Chapitre IV

Cezanne à Saint-Maurice

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Nous avons vu Cezanne débarquant au ponton d’Alfort pour emprunter le chemin de halage de la rive gauche de la Marne. Imaginons-le maintenant débarquant au terminus de Charenton, sous le pont que l’on gagne par un escalier avant de se retrouver en pleine ville.

Fig. 163. Le débarquement à Charenton.

Fig. 164. Sur le pont (escalier vers les pontons au fond à gauche).

La rive droite de la Marne à Charenton et Saint-Maurice

Avant d’accompagner Cezanne dans ses promenades sur la rive droite, il est bon de se faire une idée précise de la configuration des lieux.

Fig. 165. Charenton – Saint-Maurice en 1865 (cliquer pour agrandir).

La géographie est structurée par les trois voies d’eau parallèles situées entre la Seine (A) et le coude de la Marne un peu en aval de l’île des Corbeaux (F) :

  • le cours principal de la Marne ;
  • au nord de la Marne le canal de Saint-Maurice destiné au trafic de marchandises, relié à l’est au canal souterrain de Saint-Maur vers Joinville et à l’ouest directement à la Seine (A). Le canal est situé plus haut que la Marne et son petit bras, grâce aux écluses présentes à ses deux extrémités ;
  • et au nord du canal lui-même le petit bras de la Marne, dérivé à l’est du cours principal près de l’île des Corbeaux (F) et rejoignant la Marne à l’ouest en amont du pont de Charenton après avoir passé, comme à son début, sous le canal Saint-Maurice (B) qui forme ainsi un pont-canal. Son eau actionnait autrefois les roues de deux moulins : le Moulin de la Chaussée (tout près de B) et le moulin Rouge (entre les tronçons D et E).

Au nord tout au long du petit bras, la Grande Rue de Saint-Maurice s’étire de Charenton à Gravelle. Elle est fortement urbanisée jusqu’au Moulin Rouge (section D de la Fig. 165).

Puis le parc de Gravelle prend le relais à partir du Moulin Rouge, avec sa colline et son belvédère qui offre une vue splendide sur la vallée de la Marne et au-delà (E).

Entre le canal et la Marne, c’est la rive droite de la rivière, qu’on appelle l’île Saint-Maurice par commodité (encore que cette bande de terre change de nom par endroits, conservant le nom des îles disparues qu’elle s’est agrégée). Elle s’étire tout au long de la Marne avec l’ancien chemin de halage (C). Son bord nord est relevé puisque le canal est situé plus haut que le cours de la Marne.

Puis, entre le canal et le petit bras de la Marne, on trouve une autre levée de terre étroite plantée d’arbres. « Le chemin de halage et les deux levées de terre qui longeaient le canal à l’ombre des hautes frondaisons des peupliers [mais aussi de platanes] jalonnant le parcours sont restés longtemps un lieu de promenade unique pour les “Mauritiens” (…), autres banlieusards et Parisiens à la recherche de dépaysement et de fraîcheur auprès des trois voies d’eau parallèles.(…) Ce triple dispositif étonnant était un vrai paradis pour les pêcheurs. Au retour de leurs promenades pédestres, et ce jusqu’au début des années 50, les amateurs de nature, et de baignade l’été, pouvaient déguster les moules-frites proposées par les derniers survivants d’une époque où les guinguettes existaient encore à deux pas du pont de Charenton… »[1]https://blog.kermorvan.fr/2019/02/24/a-la-recherche-du-canal-perdu/

La photo aérienne de 1921 permet de se faire une idée assez exacte de ce qu’était la végétation tout au long de ces trois voies d’eau.

Fig. 166. Vue aérienne (1921).

Tout au long de la rive droite, soit l’île Saint-Maurice (C), on ne trouve pas de constructions du temps de Cezanne ; la rive est protégée de la ville par le canal et offre aux citadins du dimanche quelques beaux endroits où pique-niquer. Après la prairie qui entoure le débouché du petit bras (B), elle est assez vite boisée et offre, vue de la rive gauche jusqu’à l’île des Corbeaux (F), de très beaux paysages encore sauvages.

Nous n’avons pu jusqu’à présent identifier avec certitude d’œuvres de Cezanne le long de ce parcours, pourtant fort pittoresque dès qu’on quitte la ville à Gravelle ou qu’on suive le chemin de halage face à l’île de Charentonneau jusqu’à l’île des Corbeaux. C’est seulement arrivé au bout de ces 2 kilomètres depuis le pont de Charenton d’une marche fort agréable à la belle saison que Cezanne se décide à dessiner et peindre – du moins les œuvres connues.

Le paysage de Charenton à Gravelle

En 1898, Charenton compte 6 190 habitants. La ville est en plein développement le long de la Seine quand Cezanne y débarque, et il ne va pas s’y attarder, ni peindre, comme l’a fait si souvent Guillaumin, son célèbre pont. Peut-être par curiosité est-il allé voir l’écluse qui termine le canal avant d’aboutir à la Seine (A), un lieu qui attire du monde le dimanche, avant de remonter le chemin planté d’arbres bordant le canal où officient les pêcheurs, ou encore le chemin de halage en contrebas du canal.

