R333 – Sept pommes, 1877-1878 (FWN755)
Pavel Machotka
(Cliquer sur l’image pour l’agrandir)
Sept pommes est une autre des vingt petites études évoquées dans Sept pommes et tube de couleur ; elle repose sur la touche parallèle est semble traiter la question de l’organisation des fruits dans l’espace. Elle aligne ses pommes en un arc fuyant, non sans similitude avec celui que nous pouvons voir dans le Compotier et assiette de biscuits, mais elle ne les resserre pas autant et les range en commençant par celles aux .rouges chauds devant pour finir avec les vertes froides du fond ; il n’est donc pas improbable que Cézanne expérimentait les effets spatiaux de la touche et de cette progression de couleur. Mais en regardant de près, on verra qu’il étudiait aussi la transition d’une pomme à une autre : les lignes qui les distinguent sont généralement plus fines que celles qui les séparent de la table où les fruits sont posés, les rassemblant en une seule masse. Des contrastes de couleur apparaissent là où il a besoin d’une séparation (rouge contre vert ou jaune, par exemple), alors que des couleurs identiques sont présentes là où il a besoin que les pommes restent proches (vert contre vert). Quand, exceptionnellement, Cézanne utilise un contour fin entre une pomme et le plan, il change la couleur du plan en un vert qui évite une fusion trop complète. Le sujet de cette étude, c’est probablement la plus subtile question technique concernant le fonctionnement des pommes dans l’espace, étant donné toutes les variations de leur point d’intersection ; et le fruit de ces peines, si l’on veut bien me permettre ce jeu de mot affectueux, se verra très nettement dans les magnifiques natures mortes de sa dernière décennie. La touche sculpte les plans des pommes et définit la surface plate des ombres, mais sur le plan où elles sont posées, elle devient pure notation sténographique.
Source: Machotka, Cézanne: La Sensation à l’oeuvre.