4 avril. « Je viens de recevoir L’Œuvre que tu as bien voulu m’adresser. Je remercie l’auteur des Rougon-Macquart de ce bon témoignage de souvenir, et je lui demande de me permettre de lui serrer la main en songeant aux anciennes années ». Cette ne saurait être une lettre « rupture » , au motif que Zola aurait fait de son ami d’enfance le modèle du peintre Claude Lantier qui se suicide à la fin du roman. Claude Lantier est comme peintre en littérature fort éloigné de Cezanne. Paul avait-il même lu le roman le jour où il en accuse réception ? « Tout à toi sous l’impulsion des temps écoulés ». A remarquer que le roman parît le 31 mars 1886, et que Cezanne en accuse réception par une lettre écrite à Gardanne le 4 avril. Vraisemblablemetn il a reçu le livre le samedi 3 avril.
28 avril 1886 : Mariage de Paul Cezanne et d’Hortense Fiquet à Aix.
23 octobre 1886 : Mort de Louis-Auguste Cezanne, père de l’artiste, au Jas de Bouffan.
1887
28 novembre 1887 : Paul Cezanne est à Paris : il écrit une lettre à Emile Zola, pour le remercier de l’envoi de son dernier roman La Terre :
Paris, 28 9bre 1887
Mon cher Emile,
Je viens de recevoir de retour d’Aix le volume la Terre, que tu as bien voulu m’adresser. Je te remercie pour l’envoi de ce nouveau roman poussé sur l’arbre généalogique des Rougon-Macquart.
Je te remercie d’accepter mes remerciements et mes plus sincère salutations […] Quand tu seras de retour j’irai te voir pour te serrer la main ».
(Cette lettre du 28 novembre démontre que la lettre du 4 avril 1886 n’est pas, comme toujours répété, une lettre de rupture. Elle correspond à l’accusé de réception du roman L’Oeuvre publié le 31 mars 1886. Cette lettre nouvellement découverte est écrite par Cezanne à Paris. Elle est envoyée à Zola (que Cezanne croit absent de Paris. Elle laisse entendre une prochaine rencontre entre les deux hommes. La relation d’amitié de Cezanne et Zola ne s’est pas achevée en 1886. Voir Cezanne et Zola, la fin d’une amitié ?
1888 – 1999 : Les années de silence et de gloire entre Aix et Paris
Les années 1888-1906 correspondent aux années d’accomplissement du peintre. Déjà au cours des années précédentes où Cezanne est particulièrement présent en Provence (de 1882 à 1888) il fait preuve d’une maturité exceptionnelle, comme s’il donnait tout rayonnement aux années de recherches faites en Ile de France. Les « mers à l’Estaque »,, les tableaux réalisés à Gardanne, au Jas de Bouffan sur la colline de Bellevue (dont les premières « Sainte Victoire ») sont déjà en soi des chefs d’œuvres.
Alors pourquoi Paris, quels itinéraires ? Cezanne a perdu son père et s’est marié en 1886 à Aix. Zola est désormais à distance depuis la publication de L’Œuvre toujours en 1886. Il dispose d’argent d’espace d’atelier, de soleil ! Quel besoin de revenir à Paris où Pissarro ne l’attend plus, où Zola n’a plus rien à lui dire. Tout au plus il verra Monet une fois ou l’autre (1894), en même temps qu’il fait la connaissance de critique (Geffroy en 1895) ou marchand ( Vollard en 1896).
Ici la vie de Cezanne manque de logique, du moins d’un point de vue biographique. Et pourtant, il faut l’enregistrer : Paris reste plus que jamais Paris. Les motivations de venir travailler en Ile de France peuvent nous échapper il faut enregistre ses voyages, ses séjours avec d’autant plus d’attentions pour comprendre les motivations intérieures du peintre.
Eté 1888 – été 1890 : Cezanne retrouve Paris
Cezanne remonte à Paris qu’il n’a plus vu depuis 1882 (si l’on excepte le séjour éclair qu’il y fait en juin 1885). Pourquoi revient-il alors qu’il dispose d’un Mas et de sa propriété, d’une fortune héritée de son père ? Sans doute le voyage de Renoir au Jas de Bouffan en janvier 1888 incite le méridional à revoir Paris, ses peintres, sa modernité. Sans doute craint-il de s’enfermer dans une pratique maintenant sûre d’une formule lentement acquise. Cezanne s’installe dans un appartement Ile Saint Louis et prend un atelier au Val de Grâce. Hortense retrouve ses amis les Guillaume
Les deux garçons se costument pour le mardi gras, Louis Guillaume en Arlequin, Paul Cezanne en Pierrot.