Fig. 167. La jonction du canal à la Seine.

Fig. 168. Les joutes sur la Seine au bord de l’écluse du canal.

Fig. 169. Armand Guillaumin, Coucher de soleil à Charenton. Vue prise à la sortie de l’écluse là où le canal rejoint la Seine.

Fig. 170. L’allée au bord du canal. Vue vers l’amont en direction de l’arche du pont de Charenton surplombant le canal. Charenton est à gauche. On aperçoit à droite le pont principal sur la Marne.

Au-delà du pont de Charenton commence la commune de Saint-Maurice, déjà une petite ville qui compte 4 913 habitants en 1898. Autrefois rattaché à Charenton, Saint-Maurice en est séparé administrativement depuis 1842. Après le pont, c’est pour ainsi dire une longue voie publique entre la lisière du parc de Vincennes et la Marne, au bord de laquelle s’élève l’Asile Impérial de Vincennes ainsi que la Maison Impériale de Charenton, consacrée au traitement des aliénés[2]Verlaine y fera trois brefs séjours en 1887 et 1890. Un temps prison d’État, le marquis de Sade y fut enfermé en 1804 et y mourut en 1814. Delacroix est né à Saint-Maurice le 26 avril 1798 et sa maison natale a été habitée par de nombreuses personnalités, comme Raoul Dufy qui a, lui aussi, peint les bords de la Marne..

Cezanne a dû éviter la rue principale (appelée la Grande Rue et qui se poursuit jusqu’à Joinville), sans intérêt pour lui, au profit des bords du canal ou bien, selon les endroits, des bords de Marne sur l’île Saint-Maurice (C) et son ancien chemin de halage.

Ainsi, un des lieux traditionnels de promenade tout proche du pont est la pelouse de Saint-Maurice qui borde le débouché du petit bras de la Marne après son passage sous le canal (A).

Fig. 171. Situation de la pelouse.

Fig.172. La pelouse vue d’Alfort.

Fig. 173. Dimanche sur la pelouse, avec vue sur le quai d’Alfort et la rue des deux Moulins à Maisons-Alfort. Visible derrière les grands arbres à gauche, le Moulin Neuf.

Mais contrairement à Guillaumin qui s’y installe pour peindre plusieurs toiles, il passe son chemin.

Une autre curiosité qui a pu l’arrêter est, non loin du pont-canal, le Moulin de la Chaussée sur le petit bras de la Marne, toujours en activité avec sa roue à aubes pendante que le meunier relevait ou descendait en fonction du niveau de l’eau[3]Roue remplacée par une roue fixe de plus grand diamètre en 1898. L’activité du moulin durera jusqu’en 1972 et le bâtiment a été sauvé in extremis lors de la construction de l’autoroute A4.. Cezanne apprécie les moulins (cf. ses peintures de jeunesse, et sur la Marne ses œuvres du Moulin Brûlé et du Moulin des Corbeaux), mais celui-ci est plutôt massif et offre peu d’intérêt pour le peintre.

Fig.174. Moulin de la Chaussée (aujourd’hui réhabilité) -Vue depuis l’aval.

A l’exemple de Guillaumin, il a pu ensuite emprunter le chemin surplombant le canal au sud, s’éloignant progressivement vers l’est.

Fig. 175. Armand Guillaumin, Maisons-Alfort, 1898, 65,2 x 80,7 cm.

La vue est prise à Saint-Maurice (et non Maisons-Alfort) depuis le chemin du bord sud du canal qui surplombe la pelouse (à gauche sous les arbres). On voit les arches du pont de Charenton au fond ainsi que sa prolongation par l’arche unique traversant le canal, lequel est donc tout à fait à droite du tableau[4]Ce tableau est récemment passé en salle des ventes intitulé de façon également erronée « La Seine à Charenton », et daté d’environ 1880, ce qui est plus vraisemblable ?.

Fig. 176. Le bloc de maisons du quai d’Alfortville représenté par Guillaumin à partir du chemin de halage.

Fig. 177. Armand Guillaumin, Les Rives de la Marne. Vue plus en amont de la vue de la figure 176 à partir du chemin de halage. A droite la ligne de peupliers du bord nord du canal (le chemin de la Fig. 176), à gauche la rive d’Alfort.

Fig. 178. Armand Guillaumin, Le chemin de halage à Charenton.

Fig. 179. Armand Guillaumin, La pointe d’Ivry, Atheneum (erreur de titre).

Fig. 180. Armand Guillaumin, Le chemin de halage à Charenton, Île-de-France, 46×55 cm, 1885.

Toutes ces vues sont prises vers l’aval, en avançant progressivement vers l’est.

