Colloque « Cezanne, Jas de Bouffan — art et histoire », 21-22 septembre 2019

Soirée d’inauguration du Jas de Bouffan

Philippe Cezanne

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Ce soir est, je pense, un grand soir pour nous tous, et si j’osais, au nom de ma famille et de moi-même je vous dirais « Bienvenue chez les Cezanne ».

Car s’il est vrai que ce domaine a été créé par la famille Truphème et resté entre leurs mains durant plus d’un siècle. Que la famille Granel-Corsy  y a séjourné aussi pendant trois générations, Les quarante années de 1859 à 1899 où Paul Cezanne y a vécu, travaillé, réfléchis à son art, et, tout aussi important, son lieu de  refuge chaque fois qu’il se sentait attaqué ou vilipendé par les critiques ou le public, ont donné à ce domaine une autre dimension.

Après plus d’une décennie de sommeil, le Jas de Bouffan se réveille grâce à une rénovation complète de la bastide, du parc clos de 5 hectares, mais aussi des bâtiments de la ferme. Bientôt, il ouvrira ses portes aux nombreux visiteurs qui retrouverons une évocation du temps de Cezanne dans le Grand Salon avec les reproductions des peintures murales exécutées entre 1860 et 1870, des salles d’expositions au premier étage, son atelier au second et bien sur le parc qui fut pour lui un atelier de plein air

Dans la ferme devrait s’installer un Centre de recherches et d’informations Cezannien sous la houlette de la société Paul Cezanne et de son Président Denis Coutagne. Riche d’une bibliothèque possédant la presque totalité des ouvrages écrit sur l’artiste, d’une photothèque, de documents comme sa biographie au jour le jour mise au point par Alain Mothe, un de nos membres, les archives Marchutz, des contacts avec les principaux Musées Cezanniens : Musée d’Orsay, National Gallery de Washington qui possède les archives Rewald, La Fondation Barnes, L’Université Sapienza à Rome qui possède les archives Venturi et bien d’autres, riche aussi d’un important Site internet en relation avec le Catalogue raisonné de l’Œuvre du peintre. Tout ce matériel au service des chercheurs mais aussi des universitaires, lycéens ou collégiens ou de simples amateurs à la recherche d’informations, accompagnés par des spécialistes.

Car même si aujourd’hui il est possible de n’importe quel point de la terre, de trouver sur internet des informations sur sa vie et son œuvre, ici, à Aix en Provence, nous avons le privilège d’avoir conservé, grâce à la compréhension de plusieurs Maires, les principaux cites ou le peintre a posé son chevalet, a réfléchit, a créé son Œuvre.

Le Jas de Bouffan bien sur, mais aussi l’Atelier des Lauves, le site de la Marguerite ou il a peint ses dernières Sainte Victoire en haut de la colline des Lauves, Les carrières de Bibémus, La colline de Valcros et la Constance et bien d’autres lieux autour de la Sainte Victoire, dont certains sont encore entre des mains privées.

Cette atmosphère provençale, cette lumière, cette ambiance, l’air, le soleil, les lieux, tous ces éléments font que cet environnement est presque indispensable pour les chercheurs qui désirent enter dans l’intimité du peintre.

La protection de ces lieux Cezannien est d’autant plus importante que par le passé, dans les années 1950, plusieurs projets farfelus ont été évités grâce à l’intervention de certains Aixois mais aussi de la famille, mon père en particulier. Je vous en citerais deux.

Un Maire avait proposé d’installer la tombe du peintre en haut de Sainte Victoire dans une sorte de mausolée. Mon père avait alors répondu que Paul Cezanne était très heureux dans sa demeure actuelle et que si la municipalité avait de l’argent à dépenser elle ferait mieux d’acheter une œuvre de notre aïeul. Proposition classée malheureusement sans suite

Puis il y eu l’idée de transformer la charmante petite route du Tholonet, aujourd’hui appelée route Cezanne, afin de doubler la route Nationale. Heureusement, la encore une levée de bouclier eu lieu et mon père, tout comme André Masson, s’y investi jusqu’à son classement en 1959 par André Malraux.

Je souhaite maintenant que  pour faire prospérer ce capital et perdurer dans le temps ce que mon aïeul a apporté par sa notoriété aux Aixois, qu’une « Fondation Paul Cezanne » soit créée. Des premiers contacts avec des mécènes ont eu lieu et j’espère qu’elle pourra se mettre en œuvre d’ici l’année prochaine. Sous la protection de la Fondation de France, elle permettra de trouver des mécénats à l’étranger et donner à notre travail une aura plus grande dans le Monde.

Je terminerais en vous disant que sans Paul Cezanne cette belle bastide ne serait qu’une bastide provençale comme les autres, mais sans la famille Granel-Corsy et son humilité devant l’histoire de ce domaine, ces lieux n’existeraient peut être plus.