Vincent Van Gogh à Paris rencontre Cezanne chez Tanguy : « Sincèrement vous faites une peinture de fou » dit Cezanne à Van Gogh.
1888
Eté 1888 : Séjour à Chantilly à l’hôtel Delacourt. Cezanne peint quelques allées de la forêt de Chantilly au bout de laquelle se laisse entrevoir le château. Les trois tableaux connus sur ce thème (NR 614-615-616) font penser à l’allée des marronniers du Jas de Bouffan qui ouvrait le regard, par delà un tunnel de verdure, vers une maison, bastide ou ferme.
Décembre 1888 : installation quai d’Anjou dans l’île de la Cité. C’est là que Cezanne peint la série de portraits du Jeune homme au gilet rouge », ainsi qu’une série de Portrait d’Hortense Fiquet.au fauteuil …
1889
Juin 1889 : séjour à Hattenville chez Chocquet.
fin 1889 : Cezanne participe à l’exposition du groupe des vingt Bruxelles.
Eté 1890 : de juin à novembre, Cezanne fait un voyage jusqu’en Suisse
Cezanne va d’abord dans le Doubs à Emagny, non loin de Besançon, régler des problèmes de succession liée à la mort du père d’Hortense Fiquet (originaire de ce village de Franche-Comté). Le voyage se continue en Suisse (Neuchâtel, Berne, Fribourg, Vevey, Lausanne, Genève).
Cezanne réalise plusieurs aquarelles autour du lac de Neuchâtel. A Fribourg, Cezanne assiste à des manifestations violentes entre droite cléricale et gauche révolutionnaire. Il échappe à ce tumulte en partant pour Genève, laissant les siens sans nouvelles.
Novembre 1890-septembre 1891 : Cezanne à Aix-en-Provence
novembre 1890 : Cezanne revient de Genève à Aix-en Provence, pendant qu’Hortense retouren à Paris avc Paul Cezanne-fils.
Cezanne commence son travail sur le « Joueurs de cartes » il reste en Provence jusqu’en septembre 1891.
A la mort de Chocquet à Yvetôt le 7 avril 1891, Cezanne est à Aix. Dans la revue « Les hommes d’aujourd’hui », publication d’un article sur Paul Cezanne par Emile Bernard (n° 387) en mai 1891. C’est le début d’une reconnaissance à Paris.
Numa Coste écrit à Zola le 5 mars 1891 : « Cezanne vit séparé à Aix de sa femme et de son fils (boule et boulet) ; il est obligé d’aller à Paris ou d’en revenir suivant les ordres qu’elle lui donne… »
Septembre 1891 – juin 1895 : Cezanne à Paris
(entrecoupé d’un bref séjour à Aix en février/mars 95)
Suivre Cezanne en ces années « parisiennes » relèvent du défi : si l’on sait qu’il s’installe 69 rue d’Orléans en 1891, si l’on sait qu’il travaille à Avon (où il semble habiter un temps), ou Fontainebleau en 1892, le localiser en 1893 est difficile.
Les indications sont plus nombreuses pour les années 1894 et 1895
Septembre 1891 : installation 69 rue d’Orléans Paris 14e
23 mai 1891 : Fénéon : Longtemps délaissée, la tradition Cezanne est aujuourd’hui en pleine culture, grâce à MM Séruzie ( sic) Willumsen, Bernard, Schuffenecker, Laval, Ilbels, Filliger, Denis etc.
1892 : Cezanne à Avon pour un temps, atelier à Fontainebleau
Septembre 1892 : séjour à Bourron-Marlotte dans l’auberge du père Antoni (dit le Sabot Rouge à la suite du roman, publié en 1860 de Henry Murer qui se passe en ce lieu).
1894
6 février 1894 : mort du père Tanguy. A la vente des tableaux de ce marchand de couleur et collectionneur, s’impose un tout jeune marchand Ambroise Vollar.
21 février 1894 : Mort de Caillebotte. Caillebotte lègue à l’État 65 tableaux de sa collection legs Caillebotte dont 5 « Cezanne ». Deux tableaux seulement seront acceptés : Cour de Ferme à Auvers et L’Estaque.
Mars 1894 : Cezanne présent à Alfort (Maison-Alfort) (lettre adressée à Geoffroy d’Alfort, le 26 mars).
Le Moulin Brûlé , carte postale ancienne vers 1900,
Fin de l’été 1894 : installation 2 rue des Lions-saint-Paul, Paris 4e, à la fin de l’été (atelier rue Dulac).