Un point de vue particulièrement inspirant pour Guillaumin, comme on voit ; mais Cezanne ne s’y arrête pas : on est vraisemblablement encore trop proche de la ville à son goût. En revanche, en remontant le chemin de halage jusqu’en face de l’île d’Enfer, de l’île de Charentonneau et (entre ces deux îles) de la pelouse de Maisons-Alfort (voir chapitre III), toute trace d’urbanisation disparaît des berges. Le lieu[5]où s’installeront plus tard les établissements de la baignade de Saint-Maurice face à ceux de la pelouse de Maisons-Alfort, que Cezanne n’aura pas connus. Toute baignade dans la Marne est interdite depuis 1970 en raison des risques sanitaires dûs à la pollution de la rivière. devient enchanteur pour qui recherche des coins de nature préservés (fin du parcours D et début du parcours E).

Fig. 181. La Marne entre l’île d’Enfer et l’île Saint-Maurice : on quitte la ville restée au fond du décor.

Fig. 182. Le site de la baignade de Saint-Maurice vers 1900 face à la pelouse de Maisons-Alfort.

Fig. 183. La berge de l’île Saint-Maurice vue de l’amont de l’île de Charentonneau.

Le canal est derrière la rangée de grands platanes de gauche, qui forme tout au long un impressionnant écran de verdure.

Mais plutôt que de prendre le chemin de halage depuis la pelouse de Saint-Maurice, Cezanne aurait aussi pu emprunter les bords du canal, lieu de promenade également très fréquenté par les pêcheurs.

Fig. 184. La pêche au bord du canal (vue vers l’amont).

Il existe également un chemin praticable de l’autre côté du canal sur la levée de terre qui le sépare du petit bras de la Marne. Des coins fort pittoresques peuvent y être découverts jusqu’au Moulin Rouge, également en activité[6]Fondé vers l’an 1200 et utilisé jusqu’en 1965. Bâtiment aujourd’hui en perdition. – mais aussi peu intéressant pour le peintre que le Moulin de la Chaussée – après lequel on entre dans Gravelle.

Fig. 185. Le petit bras de la Marne. Vue vers l’aval et le Moulin de la Chaussée. La ville est à droite, le canal à gauche.

Fig. 186. Le petit bras de la Marne (idem).

Fig. 187. Le petit bras de la Marne. Vue vers l’amont et le Moulin Rouge. La ville est à gauche, le canal à droite.

Fig. 188. Charles Ransonnette, Saint-Maurice près Charenton, 9 octobre 1865. Vue vers l’amont et le Moulin Rouge.

Quoi qu’il en soit et quelle que soit la voie empruntée, sur tout ce parcours, Cezanne ne pose pas son chevalet. On est toujours trop près de la ville, dont le Moulin Rouge va marquer la sortie et ouvrir sur la nature moins humanisée de Gravelle (partie E).

En suivant la Grande Rue, où ne sont encore bâties ici que quelques maisons ou villas bourgeoises, Cezanne découvre à sa gauche la montée vers le plateau de Gravelle d’où on jouit d’une vue très dégagée sur la vallée de la Marne et le domaine de Charentonneau :

« Du haut du kiosque de Gravelle on jouit d’un panorama unique. Puisqu’en ce siècle positif, tout se résume par des chiffres, disons que la vue s’étend de l’ouest à l’est dans un espace de cinquante-deux kilomètres, du nord au sud dans un espace de quarante-huit kilomètres. Au premier plan est un escarpement abrupt auquel se suspendent pêle-mêle des jardins, des villas des chaumières, qui disparaîtront bientôt, car, afin de faciliter la montée, des rampes commodes vont être pratiquées depuis le plateau jusqu’à la Marne. Elle coule cent mètres plus bas, blanche & luisante comme un ruban de métal. Le territoire de toutes les communes qu’elle traverse, depuis Nogent jusqu’aux Carrières, se déroule au milieu de verdoyants massifs, de longues files de peupliers. Toutes les étapes du Tour de Marne se distinguent aisément du haut de cet observatoire. »[7]Émile de la Bédollière et Ildefonse Rousset, Le Bois de Vincennes, Paris 1866, p. 4.

Fig. 189. Plateau et kiosque de Gravelle, Ildefonse Rousset.

Fig. 190. Vue sur la Marne après le coude de Charentonneau. Au fond, Port-Créteil. Ildefonse Rousset.

Cezanne ne pouvait manquer de monter au célèbre kiosque, mais il n’en rapporte aucun croquis.

S’il devient difficile de suivre à partir de là le petit bras de la Marne qui se transforme en fouillis de verdure impénétrable par endroits, il a pu préférer emprunter le chemin de la rive gauche du canal, caractérisé par une magnifique double rangée de grands platanes, qui avait séduit Guillaumin (et qui, pour une fois, subsiste en partie) et servait de lieu de promenade. Ce canal était très fréquenté et offrait le spectacle de la traction des bateaux par des chevaux, aidés par les hommes si le courant devenait trop fort par moments (vers l’aval on avançait à 3,5 km/h et vers l’amont en fonction du courant entre 2,2 et 2,8 km/h). De nombreuses péniches de toutes tailles le sillonnaient en permanence.

Fig. 191. Le no man’s land du petit bras de la Marne à Gravelle.

Fig. 192. Le long du canal. La Marne est à gauche.

Fig. 193. Le halage le long du canal.

Fig. 194. Armand Guillaumin, Le Canal en hiver, 1895, pastel 30 x 23.

Il a pu également emprunter ou continuer à suivre le chemin de halage du bord de Marne jusqu’à l’île des Corbeaux.

Fig. 195. Armand Guillaumin, Bords de la Marne – Le coude de la Marne vu de l’île Rouge (dénomination actuelle de la partie de l’île Saint-Maurice située à l’extrémité de la flèche de droite issue de C sur la Fig.166).

Il pouvait aussi depuis le chemin de halage tenter de croquer la rive de Maisons-Alfort, comme sur ce dessin qui pourrait tout à fait représenter la guinguette Chez Emile (voir Chapitre 3).

Fig. 196. Paysage, 1888, mine de plomb sur papier, p. XLV du carnet BS III, 12.6 x 20.8 cm, Metropolitan Museum of Art, New York (FWN 3007-45a, verso de RW132).

Ici aussi, il pouvait trouver des paysages aptes à le contenter par leur caractère plus sauvage, comme on pouvait le voir depuis la rive opposée, et qu’on l’a montré au Chapitre 3 sur le chemin de Charentonneau à Créteil.

Fig. 197. En approchant l’île des Corbeaux, le long de la Marne sous le canal (à droite).

Fig. 198. Arbres, aquarelle sur papier, probablement p. XXXIV du carnet CP I, 11.7 x 19.3 cm, collection privée (FWN 3003-34a, RW356).

Cette vue  peut avoir été prise depuis Maisons-Alfort et représenter alors la rive de Saint-Maurice ou de l’île des Corbeaux.

Depuis Charenton jusqu’à Gravelle, on est donc passé très progressivement d’un paysage totalement urbain à une nature en partie libérée de la présence humaine si on se tient tout au bord de la Marne. Contrairement à Guillaumin, Cezanne n’a pas voulu utiliser les ressources pourtant abondantes et variées que ce parcours pouvait offrir à l’observateur attentif qu’il était. Mais maintenant, face à l’île des Corbeaux, il va enfin se décider à dessiner et peindre.

L’île des Corbeaux

Nichée dans le coude de la Marne, faisant face sur la rive droite à l’auberge Chez E1000  (cf. Chapitre 3) l’île des Corbeaux est inhabitée du temps de Cezanne[8]Il faut dire qu’elle est particulièrement vulnérable aux crues régulières de la rivière. Au XXe siècle, l’acteur français Jean-Paul Belmondo y vivait lorsqu’il était en couple avec l’actrice américaine Ursula Andress. Il a ensuite revendu la maison à Johnny Hallyday.. Elle est couverte de grands arbres qui se dressent comme une muraille impénétrable au bord de la Marne. Le petit bras qui l’entoure alimente un antique moulin, opportunément nommé le Moulin des Corbeaux.

« Nous nous reposons en avant d’un moulin pittoresque, dans une anse de l’Ile des Corbeaux. Ces oiseaux de sinistre augure ont dû jouer là un rôle important. Les champs de la rive gauche s’appellent plaquis des Corbeaux, & la rampe qui mène au kiosque du restaurateur Robert est connue sous le nom de montée des Corbeaux. Ce fut là que se déroulèrent les sanglantes péripéties d’un drame terrible dont les causes mystérieuses n’ont jamais été bien éclaircies. Le 29 avril 1303, plusieurs centaines de corbeaux s’assemblèrent & se ruèrent les uns contre les autres. Leurs légions formaient un noir rideau qui voilait le soleil ; leur sang tombait comme la pluie. Après une boucherie acharnée, les belligérants se séparèrent, laissant le champ de bataille jonché de cadavres. Tout extraordinaire qu’il paraisse, cet événement n’est pas unique. « Le 14 mai 1492, dit Henri Sauval dans son Histoire et recherches sur les antiquités de Paris, quatre ou cinq cents corbeaux se rassemblèrent au-dessus de Villejuif en poussant d’effroyables croassements & se battirent avec tant d’acharnement qu’un grand nombre tombèrent morts ou blessés[9]La Bédollière, op. cit.. » .

Fig. 199. L’ile des Corbeaux, vue aérienne, 1921.

Derrière l’île des Corbeaux, on voit que le coude du canal a créé un grand espace entre la Marne et les maisons de la Grande Rue [10]l’île de l’Hospice — en fait l’extrémité de l’île Saint-Maurice, soit la bande de terre continue qui sépare le canal du cours de la Marne depuis Charenton —, couverte d’arbres du temps de Cezanne, où l’on trouvait cependant une guinguette, « Chez Robert »..

Il faut donc venir jusqu’à l’île des Corbeaux pour que la ville se trouve significativement éloignée de la rivière, ce qui expliquerait pourquoi Cezanne finalement choisit ce lieu pour dessiner et peindre, d’autant plus que la végétation y est vierge de toute intervention humaine (différente en cela des grands alignements de platanes du canal) et particulièrement dense.

Fig. 200.  Vers l’aval depuis Maisons-Alfort – Pointe sud de l’île des Corbeaux. L’empierrage des rives et la passerelle métallique sont postérieurs à Cezanne.