Début Septembre 1894 : Melun (lettre adressée à un marchand de couleur).
fin septembre : Barbizon. Le 30 septembre 1894 Cezanne écrit à à Monet : « Je suis à Barbizon, j’ai eu le plaisir d’y faire la connaissance de Radinsky » (Radinsky est un peintre).
7-30 novembre 1894 : séjour à l’hôtel Baudy à Giverny. Rencontre Mary Cassatt.
« Il (Cezanne) ressemble à un méridional par Daudet. Quand je l’ai vu pour la première fois, il me fit l’impression d’une espèce de brigand avec des yeux larges et rouges à fleurs de tête, qui lui donnaient l’air féroce, encore augmentée par un barbiche pointu […] Jai découvert par la suite que je m’étais laissé tromper par les apparences car loin d’être féroce, ila un tempérament doux comme un enfant » (lettre de Matilda Lewis, peintre américain présent à Giverny)
28 Novembre 1894 : Réception en son honneur chez Monet à Giverny (présence de Clémenceau, Rodin, Geoffroy. Départ brusque de Cezanne qui laisse plusieurs toiles à l’hôtel. Monet, voulant porter un toast en l’honneur de Cezanne l’aurait malencontreusement comparé à Gauguin ce qui aurait provoqué la colère de Cezanne.
février1895 -mars 1895 : Cezanne à Aix
5 janvier1895 : destitution du capitaine Dreyfus.
2 mars : mort de Berthe Morisot. Renoir est auprès de Cezanne dans le Midi quand il apprend la nouvelle et remonte à Paris. Cezanne est à nouveau à Paris en avril 1895 : il reprend le portrait de Geoffroy.
Second trimestre 1895 : Cezanne, en grande partie à Paris
Cezanne est principalement préoccupé par le Portrait de Geoffroy.
« Mon cher Monet, Je viens de descendre de Belleville, où j’ai laissé Gustave Geffroy, assez fatigué de son indisposition – Pendant les quelques jours de son absence j’ai travaillé aux natures mortes environnant le modèle… Je vous écrirai pour vous prévenir du jour probable de notre visite, si cela ne vous dérange pas. » (Cezanne, lettre à Monet 9 juin 1895)
Fin juin- 1895- juin 1896 : Cezanne à Aix-en-Provence
Fin juin 1895 : départ pour Aix. Le 6 juillet il écrit à Monet : » J’ai dû quitter Paris, le terme auquel mon voyage à Aix était fixé étant arrivé […] Me voilà retombé dans le Midi, dont je n’aurais peut-être jamais dû m’éloigner, pour m’élancer à l’assaut chimérique de l’art »
Novembre 1895 : Cezanne, Emperaire et Solari font une excursion à Bibémus, déjeunent au Thololnet. Emperaire fait une chute et se blesse. Cezanne et Solari ( père et fils) montent au sommet de Sainte-Victoire.
fin de l’année, avant le 13 novembre à Paris, Vollard organise la première exposition rétrospective de Cezanne (150 tableaux d’après Vollard). Le succès est acquis. Le jeune marchand a sans doute été poussé par Renoir. Cezanne, sollicité par l’intermédiaire de son fils, reste en Provence.
début 1896 : Vollard, qui n’a encore jamais rencontré Cezanne, descend dans le Midi , fait connaissance du peintre, sympathise avec lui, achète tous les « Cezanne » qu’il peut. C’est le temps d’une relation importante avec le poète provençal Joachim Gasquet. Au printemps 1896, Vollard rend visite à Cezanne et fait sa connaissance à Aix.
Juin-juillet-août 1896, Cezanne à Vichy et Talloires (Annecy)
Atteint du diabète, Cezanne a besoin de fraîcheur et de repos. C’est la raison du voyage qui le conduit à Vichy (en juin), puis Talloires, près d’Annecy ( en juillet-août).
lettre de Cezanne à Gasquet du 13 juin 1896 : » Je suis débarqué ici à Vichy depuis une huitaine d jours. Le temps pluvieux et maussade à notre arrivé, s’est rasséréné ( Vichy,hôtel Molière ( Allier) «
lettre de Cezanne à Philippe Solari, « Talloires 25 Juillet 1896 , Quand j’étais à Aix, il me semblait que je serais mieux autre part, maintenant que je suis ici, je regrette Aix. […] Pour me désennuyer, je fais de la peinture. Ce n’est pas très drôle mais le lac est très bien avec de grandes collines tout autour, on me dit de 2000 mètres, ça ne vaut pas notre pays, quoique sans charge ce soit bien. Mais quand on est né là bas, c’est foutu, rien ne vous dit plus… »
Aout 1896 : retour de Talloires vers Aix (via Lyon, Rognac, Miramas) pour un départ presqu’immédiat vers Paris.