Le Moulin des Corbeaux, dont la construction remonte à 1396 et fonctionnant toujours en 1904, se compose classiquement de trois corps de bâtiment. Celui qui enjambe le cours d’eau et prend appui sur l’île contient la grande roue et forme une galerie rectangulaire posée sur une charpente de madriers croisés.

Fig. 201. Moulin à farine dit « Moulin des Corbeaux », eau-forte d’Auguste Péquégnot (1819-1878), 1847. Vue du chenal amont vers l’aval (l’île est à gauche).

Fig. 202. Le moulin remanié au début du XXe siècle vu du chenal aval vers l’amont. Ici la porte de la grande roue est close, et la petite galerie de dérivation s’est transformée en arcade ; le terrain est largement défriché.

Du temps de Cezanne, les hautes frondaisons des deux rives rendent difficile la vue entière de la bâtisse dès qu’on s’en éloigne en amont ou en aval, comme le montrent ces photographies d’Ildefonse Rousset :

Fig. 203. Le Moulin des Corbeaux vu du chenal amont (l’île est à gauche), Ildefonse Rousset.

Fig. 204. Le Moulin des Corbeaux, vue prise d’un peu plus loin, Ildefonse Rousset.

Fig. 205. Le Moulin des Corbeaux, détail de la galerie de la grande roue, Ildefonse Rousset.

L’apparition du moulin au milieu de ce chenal étroit, entouré de grands arbres, a quelque chose de surprenant qui intéresse Cezanne. Il choisit de le dessiner, en se situant sur l’île au bord du chenal aval (point A sur la Fig. 207).

Fig. 206. Le Moulin des Corbeaux à Saint-Maurice, 1889-1892, p. XXVII verso du carnet CP III, 15.2 x 23.7 cm, National Gallery of Art, Washington (FWN 3015-27b, C1143).

Fig. 207. Position de Cezanne.

Le raccourcissement des deux bâtiments des extrémités, cachés par les grands arbres qui leur servent d’écrin, accentue le caractère un peu inattendu d’une telle construction dans cet environnement de nature vierge. Pas plus qu’à Charentonneau au Moulin Brûlé, Cezanne ne cherche à représenter la totalité du bâtiment. Au contraire, par ce cadrage il lui donne une forme élancée vers le haut qui ne correspond pas du tout à son aspect réel, une construction massive beaucoup plus large que haute comme on le voit Fig. 205. Le traitement du moulin n’est pas sans rappeler celui qu’il avait fait subir au Moulin Brûlé vu de l’île d’Enfer.

Cette même impulsion vers le haut se retrouve dans FWN 287, Eaux et feuillages : il est possible qu’il ait ici peint l’entrée ou la sortie du petit bras de l’île des Corbeaux.

Fig. 208. Eaux et feuillages, 1892-1893, huile sur toile, 75 x 63, collection privée (FWN 287, R728).

Si Cezanne a peint la sortie, il s’est tenu sur la rive droite de la Marne un peu en aval de l’île (Fig. 207, point B). S’il a plutôt peint l’entrée, pour avoir le recul nécessaire, Cezanne se serait tenu sur la rive opposée (Fig. 207, point C), ce qui signifie qu’il l’aurait peint lors de ses pérégrinations entre Charentonneau et Port-Créteil (cf. Chapitre 3). Dans les deux cas, la configuration des arbres de part et d’autre du petit bras est tout à fait conforme à ce qu’il a pu voir sur place, et le chenal interrompu au centre peut être interprété comme tournant à gauche ou à droite (selon qu’il s’agit de l’entrée ou de la sortie du petit bras) avant d’arriver au moulin.

Bien entendu, dès qu’un paysage peint ou photographié ne comporte que des éléments végétaux sans autre repère permettant de le localiser avec précision, comme par exemple un rocher, une construction humaine, une ligne d’horizon, parfois la forme très caractéristique d’un arbre ou d’un bouquet d’arbres (comme les rangées de peupliers du canal), il devient impossible d’identifier avec certitude le lieu exact où il se situe. C’est davantage une ambiance générale, compatible avec le paysage suggéré, ainsi que le traitement pictural cohérent avec les œuvres de la période considérée, qui peut justifier un rapprochement tel que celui que nous suggérons ici en donnant du sens à cette image.

Vers l’île des Saints Pères

Attiré par la réputation de la villa Schaken qui a donné son nom à tout le quartier occupant l’île des Saints-Pères, Cezanne s’y est rendu pour peindre deux aquarelles. L’île étant très proche de la gare de Saint-Maur, on peut supposer que Cezanne voulant s’y rendre le faisait plutôt à l’occasion d’une de ses excursions à Port-Créteil (cf. Chapitre V). Mais la proximité géographique de l’île avec celle des Corbeaux rend également possible, étant sur place, de s’y rendre à pied. Décrivons cet itinéraire, qui offrait l’occasion de voir les installations maritimes liées au canal.

Fig. 209. Le viaduc de Saint-Maur et l’île des Saints Pères en 1886.

Fig 210. Vue aérienne 1921.

Depuis l’île des Corbeaux(A), Cezanne rejoignait d’abord l’écluse de Gravelle (B et vue aérienne Fig. 210) marquant l’entrée dans la partie haute du canal de Saint-Maurice. Construite en 1877, cette écluse avait une hauteur de chute à l’étiage de 2,75 m qui en faisait une curiosité attirant beaucoup de monde. « Il était bien utile d’avoir une pendule indiquant l’heure exacte, car le passage aux écluses était très réglementé pour tous les canotiers qui, à la Belle Époque et avant, venaient faire le Tour de Marne. Ainsi, aux écluses de Gravelle et de Charenton, il était fait, les dimanches et jours de fête, six éclusées spécialement destinées au passage des petites embarcations. Quatre de ces éclusées avaient lieu le matin pour la remonte et deux autres le soir pour la descente[11]Michel Riousset, op.cit.. »

Fig. 211. L’écluse du canal de Saint-Maurice.

Fig. 212. Fernand Gueldry, L’éclusée, 1889 (Archives S.N. Marne) : la pratique de l’éclusage par les canotiers du dimanche.

Passant le pont de l’écluse pour rejoindre la Grande Rue à nouveau entourée de maisons et d’usines, Cezanne pouvait également visiter la curiosité que représentait l’entrée du canal souterrain (C) d’un petit kilomètre permettant de rejoindre directement la Marne à Joinville.  Les péniches marchandes économisaient ainsi une journée de navigation laborieuse et dangereuse parmi les hauts fonds d’une Marne au cours encore capricieux et aléatoire, mais les canotiers pouvaient également l’emprunter.

Fig. 213. L’entrée du tunnel.

Fig. 214. Le canal Saint-Maur entre l’écluse vers la Marne et l’entrée souterraine, Ildefonse Rousset.

Passant par-dessus la voûte, Cezanne ne devait cependant pas s’attarder dans ce coin fortement urbanisé, avec des usines de part et d’autre du canal de Saint-Maur, et poursuivre son chemin sur la Grande Rue jusqu’à son entrée dans Joinville-le-Pont et tout de suite après dans Saint-Maur. Devenant la rue du Canal, elle passait immédiatement sous le célèbre viaduc de chemin de fer de Saint-Maur (D), construit en 1856, qui dominait le quartier de l’île des Saints-Pères[12]anciennement île Saint-Père, orthographe abrégée pour saint Pierre, patron de l’abbaye de Saint-Maur à qui appartenaient autrefois toutes les îles.

Fig. 215. L’entrée dans Saint-Maur – Le viaduc et la Villa Schaken.

Fig. 216. Traversée de la Villa Schaken par le viaduc de Saint-Maur.

Fig. 217. L’isle St Pere au XVIIIe siècle.

Le nom de quartier Schaken ou villa Schaken donné à cette île (du moins à ce qui en restait après creusement des canaux : elle s’étendait autrefois jusqu’au nord de l’île des Corbeaux et faisait partie du hameau de Port-Créteil) renvoie à Pierre Schaken, ingénieur flamand fondateur de la compagnie Fives-Lille. Celui-ci s’est constitué en 1851 un domaine de 25 hectares, le plus grand de tout Saint-Maur (voir ses limites en marron Fig. 210) :

« Un Belge, M. Schaken, entrepreneur de chemins de fer, s’est fait dans cette île, en y réunissant plusieurs parties du sol continental, une ravissante retraite. Le château participe à la fois du style de Louis XIII et de celui de la Renaissance. Construit en 1852, les décors intérieurs des salons de ce petit château disparu en 1970 [le décor avait été pillé pendant la guerre en 1870, il était divisé en appartements, et paraissait très ruiné], 100 ans après la mort de Schaken, était d’un luxe inouï, aussi riche que celui de l’hôtel de la Païva sur les Champs-Élysées, réalisé par le même architecte [Pierre Manguin] peu après. On connaît bien ce décor jugé comme exemplaire du style Napoléon III car il a été publié dans la principale revue d’architecture du XIXe siècle. Pierre Manguin fut architecte des Monuments historiques. Favorisé par Napoléon III puis spécialisé dans l’aménagement d’hôtels particuliers pour une clientèle richissime, il dessinait tous les détails lui-même[13]Pierre Gillon, Petite histoire de Port-Créteil et du quartier Schaken, conférence donnée le 9 mai 2020 pour la Société d’histoire et d’archéologie de Saint-Maur-des-Fossés. »

Fig. 218. Le château Schaken.

Fig. 219, Albert Capaul, Saint-Maur, château Schaken, aquarelle (Archives départementales du Val-de-Marne).

« La façade est flanquée de tourelles à pans coupés ; une gracieuse galerie embellit la toiture. Dans le parc, dont les massifs et les pelouses ont été distribués avec une rare intelligence, passe un viaduc qui n’en est pas le moins remarquable ornement.