Fin août 1896 – octobre 1896 : Paris
Appartement : 58 rue des Dames, à Montmartre 3° étage
« Mais rentré à Paris, en quittant Talloires, j’ai consacré pas mal de jours à trouver un atelier pour y passer l’hiver. Les circonstances, je le crains fort, vont me retenir quelque temps à Montmartre où se trouve mon chantier. Je suis à une portée de fusil du Sacré cœur dont s’élancent dans le ciel les campaniles et clochetons ».
Octobre-novembre 1896 : Cezanne à Aix-en-Provence.
Zola de passage à Aix ne cherche pas à revoir son ami.
Décembre 1896- juin 1897 : Cezanne à Paris
Fin décembre 1896 : visite de Solari à Cezanne à Paris
1897 : installation 73 rue Saint Lazare »
Mai 1897: travail à Mennecy près de Corbeil ( Essonne) : hôtel de la Belle Etoile
Mai 1897-mai 1898 : Cezanne à Aix-en-Provence
Parti de Paris le 31 mai, Cezanne reste à Aix, assiste sa maman qui meurt le 25 octobre 1897.
Mai 1898- 1899 (fin juin ? ) : Cezanne à Paris
Installation villa des Arts, 15 rue Hégésippe Moreau, Paris 18e
9 mai-10 juin 1898 : exposition Cezanne chez Vollard, 6 rue Lafitte
Début de l’été 1898 : Fontainebleau (11 rue saint Louis). A partir de là, travail à Marlotte, Montigny sur Loing.
une partie de l’été 1898 : Marines et Montgeroult (au delà d’Auvers) où il rencontre le peintre Louis Le Bail de Marines
- La dernière œuvre majeure engagée à Paris : le Portrait de Vollard réalisé dans le premiers mois de 1899
- Dessins au Louvre et musée du Trocadéro (copies ‘antique, de sculpture, de Puget
Août 1899 : Cezanne est à Marlotte . Portrait d’un peintre norvégien du nom de Alfred Hauge, et visite d’un peintre hongrois du nom de Rippl Ronaï. Sans doute peinture à Montigny-sur-Loing.
Septembre 1899 : retour à Aix
Septembre 1899-Octobre 1906 : les dernières années, la Provence définitive
A partir de septembre 1899 jusqu’à sa mort le 22 octobre 1906 Cezanne est pour l’essentiel à Aix-en-Provence.
18 septembre 1899: vente du Jas de Bouffan par maître Mouravit à Aix.
Décembre 1899 : exposition Cezanne chez Vollard ( 40 œuvres exposées).
Eté 1900, Paris, Grand Palais exposition Centennale de l’art français de 1800 à 1899 : trois « Cezanne » exposés.
Novembre 1900 : Berlin, première exposition Cezanne chez Bruno et Paul Cassirer.
20 janvier- 20 février 1901 Paris, exposition de 36 peintures chez Vollard.
16 novembre 1901 : Cezanne achète un terrain à M. Bouquier sur la colline des Lauves pour y faire construire un atelier selon ses plans. L’atelier sera terminé fin 1902 : »La petite Marie a nettoyé mon atelier qui est terminé et où je m’installe peu à peu » (lettre de Cezanne à a nièce Paule Conil, 1er septembre 1902.
29 septembre 1902 : mort d’Émile Zola à Paris. Cezanne très affecté par cette disparition.
15 octobre-15 novembre 1904 : Paris, Salon d’automne : 31 œuvres de Cezanne sont exposées.
1905 : Londres, Grafton Galleries exposition organisée par Durand Rueil (315 oeuvres dont 10 « Cezanne »).
Octobre -18 novembre 1905 : Paris, Salon d’Automne (10 « Cezanne »).
Fin janvier 1906 : visite de Maurice Denis et Kerr Xavier Rousssel chez Cezanne à Aix.
13 avril 1906 : visite de Karl Ernst Osthaus à l’atelier des Lauves.
1906 : Paris, Salon d’automne ( 6 octobre -15 novembre) (10 « Cezanne »).
Après la vente du Jas de Bouffan en 1899, Cezanne loue un appartement en pleine ville, rue Boulegon. S’il pense un temps acheter Château-Noir, il renonce à ce projet pour construire un atelier à sa mesure sur la colline des Lauves. L’atelier est terminé en septembre 1902. Il punaisera sur les murs des reproductions des « Romains dela décadence » de Couture, d’ « Agard ans le désert » de Delacroix, de Daumier, de Forain, une photographie des « Bergers d’Arcadie »… C’est le temps des Grandes Baigneuses, des Portraits de Vallier, des Sainte-Victoire » vues de la colline des Lauves….