Le moine Planude, dans la Vie d’Esope, raconte que ce fabuliste avait imaginé un moyen de construire en l’air, en faisant enlever de jeunes maçons par des. aigles. Qui le croirait ? ce viaduc, dont la longueur est de trois cent quatre-vingt-un mètres, a été bâti par un procédé analogue. La Compagnie de l’Est, comme l’aigle d’Esope, a trouvé le moyen d’enlever ses maçons dans les airs, et l’on pourrait croire que le viaduc a été descendu tout achevé et posé sur la place qu’il occupe, tant les jardins et les propriétés qu’il traverse ont été respectés. Les arbres eux-mêmes de la grand’route sont restés en place et entrelacent leurs rameaux au-dessus du viaduc,

La Compagnie n’avait pas voulu troubler dans leurs possessions de paisibles propriétaires sur le domaine desquels il lui suffisait de jeter un pont. Aussi n’acheta-t-elle que le terrain strictement indispensable. Il fut entouré de palissades. Des wagons, portés sur un chemin de fer aérien, envoyaient aux ouvriers renfermés entre ces clôtures de bois des matériaux qui semblaient tomber du ciel. Une fois l’opération achevée, les palissades retirées ont rendu aux propriétaires la jouissance du sol au-dessus duquel se dessinent les voûtes gracieuses des arches. Un printemps a suffi pour faire pousser au travers des pelouses et surgir du milieu des massifs les élégantes piles qui ont ajouté aux charmes de ces jardins la possession d’une œuvre d’art fort remarquable.

Voilà les prodiges que savent accomplir nos ingénieurs ; l’école des ponts et chaussées a hérité de la baguette des fées.

Le viaduc de Saint-Maurice a une hauteur de douze mètres, et chacune de ses trente-huit arches a sept mètres quatre-vingt-cinq d’ouverture[14]la Bédollière, op. cit.. »

Fig. 220. Le viaduc et le parc Schaken vers 1920 : la propriété a été lotie et le parc a disparu.

Fig. 221. Albert Capaul, Pont de chemin de fer à Saint-Maur, 3 mai 1883, aquarelle (Archives départementales du Val-de-Marne).

Quand Pierre Schaken meurt, sa fille hérite. Elle ne détruit pas le château, comme cela se produit souvent dans la région pour faciliter le découpage en parcelles. Mais elle vend le parc dans les années 1880-1890 en 123 lots. Sept rues sont créées à cet effet. Lentement, le quartier devient davantage populaire et ouvrier que bourgeois, avec de petites maisons, et dans la seule rue Joffrin, on ne comptera pas moins de 7 bistrots vers 1900… Le château sera démoli en 1970 au profil d’une résidence HLM.

Quand Cezanne visite ce quartier, la majorité des parcelles n’est pas encore bâtie et le paysage reste essentiellement agreste, avec de beaux arbres toujours présents. Le petit bras court encore entre les nouvelles parcelles, souvenir du jardin à l’anglaise qu’avait voulu Pierre Schaken.

Fig. 222. Le viaduc et le petit bras dans la villa Schaken.

Avec le viaduc d’Aix dans un coin de sa mémoire, Cezanne trouve du charme à ce paysage et décide d’en tirer deux aquarelles. Il choisit pour cela une maison située au bord du petit bras de l’île pour bénéficier de son reflet dans l’eau, avec l’évocation du viaduc en arrière-fond.

Fig. 223. Villa au bord de l’eau II, vers 1888, mine de plomb et aquarelle sur papier, 31.4 x 47.2 cm, Esther Grether Familiensammlung, Basel, (FWN 1424, RW540).

Fig. 224. Villa au bord de l’eau I, vers 1888, mine de plomb et aquarelle sur papier, 29 x 41 cm,
collection privée, Sacramento (FWN 1242, RW410).

Cette maison ne pouvait se trouver que le long du bras principal, dit bras de Gravelle-Saint-Pères, qui entourait originellement l’île Ronde ou île de Porte (G sur la Fig. 209), mais dont la partie nord avait été comblée dès 1863 ; et le bras de l’île Rose avait disparu entre 1864 et 1872 par rattachement de celle-ci au domaine.

Su le plan Communal de 1894-1900 (Fig. 225), seules deux maisons apparaissent en position favorable. Les maisons actuelles qui les remplacent n’ont pas la forme requise. Par ailleurs, on ne peut qu’accorder une confiance limitée à ce plan, comme à tous les autres d’ailleurs, dès qu’il s’agit d’indiquer la forme et l’emplacement des constructions. Il se peut donc qu’au moment où Cezanne passait là, d’autres maisons auraient pu l’inspirer pour ses deux aquarelles. Sur les cartes postales anciennes à notre disposition, nous n’avons pu en trouver une qui convienne, et aucune des maisons actuellement implantées sur la Villa Schaken ne possède les caractéristiques requises.

Fig. 225. Positions possibles de la maison représentée par Cezanne.

En fonction de la position de la maison qu’il a représentée, Cezanne pouvait commodément se situer sur l’une des nouvelles rues du domaine.

Une autre solution serait qu’il s’agisse d’une maison en bord de Marne, le viaduc se détachant sur le fond, représentée depuis le chemin de halage de Maisons-Alfort, auquel cas le plan nous donne le choix entre 4 constructions. Mais aucune des constructions modernes situées à ces emplacements ne convient.

Espérons que la découverte de nouvelles cartes postales ou photos anciennes fasse apparaître cette maison, bien que ceci ne soit pas strictement indispensable ici pour ressentir la volonté de Cezanne de s’en tenir à une évocation minimaliste du lieu, comme s’il s’agissait une fois encore d’éviter d’en rendre la matérialité plus triviale, celle d’une maison désormais inscrite dans un lotissement en cours d’urbanisation.

En complément de ces deux aquarelles, et comme pour insister sur le caractère du lieu encore dominé par la végétation, Cezanne a également dessiné un coin de verdure au verso de la seconde aquarelle, très vraisemblablement pris au bord du petit bras.

Fig. 226. Feuillages se reflétant dans l’eau, vers 1888, mine de plomb sur papier, 29 x 41 cm, collection privée, Sacramento (FWN 1243).

On peut également rattacher aux deux aquarelles précédentes une autre aquarelle au thème et à la technique identiques, notamment dans l’usage des réserves (Fig. 227). Le climat de cette œuvre semble tout à fait le même. En tout cas le sujet traité est parfaitement compatible avec ce que Cezanne pouvait voir à la villa Schaken, avec l’arbre du premier plan qu’on peut éventuellement imaginer au bord du petit bras et son fouillis de verdure, la maison de l’autre côté appuyée sur d’autres constructions dont à gauche ce qui pourrait être une esquisse d’une arche du viaduc interrompue par le dessin d’une toiture (celle du chalet de l’île Ronde ?). Cependant la figure formée reste peu claire.

Fig. 227 Arbre et maison 85-90, mine de plomb et aquarelle sur papier, 47 x31 cm, Galerie Nationale du Canada, Ottawa (FWN 1185, RW264).

Au total, au terme de ce second parcours de Charenton à Saint-Maurice, la moisson est plutôt maigre : au mieux 1 toile, 4 aquarelles et 3 dessins, là où au contraire Guillaumin a multiplié les peintures de paysages. Il est certain que les occasions de peindre de beaux motifs ne faisaient pourtant pas défaut. Mais on a pu constater que tout au long du parcours, la ville n’était jamais très loin ; et le canal, lieu par excellence de l’activité humaine intense dans cette région, toujours dominant. Ce n’était manifestement pas ce genre de paysage, si intéressant et pittoresque soit-il, que la sensibilité de Cezanne désirait rencontrer quand il s’est rendu au bord de la Marne. Et finalement, c’est à Port-Créteil qu’il va trouver les lieux les plus inspirants pour lui.

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Références

Références
1 https://blog.kermorvan.fr/2019/02/24/a-la-recherche-du-canal-perdu/
2 Verlaine y fera trois brefs séjours en 1887 et 1890. Un temps prison d’État, le marquis de Sade y fut enfermé en 1804 et y mourut en 1814. Delacroix est né à Saint-Maurice le 26 avril 1798 et sa maison natale a été habitée par de nombreuses personnalités, comme Raoul Dufy qui a, lui aussi, peint les bords de la Marne.
3 Roue remplacée par une roue fixe de plus grand diamètre en 1898. L’activité du moulin durera jusqu’en 1972 et le bâtiment a été sauvé in extremis lors de la construction de l’autoroute A4.
4 Ce tableau est récemment passé en salle des ventes intitulé de façon également erronée « La Seine à Charenton », et daté d’environ 1880, ce qui est plus vraisemblable ?
5 où s’installeront plus tard les établissements de la baignade de Saint-Maurice face à ceux de la pelouse de Maisons-Alfort, que Cezanne n’aura pas connus. Toute baignade dans la Marne est interdite depuis 1970 en raison des risques sanitaires dûs à la pollution de la rivière.
6 Fondé vers l’an 1200 et utilisé jusqu’en 1965. Bâtiment aujourd’hui en perdition.
7 Émile de la Bédollière et Ildefonse Rousset, Le Bois de Vincennes, Paris 1866, p. 4.
8 Il faut dire qu’elle est particulièrement vulnérable aux crues régulières de la rivière. Au XXe siècle, l’acteur français Jean-Paul Belmondo y vivait lorsqu’il était en couple avec l’actrice américaine Ursula Andress. Il a ensuite revendu la maison à Johnny Hallyday.
9 La Bédollière, op. cit.
10 l’île de l’Hospice — en fait l’extrémité de l’île Saint-Maurice, soit la bande de terre continue qui sépare le canal du cours de la Marne depuis Charenton —, couverte d’arbres du temps de Cezanne, où l’on trouvait cependant une guinguette, « Chez Robert ».
11 Michel Riousset, op.cit.
12 anciennement île Saint-Père, orthographe abrégée pour saint Pierre, patron de l’abbaye de Saint-Maur à qui appartenaient autrefois toutes les îles
13 Pierre Gillon, Petite histoire de Port-Créteil et du quartier Schaken, conférence donnée le 9 mai 2020 pour la Société d’histoire et d’archéologie de Saint-Maur-des-Fossés
14 la Bédollière, op. cit.