Été 1904 : Fontainebleau ?
Camoin, Francis Jourdain, Gaston Bernheim viennent voir Cezanne à Aix
été 1905 : Fontainebleau,
installation 8 rue de la Coudre.
« Hier j’ai eu le plaisir de recevoir l’envoi des toiles et couleurs que je vous ai commandées, mais j’attends avec impatience ma boîte que je vous avais prié de me faire raccommodera en y ajoutant une palette avec un trou suffisant pour y passer le pouce… »( Cezanne à un fournisseur, Fontainebleau le 6 juillet 1905)
1906
avril 1906 : Cezanne reçoit Ernst Osthaus (de Essen) à Aix en vue d’acheter deux tableaux :
« A la fin de la visite à l’atelier, le maître porta des chaises sur la terrasse devant la maison d’où l’on a une vue splendide sur la ville entourée de montagnes. Nous parlâmes longuement de la beauté du paysage et des racines qui relient son art à ce pays plein de soleil ».
Les dernières semaines de Cezanne à Aix sont difficiles. Le peintre, malade du diabète, supporte mal la grosse chaleur d l’été. Les lettres écrites à son fils traduisent cette souffrance, telle une marche au supplice :
* 14 août : « Il est deux heures après midi, je suis dans ma chambre ; reprise de la chaleur, elle est épouvantable. – J’attends quatre heures, la voiture viendra me prendre et me conduire à la rivière, au pont des Trois Sautets »
* 26 août : « Je vais tous les jours à la rivière en voiture. Il y fait assez bon mais mon état d’affaiblissement me nuit beaucoup ».
* 2 septembre : « Il est quatre heures, il ne fait pas d’air. Le temps est toujours étouffé, j’attends le moment où la voiture me conduira à la rivière. J’y passe quelques heures agréables. Il y a de grands arbres, ils forment la voûte au dessus de l’eau. Je vais au lieu dit le Gour de Martelly, sur le petit chemin des Milles qui conduit à Monbriant…
* 8 septembre : « Ici au bord de la rivière, les motifs se multiplient, le même sujet vu sous un angle différent offre un sujet d’étude du plus puissant intérêt, et si varié que je crois que je pourrais m’occuper pendant des mois sans changer de place en m’inclinant tantôt plus à droite, tantôt plus à gauche.
* 13 septembre : « Je t’ai écrit que je vais tous les jours en voiture au bord de la rivière. J’ai dû par suite de fatigue et de constipation, renoncer à monter à l’atelier… à trois heures et demie je suis parti, comme je te le dis plus haut pour les bords de l’Arc».
* 26 septembre : « Je vais toujours sur nature, au bord de l’Arc, remisant mon bagage chez un nommé Bossy qui m’a offert l’hospitalité pour mon bagage »
* 13 octobre : « Les bords de la rivière étant devenus un peu frais, je les ai abandonnés et suis monté au quartier de Beauregard où le chemin est montueux, très pittoresque mais très exposé au mistral ».
lundi 15 octobre 1906 après un été difficile, Cezanne part sur le motif. On veut que l’orage l’ait surpris alors qu’il peignait (le Cabanon Jourdan). On peut penser que le peintre a eu le temps de mettre à l’abri son œuvre,. Il tombe comateux sur le bord de la route « il est resté exposé à la pluie plusieurs heures » (lettre de Marie Cezanne à son neveu Paul, le 20 octobre). Un blanchisseur le trouve et le ramène mourant chez lui, rue Boulegon. Cezanne a encore la force le 16 octobre de monter à l’atelier des lauves et d’apporter une touche sur un des tableaux représentant le jardinier Vallier. Il rentre épuisé, se couche, ne se relève plus. Hortense et Paul (femme et fils du peintre), avertis de la gravité de la situation, arrivent de Paris le 23 octobre. Cezanne est mort dans la nuit du 22 au 23 octobre 1906.
Nuit du 22 au 23 octobre 1906 : mort de Cezanne à Aix-en-Provence, rue Boulegon.
Le peintre est enterré au cimetière Saint-Pierre d’Aix-en-Provence.
1907
1907 : Grand Palais Rétrospective d’œuvres de Cezanne (Salon d’automne du 1er au 22 octobre avec 54 œuvres ;
Lettres de Rilke sur Cezanne.